Les prémices de changements climatiques s'observent ici et là à travers le monde. Ils se manifestent généralement par des inondations catastrophiques et des sécheresses récurrentes. «Les exemples sont nombreux et ils ne sauraient être ignorés. D'autant que des études ont confirmé que la terre va connaître à l'horizon 2025 de profonds changements climatiques. Ce qui nous pousse à nous y préparer dès maintenant au lieu d'afficher une position d'attentisme car l'Algérie est concernée», tel est le point de vue de Mustapha Kara, expert consultant dans les questions climatiques auprès du ministère de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire et du Tourisme, invité hier du Forum d'El Moudjahid pour animer un débat sur le thème des changements climatiques. Il s'est dit inquiet quant aux retombées des changements climatiques si, d'ici cette échéance, l'Algérie ne se préparait pas, se référant, pour convaincre l'assistance, aux dernières catastrophes naturelles. «Les inondations de Bab El Oued, de Ghardaïa, d'Adrar et d'autres contrées sont la preuve de bouleversements climatiques. Des pluies intenses ont eu comme effet des crues d'une ampleur inimaginable et dévastatrices», a lancé Mustapha Kara. «Il y a urgence : les évaporations attendues vont provoquer des sécheresses aux lourdes conséquences sur le plan de la production animale et végétale au moment où la demande alimentaire sera encore élevée. En 2025, notre cheptel ovin devra atteindre les 40 000 000 de têtes et celui bovin les 20 000 pour arriver à satisfaire la demande de consommation nationale, mais notre steppe et nos superficies fourragères seront-elles suffisantes pour assurer leur alimentation quand on sait que nous allons vers de longues périodes de sécheresse», a-t-il ajouté. Autre phénomène qui pourrait surgir : celui de l'immigration climatique. Selon lui, en 2025, le nombre d'habitants dans les pays du Sahel augmentera considérablement et les terres arables seront en proie à la désertification : «Il faut s'attendre donc à des flux migratoires en direction de l'Afrique du Nord. Nous avons aujourd'hui une petite idée sur la chose puisque, depuis quelques années, nos frontières du Sud servent de passage à des centaines de personnes fuyant la misère et espérant rejoindre l'Europe en faisant une halte chez nous.» Au chapitre de la sécurité alimentaire, il a préconisé de revoir ou de repenser les programmes de développement agricole et industriel en fonction de la nouvelle donne climatique. Pour ce faire, «la priorité doit être donnée à la mise en place d'une nouvelle politique économique. Nous devons nous prémunir cotre toute éventualité issue d'un changement climatique. Nos ressources en eau doivent donc faire l'objet d'une meilleure gestion ; il en est de même de nos ressources énergétiques», a-t-il soutenu. Lors des débats, un intervenant a tenu à souligner que les ressources énergétiques algériennes vont s'amenuiser alors que la consommation va dédoubler : «Le délestage obligé, observé l'été dernier, risque de revenir de manière plus sévère et plus longue.» Comme solution, il défend l'idée de revoir les systèmes de construction notamment sur le plan architectural et d'utiliser des matériaux plus adaptés aux conditions climatiques, ce qui permettrait une réduction de la consommation énergétique. Au terme de ce débat, la perspective de se préoccuper en permanence de l'économie d'énergie a fait l'unanimité. Z. A.