Le réseau vise en priorité les produits chimiques agissant comme des perturbateurs endocriniens (qui perturbent le fonctionnement hormonal et la santé reproductive) et les molécules comme les phtalates (qui assouplissent les plastiques) ou le parabène (conservateur pour cosmétiques) omniprésents dans l'environnement moderne. «Tous ces produits, qui imprègnent les populations dès le plus jeune âge et même dès la gestation, sont à rapprocher des épidémies mondiales de cancers, de problèmes de reproduction et de diabètes», a indiqué André Cicolella, chimiste et chercheur en santé environnem entale, porte-parole du RES. «Ce qui fera bouger les choses, ce sera la pression de l'opinion publique : en rassemblant des scientifiques, des professionnels de santé, des ONG et des associations de malades, on a davantage de chances de se faire entendre des pouvoirs publics, y compris au niveau européen», estime-t-il. Le réseau «se donne pour but de peser sur les politiques publiques mais aussi sur les producteurs de risques, lesquels restent encore très largement guidés par une politique de négation de leur responsabilité». Le RES suggère d'organiser un «Grenelle» consacré aux questions d'environnement et de santé, pour définir une politique prenant en compte l'ensemble des secteurs -cosmétiques, médicaments, alimentation, mode de vie et de travail- à rapprocher des pathologies en expansion -cancers, diabètes, difficulté de reproduction, allergies, affections respiratoires, atteintes immunitaires. Une douzaine d'ONG y sont déjà associées et appellent syndicats et citoyens notamment à les rejoindre. Pour ses promoteurs, «il est urgent de changer de logique», et il serait lourd de conséquences d'attendre des preuves scientifiques pour agir à titre préventif. La première campagne du réseau porte sur le Bisphénol-A dans les plastiques alimentaires, que le Canada a d'ailleurs interdit l'an dernier dans les biberons, sur la base d'études américaines montrant, même à faible dose, des atteintes au cerveau, à la prostate, aux glandes mammaires, et des modifications de l'âge de la puberté chez les filles. «Pourtant, après la décision canadienne, l'Autorité européenne de sécurité des aliments [EFSA] a estimé que le Bisphénol-A ne présentait pas de danger», reprend M. Cicolella. Les arguments avancés, selon lui, tenaient «davantage du lobbying que de la science : les intérêts industriels se font entendre et on met la santé publique au second plan». «S'agissant d'une population aussi fragile que les nouveau-nés, c'est inadmissible», s'insurge-t-il. «D'autant qu'il n'y a aucun difficulté à remplacer les biberons en plastique par des biberons en verre.»