Photo : Sahel La refonte du système de l'enseignement supérieur opérée par le département de Harraoubia avec l'introduction et la généralisation du LMD, n'a pas porté ses fruits. C'est en tout cas le constat unanime dressé par une grande partie des experts du secteur universitaire. Malheureusement, le LMD n'a pu empêcher l'université algérienne de traverser aujourd'hui l‘une des crises majeures de sa courte existence. De flambeau et d'antre du savoir, elle se clochardise d'année en année et devient au fil du temps une immense crèche pour adultes où les enseignants sont chargés d'assurer le gardiennage de futurs chômeurs de luxe. Certes, la réforme LMD a des bonnes intentions et s'est fixé des objectifs louables. Mais, l'ensemble des chercheurs et des professeurs sont montés au créneau pour mettre en exergue le décalage existant entre le voulu et le réalisable. Car les réalisations de cette réforme depuis son application sont bel et bien mineures. En réalité, rien n'a changé avec la nouvelle architecture du LMD. Si auparavant, le système d'orientation des étudiants était centralisé et conduisait à des parcours de formation tubulaires, aujourd'hui encore ce système garde toujours ses tares et ses dysfonctionnements. La déperdition estudiantine n'a jamais baissé et le taux d'échec et d'abandon d'études demeure encore important. Même le système d'évaluation peine à évoluer et reste lourd et pénalisant. D'autant plus que le temps pédagogique du LMD est d'à peine 6 semaines d'enseignement et même 3 dans certaines filières. « Lorsqu'on n'arrive pas à former des enseignants de français ou des psychologues en quatre ans, comment peut-on parler de qualification en diminuant la formation d'une année ? » lancent à leur tutelle de nombreux universitaires. Cette interrogation est d'autant plus pertinente si on sait que notre université manque cruellement d'encadrement. A titre d'exemple, dans les filières des sciences juridiques, administratives et politiques, il y 1 enseignant pour 83 étudiants. Dans les langues étrangères et interprétariat, le ratio est d'un enseignant pour 51 étudiants. Il faut savoir que la norme internationale est de 1 enseignant pour 15 étudiants, alors que chez nous elle se situe, toutes filières confondues, entre 1 enseignant pour 28 étudiants et quelquefois plus. Pour d'autres universitaires, la réforme du LMD, telle qu'elle a été engagée, a approfondi davantage les dysfonctionnements de l'université algérienne. Et pour cause, elle débarque à un moment où l'université est dans la situation la plus précarisée qui soit. Une précarité suscitée par une «massification non contrôlée et une paupérisation des populations étudiantes généralisée », relèvent de nombreux observateurs du secteur universitaire. Réduit dès lors à des procédures techniques censées améliorer les choses dans un contexte de mise à niveau de l'université algérienne, le LMD a été, en réalité, détourné de sa vocation initiale.