La crise gazière entre Moscou et Kiev fait encore parler d'elle. Et pourtant, le conflit a été réglé, début février dernier, après une médiation européenne saluée par les deux protagonistes. Cette nouvelle situation, le président de la Commission européenne s'en inquiète. José Manuel Barroso, s'est, en effet, dit jeudi «très inquiet» des dernières informations venues d'Ukraine et des commentaires du Premier ministre russe, Vladimir Poutine, qui a menacé d'une nouvelle interruption des livraisons de gaz à l'Europe. «Déjà, pendant la crise vécue il y a quelques mois, nous avions condamné ce genre de situation, et la crédibilité de la Russie et de l'Ukraine sera bien sûr affectée si nous avons une autre crise du gaz», a ajouté José Manuel Barroso, repris par des médias européens, en allusion aux deux semaines d'interruption subies par les Européens en janvier dernier suite à une sérieuse crise russo-ukrainienne. «Nous suivons de très près la situation, et espérons, bien sûr, que ce type de problème ne réapparaisse pas. Si ce n'est pas le cas, c'est bien sûr quelque chose que l'UE condamnera très clairement et cela n'aidera pas les relations que nous avons avec ces pays», a-t-il ajouté. Barroso s'exprimait lors d'un point de presse avec le Premier ministre bulgare, Sergueï Stanichev, dont le pays avait été très touché lors de la crise de janvier dernier. Stanichev s'est, lui aussi, dit «très inquiet» de ce qui se passe en Ukraine et des déclarations faites par le Premier ministre russe. Une situation dans laquelle les citoyens européens deviennent les otages d'un conflit entre deux pays est inacceptable et de tels comportements entameraient très sérieusement leur crédibilité si une interruption des livraisons gazières se produisait, a-t-il ajouté. Poutine avait averti, jeudi dernier, que les approvisionnements en gaz russes à l'Ukraine et vers l'Europe seraient de nouveau interrompus si Kiev ne payait pas d'ici samedi sa facture au géant gazier russe Gazprom pour février. Le risque d'une nouvelle interruption des livraisons européennes semblait, toutefois, écarté après que la société ukrainienne d'hydrocarbures, Naftogaz, a annoncé avoir payé la totalité de sa facture, information aussitôt confirmée par Moscou. Après la coupure inédite de janvier dernier, les Européens avaient déjà affirmé que la crédibilité tant de l'Ukraine que de la Russie avait pris un sérieux coup mais ils n'avaient pris aucune mesure de rétorsion. Ils s'étaient surtout juré d'accélérer leurs projets destinés à renforcer la sécurité énergétique européenne et à réduire la dépendance envers Moscou. Le conflit gazier entre Moscou et Kiev a poussé certains pays européens à chercher d'autres sources d'approvisionnement. C'et ainsi que la Croatie a sollicité un contrat gazier avec l'Algérie, une demande encore à l'étude.