Photo : Zoheïr Par Abderrahmane Semmar La pénurie de médicaments revient sur le devant de la scène. Aujourd'hui, nombre de nos concitoyens atteints de la maladie de Crohn et de la recto colite ulcéro hémorragique (RCUH) lancent un ultime appel de détresse. Rongés par le désarroi, les patients souffrant de ces deux maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) risquent, à n'importe quel moment, de subir de graves complications à même de mettre sérieusement leur vie en péril. Et pour cause, ils ne trouvent plus dans les officines ni dans les pharmacies centrales des hôpitaux leur traitement préventif. En effet, l'Imural azathioprine, un immunosuppresseur incontournable dans le traitement de ces maladies est, depuis près de deux mois, tout simplement introuvable en Algérie. «Sans ce médicament, notre vie est réellement en danger», expliquent sans ambages des personnes souffrant de la maladie de Crohn et de la RCUH qui ont pris le soin de se déplacer, hier, jusqu'à notre rédaction pour nous faire part de leur mal-être et du danger qu'ils encourent à cause de l'indisponibilité de cet immunosuppresseur fabriqué par le laboratoire GlaxoSmithKline. «Nous cherchons désespérément ce médicament. Certes, il est cher, mais sans ces comprimés, on peut avoir de graves poussées qui commencent avec une simple fièvre et quelques selles sanguinolentes lentes entraînant de très fortes douleurs abdominales. Nous ne sommes pas non plus à l'abri d'une hémorragie importante ou d'une dégénérescence cancéreuse», regrette Mohamed qui souffre de la maladie de Crohn depuis son adolescence. Il a d'ailleurs été hospitalisé à quatre reprises en 2002 suite à de sérieuses complications. Mais, aujourd'hui, lui, comme tous les autres malades souffrant des MICI, la pénurie de l'Imural azathioprine l'inquiète sérieusement. Une pénurie exceptionnelle que ces malades n'arrivent pas à s'expliquer. Introuvable dans toutes les pharmacies, l'Imural est également en rupture de stock au niveau de la Pharmacie centrale de l'hôpital Mustapha Pacha. De plus, aucune instance officielle n'a daigné fournir des éclaircissements à ces malades en danger. «Fort heureusement, notre maladie est considérée comme une maladie chronique à part entière. Ce qui nous permet de disposer d'une carte d'assurance sociale grâce à laquelle nous sommes remboursés à 100%. Il faut savoir que ce médicament nous coûte entre 3 000 et 4 000 DA. Dans certaines régions intérieures du pays, son prix dépasse carrément les 6 000 DA ! Mais au-delà de sa cherté, c'est sa pénurie que nous ne comprenons pas. Pourquoi ne trouvons-nous plus notre médicament ? Qu'adviendra-t-il de notre santé ?» s'interroge d'une seule et forte voix le collectif des malades. Ces derniers nous ont confié qu'ils envisagent de créer une association pour faire connaître leur maladie et interpeller les pouvoirs publics quant aux carences de leur prise en charge médicale. Il faut savoir que les MICI touchent de plus en plus d'Algériens. Rien qu'au niveau du service de gastrologie du CHU Mustapha Bacha, pas moins de 400 malades souffrant de MICI sont hospitalisés. Signalons enfin qu'il existe, après 10 ans d'évolution des MICI, une majoration du risque de cancer colorectal. Ce risque est surtout important en cas d'atteinte étendue et nécessite une surveillance régulière par coloscopie.