Photo : Riad Par Ali Boukhlef Après les discours, l'Algérie et l'Espagne passent au concret. Les ministres de l'Intérieur des deux pays ont signé, hier en début d'après-midi, une convention de partenariat dans le domaine de la lutte contre le terrorisme international, le crime organisé et le crime contre les personnes. Le document, une première dans les annales des relations entre les deux pays, a été paraphé, hier au siège du ministère de l'Intérieur, par Yazid Zerhouni et son homologue espagnol, Alfredo Perez Rubalcaba. Il porte, selon les indications données par les deux responsables devant la presse, sur un échange d'informations, pas seulement dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, mais aussi dans le cadre de la lutte contre la criminalité. Il s'agit, surtout, de coopérer contre la falsification des documents et le crime contre les personnes. C'est d'ailleurs pour cela que le ministre espagnol de l'Intérieur s'est rendu, dans l'après-midi, au laboratoire de la police scientifique et technique de la Police nationale. Dans les courtes déclarations concédées par les deux ministres aux journalistes, on relève une profonde compréhension mutuelle et une vision partagée des problèmes qui se posent aux deux pays, déjà liés par une solide amitié qui remonte à plusieurs années. Noureddine Yazid Zerhouni, qui s'est exprimé en grande partie en espagnol, a indiqué que l'accord signé hier témoigne de la profondeur des «relations entre les deux pays». Une affirmation confortée par Alfredo Perez Rubalcaba qui, à l'instar de son homologue algérien, a affiché une mine décontractée et une assurance qui en dit long sur la sérénité qui règne entre Alger et Madrid. Le contrat paraphé, hier, entre les deux ministres de l'Intérieur est aussi un prélude pour d'autres sujets de coopération. Le ministre algérien de l'Intérieur a avancé, d'ores et déjà, que des accords similaires seront signés dans le domaine de la Protection civile, les Douanes, les collectivités territoriales et les élus. Ce qui présage de liens presque complets, même si certains couacs, à l'image du problème gazier et le flou qu'entretient le royaume espagnol autour de la question du Sahara occidental, subsistent toujours. Le ministre espagnol n'a cependant pas été clair au sujet de l'extradition ou pas des dix islamistes algériens arrêtés il y a une semaine à Barcelone et suspectés de soutien au terrorisme. Alfredo Perez Rubalcaba a confirmé, par contre, l'information, en ajoutant que six personnes parmi le groupe sont en train d'être auditionnées par un juge antiterroriste et qu'il y a de fortes chances à ce qu'elles soient «inculpées» parce qu'il y a, selon lui, de «lourds soupçons» qui pèsent sur elles. Les autorités judicaires espagnoles les suspectent de «soutien financier au terrorisme international». Le ministre espagnol n'a toutefois pas précisé si les six Algériens seront extradés ou pas. Et justement au sujet de l'extradition, Zerhouni a indiqué que l'accord signé entre les deux Etats en 2004 «se porte bien» et qu'il est toujours en vigueur. Même si aucune personne n'a été, jusque-là, extradée, du moins publiquement. L'autre sujet qui concerne les deux pays est l'immigration clandestine. Si Rublcaba s'est contenté d'assurer que, là aussi, les deux pays coopèrent bien, Zerhouni a précisé que l'Algérie «accomplit tout son devoir envers ses citoyens établis à l'étranger. Pour les clandestins d'entre eux, l'Etat fait tout pour leur faciliter les conditions de retour au pays». Il semblerait, par ailleurs, que le sujet de l'union pour la Méditerranée n'a pas été abordé. Zerhouni s'est juste contenté d'une phrase sibylline : «Vous aurez plus de détails lors de la visite, la semaine prochaine, du Premier ministre français» François Fillon.