D'ici à 2010, entre 500.000 et 1 million de tonnes de bioplastique pourraient être produites par «chimie verte». Les nouvelles exigences liées à la qualité du cadre de vie, la fin de l'énergie à bas prix et la progression vers l'épuisement des ressources fossiles, les biomatériaux se refont alors une jeunesse. Désormais, la «biodégradabilité» sera perçue comme un critère, à la limite, une condition sine qua non pour un choix optimal. Si la chimie verte ne date pas de la dernière averse, ses innovations, favorisées par les préoccupations du nouveau contexte environnemental, ont ouvert des horizons d'espoirs. Dorénavant, il est possible, à partir de la matière organique, de réaliser: des emballages sans risques secondaires, des détergents sans éléments responsables de l'eutrophisation des milieux aquatiques, du biogaz, etc. Les procédés de biotechnologie ont permis la synthèse de nouvelles molécules multifonctionnelles: solvants, lubrifiants, détergents, tensioactifs.... Un large champ d'utilisation des biomatériaux qui va déjà conforter plus l'acceptabilité de la société dans ses choix à venir. Des marchés émergents: le chanvre, pour ses capacités isolantes, remplace la laine de verre. En association avec la chaux, il peut se substituer au parpaing de béton, l'ameublement, à l'habillage intérieur pour l'automobile. Polyéthylène, polypropylène, polyuréthane, polystyrène... presque tous les plastiques peuvent aujourd'hui être fabriqués à partir d'amidon. D'ici à 2010, entre 500.000 et 1 million de tonnes de bioplastique pourraient être produites par «chimie verte». Ce qui représente de 150.000 à 200.000ha. A l'Institut français des recherches agronomiques de Montpellier, des produits d'origine naturelle, après analyses et tests sont mis à l'avant: les qualités de la fibre de bois peuvent êtres exploitées dans la fabrication d'objets absorbants (couches culottes, etc.), des matériaux d'emballage composites à base de gluten (les protéines du blé) ont démontré des performances de conditionnement meilleures que les films synthétiques conventionnels, les biolubrifiants, notamment pour leurs propriétés particulières comme la résistance à l'oxydation, à l'hydrolyse et à la pression... Les chercheurs du même institut, ont, par ailleurs, mis au point une molécule dont les propriétés réactives peuvent conduire à la synthèse de molécules multifonctionnelles. Il s'agit du carbonate de glycérol obtenu par recours exclusif aux composés d'origine naturelle. Une caractéristique qui a fait de cette molécule le centre d'une chimie de diversification. Le carbonate de glycérol accède ainsi au statut de molécule «écocert». Une qualification habilitant ce composé à l'exportation vers le Japon et les USA. Les biomatériaux, par le biais de la chimie verte, sont appelés à intégrer les multiples filières de l'industrie. Des problèmes persistent: le rendement calorifique des biogaz, l'effet de dilution des énergies dites renouvelables, les processus de transformation de matériaux d'origine naturelle génèrent souvent des sous-produits en excès par rapport à l'usage industriel (un problème de compétitivité se pose). Des risques infectieux inhérents aux biomatériaux. La biocompatibilité se pose crûment aussi quand il s'agit des interventions sur les tissus vivants. Sur les 30.000 bioproduits chimiques testés, 2000 sont déjà «suspects» (le formaldéhyde, les phtalates, les parabens), aux USA, qui ont une longueur d'avance sur les Européens des «bioraffineries», qui exploitent déjà le règne végétal: de l'huile à partir du grain, des plastiques ou des résines à partir des protéines, de l'éthanol ou des produits cosmétiques à partir du glucose. La PAC (politique agricole commune), jusqu'alors uniquement intéressée par la production alimentaire, commence à se pencher sur ces nouveaux débouchés. Une bioraffinerie pourrait ainsi voir le jour en 2008 aux USA. Actuellement, plus des deux tiers des produits de synthèse US sont d'origine végétale, et 40% de leurs terres agricoles seront consacrées à la chimie verte dans un proche futur. Une grande quantité des produits chimiques au niveau mondial sont encore d'origine pétrochimique. L'Algérie, un pays riche en ressources fossiles, notamment en pétrole, doit s'engager dès à présent sur cette nouvelle voie de la biotechnologie. Les absents ont toujours tort. Une chose est sûre: la part des produits issus des ressources renouvelables suivra proportionnellement la volonté politique de la communauté ainsi que les efforts de recherches en biotechnologie et dans les sciences dites fondamentales (physique, chimie...).