L'Algérie s'oriente résolument vers la diversification de son économie pour sortir à jamais de la dépendance des hydrocarbures. La brusque chute des cours de brut, à partir de l'été 2014, a été, en quelque sorte, une bénédiction, en ce sens qu'elle a incité le gouvernement à revoir ses plans pour aller vite de l'avant, et dans la bonne direction. Cet électrochoc a également éveillé les Algériens qui se sont pareillement rendu compte de cet handicap, longtemps trainé comme un boulet au pied. Désormais, l'Exécutif et le commun des citoyens sont convaincus qu'il va falloir travailler dur et bien pour mettre en valeur toutes les potentialités du pays. Le Premier ministre ne rate quasiment aucune occasion pour mettre les acteurs économiques (public et privé) devant la réalité, en les exhortant à mettre le cap sur la production intensive et de qualité avec l'ambition d'aller vers l'exportation. «Il faut gagner la bataille de l'export», a insisté Abdelmalek Sellal, hier, à l'ouverture de la 50e édition de la Foire internationale d'Alger (FIA). A chacune de ses haltes devant les stands des entreprises présentes, nationales et étrangères, le chef de l'Exécutif revient inlassablement sur cette question, en assurant ses interlocuteurs de tout l'appui du gouvernement. On doit dire que de bonnes opportunités existent dans tous les secteurs à commencer par le commencement, c'est-à-dire l'agriculture. La diversité des étages bioclimatiques en Algérie est une faveur exceptionnelle pour la production de primeurs de très haute facture. Durant toute l'année, le climat est favorable à la culture de toutes sortes de légumes et de fruits. La disponibilité de l'eau et de l'énergie bon marché fait le reste. L'expérience en cours dans ce secteur vital, qui a déjà permis de garantir l'autonomie du pays en la matière, est concluante. Les petits excédents dégagés à l'export, en raison de leur bonne qualité, ont vite trouvé preneur, que cela soit en Europe, au Moyen-Orient ou en Russie. La filière est hautement prometteuse, pour peu, qu'on se mette sans tarder au travail. Des partenaires étrangers, alléchés par l'énorme potentiel de la filière, se manifestent. Le Groupe Lacheb Filaha et un consortium américain spécialisé (AIAG) planchent déjà sur un méga projet d'exploitation de 25 000 hectares dans la wilaya d'El-Bayadh, dédié à la production céréalière et fourragère, ainsi que l'élevage bovin et de vaches laitières, avec 1 000 emplois à la clé. Dans la wilaya d'El Taref, qui couvre 40% de la production nationale de pommes de terre, les investisseurs nationaux présents ambitionnent de totaliser à l'horizon 2019 l'exploitation de 150 000 hectares en cultures maraîchères avec une main-d'œuvre estimée à 128 000 ouvriers dont 79 000 permanents. A travers toutes les autres wilayas (Batna, Boumerdès, Jijel, Skikda, Ain Defla, Tiaret, Mascara et Biskra, notamment) pas moins de 39 000 investisseurs locaux ont, selon l'Union nationale des paysans algériens (Unpa), déposés des dossiers bien ficelés auprès des autorités concernées. Une énorme énergie est en gestation. Dans d'autres secteurs comme le tourisme où il y a aussi des avantages comparatifs à exploiter. L'industrie n'est pas en reste, car la position de l'Algérie, porte d'entrée vers l'Afrique et le Moyen-Orient, ouvre aussi de grandes perspectives dans ce domaine. Les opérateurs algériens et leurs partenaires étrangers œuvrent dans ce sens avec l'ambition de prendre le train du développement de l'Afrique et de la région Mena. La Banque mondiale (BN) parraine aussi cette nouvelle stratégie économique qu'elle qualifie d'ambitieuse. A priori, «la bataille de l'export» est largement dans les cordes de l'Algérie, pourvu qu'elle se mette sérieusement au boulot. K. A.