A l'issue de la réunion tenue par son bureau national, hier, le Bureau national de la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (Fngmp) a publié un communiqué dans lequel il «réitère sa décision de ne pas participer aux travaux de la Fondation de l'Islam de France et de son conseil d'orientation». A l'issue de la réunion tenue par son bureau national, hier, le Bureau national de la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (Fngmp) a publié un communiqué dans lequel il «réitère sa décision de ne pas participer aux travaux de la Fondation de l'Islam de France et de son conseil d'orientation». «La Fngmp dénonce de nouveau toute forme d'ingérence directive dans la gestion du culte musulman et de sa représentation. Elle regrette que le montage hétéroclite de cette fondation n'ait pas fait l'objet d'une concertation avec les musulmans de France», ajoute le communiqué qui ne joue pas dans la demi-mesure avec un ton éloigné de la langue de bois qui exprime un véritable divorce entre la toute nouvelle institution que dirige Jean-Pierre Chevènement et le plus ancien et le plus illustre lieu du culte musulman en France et ses représentants dans toutes les régions du pays. Les griefs de la Fngmp à l'encontre de la Fondation sont encore plus lourds à la lecture de la suite du communiqué qui a été présenté au cours d'une conférence de presse donné hier après-midi. En effet, le texte ajoute : «Si le Recteur Dalil Boubekeur a bien été pressenti l'an dernier pour la présidence du Conseil d'orientation de cette fondation, la Fngmp relève qu'il a été totalement marginalisé dans l'élaboration et la composition déséquilibrée de celui-ci malgré l'accueil favorable fait à M. Jean Pierre Chevènement par la Grande Mosquée de Paris et sa Fédération.» Expliquant les raisons qui ont amené la Fngmp à prendre une décision aussi grave qu'importante, Dalil Boubakeur a insisté sur deux éléments. Le premier est que la Mosquée de Paris a été «black-outée» par la direction de la Fondation de l'Islam et l'administration. Il a souligné qu'après avoir eu la proposition d'être le président du conseil d'orientation, il a été mis dans «l'ignorance totale», donc pas associé à la formation de la composition des membres de ce conseil. Ce n'est que tout dernièrement qu'il a appris qu'ils sont une trentaine, dont la moitié représentant l'administration et qu'il a aussi été nommé, mais que la fonction de président est élective ! «Le black-out étonnant est sur la création de toutes les instances de la fondation», a précisé Boubakeur. Le second élément est la conviction du Recteur de la Mosquée de Paris qu'il y a une volonté de «mise sous tutelle» de l'Islam. Outre la nomination d'un non musulman à la tête de la Fondation, il a relevé le poids donné à l'administration par rapport à celui prévu pour les représentants des musulmans et l'injonction de l'Etat dans les affaires propres à une religion, comme intervenir sur l'usage des fonds de la Zakat ou de la viande Halal. «Peut-on imaginer l'Etat se mêler des finances des catholiques ou du kacher à la place du rabbin ?», s'est-il interrogé. Pour M. Boubakeur, il y a de la part de l'Etat français un non-respect de la laïcité qui lui interdit de s'ingérer dans la gestion interne des religions. Dans ce climat qui s'apparente à une crise de la toute jeune Fondation de l'islam de France, le bureau national de la Fngmp a tenu à faire savoir qu'il est pour la concertation. «Ma proposition ? Une concertation. Nous avons des choses à dire. Nous avons des idées. Nous avons une riche expérience», a conclu celui qui est le Recteur de la Grande Mosquée de Paris depuis 25 ans. M. M.