La personnalité la plus connue de l'islam en France a bénéficié de l'appui du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. Le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a été élu président du Conseil français du culte musulman (Cfcm) par le conseil d'administration, réuni, hier, dans la capitale française. Cette élection survient au lendemain de l'assemblée générale constitutive de la nouvelle instance représentative de la religion musulmane. Le bureau du Cfcm compte 17 membres, représentant toutes les composantes du culte musulman. En outre, Dalil Boubakeur sera assisté de MM. Mohamed Béchari, président de la Fédération nationale des musulmans de France, et Fouad Alaoui, secrétaire général de l'Union des organisation islamiques de France, les deux vice-présidents. Deux autres personnalités, Soheïb Bencheikh et Dounia Bouzar, y siègent. L'assemblée générale et le Conseil d'administration du Cfcm avaient été élus par les délégués des mosquées les 6 et 13 avril dernier. La constitution du Cfcm a été le fruit d'une concertation de plus de trois ans, initiée par les autorités françaises, afin de résorber le bouillonnement de la communauté musulmane, forte de 8 millions d'adeptes, et deuxième religion dans l'Hexagone. A la tête de la mosquée de Paris, la plus ancienne institution de France, depuis 1992, Dalil Boubakeur a été un interlocuteur incontournable des pouvoirs publics français. Son père, Hamza Boubakeur, avait dirigé avant lui la mosquée de Paris (1957-1982), bâtie après la Seconde Guerre mondiale en hommage aux combattants musulmans. Dès lors, la mosquée de Paris a été contrôlée par l'Algérie, dont les ressortissants émigrés ou intégrés dans l'administration française, représente la plus importante communauté en France. Grand admirateur de Chirac, Dalil Boubaker, passe pour un «libéral» et un homme du «juste milieu», comme il aime à se définir lui-même. Conciliateur et un rien démocrate, il représente pour les autorités françaises un interlocuteur privilégié, au moment où l'islamisme radical menace d'engloutir les jeunes beurs des périphéries pauvres des régions parisienne, lyonnaise et marseillaise. Il faut noter que l'élection de Boubakeur à la tête du Cfcm est une victoire pour Sarkozy, qui lui a donné un appui sans faille. La représentation de l'Islam en France est une vieille passion politique française, De Joxe à Chevènement, en passant par Pasqua et Vaillant, tous les minis- tres français de l'Intérieur ont voulu marquer leur passé et gérer à leur façon le magma islamique en France, mais souvent l'échec a été le constat de chacun d'eux dans ce domaine précis. Dalil Boubakeur, s'il bénéficie de cet appui inestimable, peut être relativement gêné par le fait que l'Algérie se (re)trouve minoritaire dans l'assemblée générale qui l'a élu. Premier pays de par le nombre de ces citoyens en France, l'Algérie a - une fois de plus - négocié de manière lamentable sa présence cultuelle dans l'Hexagone.