L'Algérie, à l'instar des autres pays maghrébins, s'apprête à commémorer le 30 mars prochain la journée maghrébine du don de sang. Célébré dans sa 3ème édition, cet événement bénéficiera pour la première fois d'un programme commun à tous les pays de l'Union du Maghreb arabe, a indiqué un communiqué du secrétariat général de l'UMA, repris par l'APS. Il est question ainsi de l'implantation de centres de don au niveau des universités, des structures publiques et autres agglomérations, et du lancement de programmes de sensibilisation à travers les médias écrits et audiovisuels. Certes, un programme ambitieux, mais qui n'occulte en aucun cas le manque criant de sang au niveau des hôpitaux. Il faut dire que de nombreuses associations de malades sont montées récemment au créneau pour poser ce problème qui demeure toujours d'une actualité poignante. Que ce soit les thalassémiques, les hémophiles ou les cancéreux, de plus en plus de malades lancent régulièrement des appels de détresse car ils peinent à chaque fois à trouver des donneurs en bonne santé pour leur venir en aide. A ce propos, le secrétaire général de la Fédération algérienne des donneurs de sang, Kaddour Gherbi, reconnaît que «les donneurs réguliers ne sont pas nombreux et la plupart des dons sont familiaux». Ce qui est naturellement «inquiétant, surtout que les besoins sont énormes», souligne-t-il. Toutefois, selon lui, la situation n'est pas aussi alarmante puisqu'«on ne peut parler de pénurie que lorsque les besoins ne sont pas satisfaits, ce qui n'est pas le cas à présent. Certes, le problème se pose pour certains groupes sanguins rares, mais, dans l'ensemble, les demandes sont honorées. A ce que je sache, aucun malade n'est mort à cause d'un manque de sang». De son côté, l'Agence nationale du sang relativise la gravité de ce problème. Selon les chiffres qu'elle a rendus publics, le nombre de donneurs de sang a doublé en dix ans : de 174 405 en 1994, il est passé à 305 869 en 2004. En 2005, les dons ont encore augmenté pour atteindre le chiffre de 322 191, ce qui représente 9,79 dons pour 1 000 habitants. L'augmentation du don de sang a été également palpable ces trois dernières années, précise-t-on encore. Pour preuve, la moyenne nationale est aujourd'hui de l'ordre de 10,81 dons pour 1 000 habitants. Selon cette agence, on n'est pas loin de la moyenne mondiale. Toutefois, et c'est là que le bât blesse, de nombreux médecins relèvent que nos structures hospitalières éprouvent des difficultés à constituer des stocks de produits sanguins pour satisfaire les besoins lors d'interventions chirurgicales. De plus, la plupart des hôpitaux ont besoin de nouveaux équipements de séparation des composants du sang. Quant aux centres de transfusion sanguine (CTS), la majorité d'entre eux sont dans un mauvais état et nécessitent en urgence une mise à niveau. N'omettons pas de signaler dans ce sillage que nos citoyens appréhendent beaucoup le manque de sécurité et de contrôle relevé au sein des CTS. C'est ce qui explique que le don de sang demeure particulièrement risqué étant donné qu'il expose la santé du receveur et du donneur à diverses maladies transmissibles, notamment le sida. A la lumière de ces données, il est clair que la promotion du don de sang ne peut se faire en Algérie tant que les pouvoirs publics n'arrivent pas à remédier à ces carences. Une prise de conscience est plus qu'urgente. A. S.