L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prévoit la poursuite de la baisse des stocks mondiaux de pétrole au second semestre de 2017, signe du rééquilibrage en cours du marché pétrolier qui se fera, cependant, à un rythme plus lent que prévu, selon un rapport mensuel de l'organisation. «Le rééquilibrage du marché est en cours, mais à un rythme plus lent compte tenu des changements intervenus dans les fondamentaux depuis décembre, et en particulier de l'offre américaine qui était prévue en contraction et qui connaît une croissance positive», lit-on dans le rapport. L'Opep observe que les stocks des pays de l'Ocde ont diminué en avril, à 3,005 milliards de barils, soit 251 millions de barils au-dessus de la moyenne de cinq ans et estime que la baisse de ces stocks observable de janvier à avril devrait se poursuivre au second semestre, soutenue par la décision de l'Organisation pétrolière et d'autres grands pays producteurs dont la Russie de prolonger jusqu'en mars 2018 leur accord de réduction de la production afin de soutenir des prix plombés depuis trois ans par une offre excédentaire. «Ces tendances, combinées à une baisse régulière du pétrole stocké dans des unités flottantes, indique que le rééquilibrage du marché est en cours, quoique à un rythme plus lent», en raison notamment d'une hausse cette année de la production de brut outre-Atlantique, a souligné l'Opep. En 2017, les pays non membres de l'Opep devraient pomper 58,14 millions de barils par jour (mbj), soit 0,84 mbj de plus que l'année précédente, qui avait été marquée par une contraction (-0,71 mbj à 57,30 mbj). Cette prévision a toutefois été révisée en légère baisse (-0,11 mbj) depuis le précédent rapport de l'Opep publié en mai, affectée par une baisse de régime en Russie, au Kazakhstan ou encore aux Etats-Unis. Au total, la production mondiale de pétrole s'est élevée à 95,74 mbj en mai, en hausse de 0,13 mbj par rapport à avril et de 1,48 mbj sur un an, selon l'organisation pétrolière. Quant à la demande mondiale d'or noir, elle devrait progresser de 1,27 mbj à 96,38 mbj cette année, soutenue notamment par une croissance économique légèrement relevée à 3,4% (contre 3,3% précédemment), prévoit l'Opep. Après la publication de ce rapport, le baril de pétrole a réduit ses gains puis s'est retrouvé dans le rouge à 48,16 dollars, bien en deçà des 60 dollars que souhaite beaucoup de pays producteurs de pétrole, et moins de la moitié de son niveau de la mi-2014. L'Opep, la Russie et quelques autres producteurs ont signé fin 2016 un premier accord de baisse de la production de 1,8 million de barils par jour (bpj) sur une période de six mois à partir du 1er janvier, dont 1,2 million de bpj environ pour l'Opep et 600 000 bpj pour les producteurs hors-Opep. Cet accord a permis aux cours du pétrole de repasser la barre des 50 dollars, mais les stocks restent élevés car ce renchérissement des prix a encouragé la production des pays n'ayant pas participé à l'accord, notamment des Etats-Unis. Ainsi, pour réduire les stocks de pétrole à leur niveau moyen des cinq dernières années et de souligner la détermination des producteurs à assurer la stabilité, la prévisibilité et le développement durable du marché, l'Opep et des pays producteurs non-membres du cartel emmenés par la Russie ont décidé le 25 mai de prolonger de neuf mois l'accord de réduction de la production en vigueur depuis janvier. Toutefois, en dépit du renouvellement de l'accord, les cours du pétrole peinent à rebondir. Une analyse trimestrielle sur les marchés pétrolier de l'Institut français du pétrole énergies nouvelles (Ifpen) explique pourquoi. Cette stratégie, selon l'Ifpen, n'est peut-être pas suffisante. L'institut rappelle tout d'abord que le prolongement de cet accord n'était pas une surprise et qu'il a déjà été intégré par les marchés. À preuve, le prix du pétrole a plutôt réagi à la baisse après cette décision attendue, se situant autour de 50 dollars en moyenne pour le Brent en mai. Mais ces jours-ci, il évolue sous cette barre symbolique, plus proche de 48 dollars. Le caractère prévisible de la stratégie de l'Opep n'est pas le seul critère d'explication à cette atonie des cours. Dans son analyse, l'Ifpen insiste également sur la persistance de stocks excédentaires: «Si l'on se réfère à la moyenne sur cinq ans, les excédents détenus par les pays Ocde sont en retrait depuis 2016, mais représentent encore 210 millions de barils, soit un potentiel de mise sur le marché de 600 000 barils par jour pendant un an.» Bref, il y a trop de pétrole sur le marché et cet excédent de barils n'est pas de nature à faire rebondir les cours. Outre ces deux premiers facteurs, l'Opep pâtit aussi du fait que tous ses membres ne sont pas disciplinés de la même manière. L'ifpen note ainsi que des dérives au niveau de la production pourraient néanmoins venir des deux pays non tenus au respect d'un quota, à savoir la Libye et le Nigeria. L'Institut souligne, à ce titre, que la Libye voit sa production progresser sur les premiers mois de 2017 à 700 000 barils par jour en moyenne avec une pointe à 800 000 fin mai, ce qui a pesé à la baisse sur le prix du pétrole. L'analyse de l'Ifpen rappelle que l'Opep et les pays non-Opep ne peuvent surtout pas compter sur les Etats-Unis pour appuyer leur stratégie de limitation de la production. Bien au contraire: la période de repli de la production américaine d'hydrocarbures, impulsée début 2015, s'est arrêtée à l'automne 2016. Les gaz et pétrole de schiste en particulier sont nettement repartis à la hausse, rappelant combien cette industrie du non-conventionnel est réactive. En quelques mois, les Etats-Unis ont mis plusieurs centaines de milliers de barils supplémentaires par jour sur le marché. Enfin, l'Ifpen note que si la stratégie de l'Opep n'a pas eu tous les effets escomptés et rencontre certainement ses limites, elle n'a pas non plus complètement échoué. B. A./Agences