Le chef de l'Etat a saisi l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse pour livrer quelques recommandations à cette corporation qui, manifestement, est née en Algérie sous le signe de la résistance. «Dans l'Algérie d'aujourd'hui qui dispose de quelque deux cents journaux et plusieurs chaînes de télévision, nous ne devons guère oublier ce qui était attendu des professionnels des médias, peu nombreux, après le départ du colonisateur […], comme efforts et sacrifices durant les premières années de l'indépendance, en matière de transmission de l'information et de mobilisation des volontés à travers notre vaste pays», écrit M. Bouteflika dans son message. Dans l'Algérie fraîchement libérée, les journalistes tenteront de glisser par la marge pour contourner subrepticement le discours et la pensée uniques. Dans l'Algérie ensanglantée par le terrorisme, la presse fera encore de la résistance en y laissant nombre de journalistes lâchement assassinés par les terroristes et auxquels le Président rendra hommage aux premières lignes de son message, se recueillant à leur mémoire. «Aujourd'hui, l'Algérie est en droit d'être fière des étapes franchies en matière d'information et de liberté d'expression. Un parcours jalonné de sorties annuelles de promotions successives dans différentes spécialités médiatiques et de l'élaboration de textes consacrant la liberté d'expression et les droits des journalistes et des citoyens à une information professionnelle. La Constitution amendée et approuvée l'année dernière n'en est que la meilleure illustration outre l'amendement du code pénal à travers la dépénalisation du délit de presse», note M. Bouteflika. Dans son analyse, le Président répartira également tâches et responsabilités affirmant que «la responsabilité de hisser le journalisme à des niveaux supérieurs de professionnalisme n'incombe pas à l'Etat seul, et partant, les établissements publics et privés supervisant directement le travail des journalistes doivent leur offrir un climat propice loin de toute pression et œuvrer au respect de toutes les lois régissant et régulant la profession». Et s'il affirme que l'Algérie peut s'enorgueillir d'avoir une presse libre, le Président recommande de ne pas dormir sur ses lauriers, car «le chemin que nous avons franchi en matière de liberté de presse, quand bien même nous en sommes fiers, ne doit pas nous détourner de la nécessité de poursuivre les efforts pour acquérir davantage d'expérience que seuls l'exercice et la connaissance incommensurable peuvent garantir». «Nos acquis exigent encore davantage de maturité et les conditions de travail de la corporation nécessitent davantage d'amélioration en termes de droits sociaux, consacrés par la loi.» Quant à la mission de la corporation, le chef de l'Etat insiste sur son étendue et son poids. «Le rôle des médias ne se limite pas à la diffusion de l'information, mais va bien au-delà car ce sont eux qui façonnent l'opinion publique en toute responsabilité et dévouement et contribuent à la vulgarisation du civisme et de la citoyenneté. La presse algérienne doit s'ouvrir davantage et se hisser pour être de plus en plus une presse citoyenne», écrit M. Bouteflika, précisant que la différence d'opinions, obédiences ou orientations politiques des journalistes ne doit aucunement interférer avec leur responsabilité de livrer à leurs lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs une information vraie, objective et impartiale. «Politiquement, vous avez pleinement le droit d'être dans le rang de la majorité ou de l'opposition, un droit légitime explicitement consacré par la Constitution. Ce droit est le fruit de notre combat pour l'indépendance et notre effort pour bâtir une démocratie plurielle. A la lumière de cette diversité d'opinions et d'idées, qui est aussi la caractéristique des titres et sources d'information dans notre pays, je fais appel à votre nationalisme pour mettre vos compétences et votre professionnalisme au service d'une information utile à votre peuple et à votre pays», recommande le chef de l'Etat. «En cette journée mémorable, Journée mondiale de la liberté de la presse, je vous exhorte particulièrement au respect des principes, valeurs et règles de votre profession qui demeure, en dépit des difficultés, une profession noble de par son attachement à faire connaître la vérité et à la transmettre loyalement pour être, comme j'en suis convaincu, à la hauteur de la confiance de votre peuple», écrit M. Bouteflika pour clore son message à l'adresse des journalistes. H. G.