Photo : Sahel Par Abdelghani Aïchoun Le football national est dans une situation dramatique. L'élection du nouveau bureau fédéral de la Fédération algérienne de football (FAF), à sa tête Mohamed Raouraoua, au mois de février dernier, survient dans un contexte particulier. Un traitement de choc, peut-on dire, s'impose, sinon les choses vont empirer. A ce titre, le nouveau patron de l'instance fédérale est venu avec la ferme intention d'apporter les solutions adéquates, comme d'ailleurs, il l'a laissé entendre lors de son intervention devant les membres de l'AG de la FAF juste après avoir été élu. Et le mot d'ordre de Raouraoua est la professionnalisation du football national. «A terme, il faut mettre en place une ligue de football professionnel même si cela doit se faire avec dix clubs seulement», a-t-il martelé. En d'autres termes, ceux qui suivront cette cadence adhéreront à cette nouvelle démarche ; pour le reste, ils n'auront qu'à rester dans le championnat amateur. Evidemment, il va sans dire que la dernière instruction de la Fédération internationale du football (FIFA), concernant cette question, à savoir la circulaire 1 128 relative à la procédure d'octroi des licences aux clubs, ne laisse pas trop de «marge de manœuvre» aux fédérations locales. En effet, elle donne un délai de presque deux ans pour s'y soumettre. Les confédérations continentales doivent établir un règlement sur la procédure pour l'octroi de la licence avant la fin de la saison 2009–2010, et les associations membres, FAF dans le cas de l'Algérie, sont tenues de transformer ce règlement en un manuel national, et de le mettre en pratique, d'ici la saison 2010–2011 au plus tard, comme mentionné dans cette circulaire. Pour rappel, les critères pour l'octroi de la licence pour les clubs tournent autour de cinq axes : les critères sportifs (approbation du programme de développement des jeunes par le bailleur de la licence, équipes juniors), critères d'infrastructures (certification du stade, infrastructure d'entraînement), critères de personnel et administratifs (secrétariat du club, directeur général, responsable financier, responsable sécurité, médecin et physiothérapeute, entraîneur en chef de l'équipe première, chef du programme du développement des jeunes, entraîneurs juniors et organisation de la sécurité et du service d'ordre), critères juridiques (déclaration valable juridiquement, extraits des statuts et du registre, propriété et contrôle des clubs), critères financiers (états financiers annuels audités, arriérés). Il est clair que, dans ce règlement de la FIFA, ces critères sont expliqués dans le détail. Ce qui voudrait dire en définitive que les choses vont être plus difficiles pour des clubs issus de pays où le football fonctionne toujours «archaïquement», peut-on dire. La FIFA évoque même des sanctions, dans le cas où des clubs ne se mettraient pas au diapason de ces critères. Des sanctions qui se traduisent souvent par une exclusion de toutes les compétitions internationales. «Le système d'octroi de licence aux clubs garantira que les clubs participant aux compétitions internationales de clubs remplissent les exigences minimales», lit-on encore dans cette circulaire. Quelques premières initiatives de la FAF C'est pour ces raisons que Mohamed Raouraoua fait de la professionnalisation son credo. D'ailleurs, il a entamé quelques actions préliminaires allant dans ce sens. Ainsi, le 8 mars dernier, le président de la FAF a envoyé un courrier à l'ensemble des dirigeants des clubs de la division une et deux dans lequel il indique que «dans le cadre de la professionnalisation de la gestion du football national, initié par la Fédération algérienne de football et en prévision de la mise en place du programme de la Fédération internationale de football [FIFA] inhérent aux modalités de gestion des licences pour l'ensemble des acteurs du football national (joueurs, entraîneurs, dirigeants, etc.)», les clubs de la DI et de la DII sont priés «d'une part, de doter l'association d'un outil informatique adéquat et performant et, d'autre part, recruter une personne qualifiée (de préférence un technicien supérieur en informatique) en prévision de la mise en charge de ce programme à leur niveau». Le président de la FAF a précisé que «la formation de ce technicien à la manipulation et à l'exploitation de cet important programme incombera à la Ligue nationale de football». Une action qui s'apparente à un premier pas vers une gestion rationnelle et professionnelle des affaires des clubs et qui permettra, à terme, d'éviter certains problèmes administratifs et autres. Sur un autre, plan mais toujours lié à la chose footballistique, dans un avenir proche, les arbitres du Championnat national vont être dotés de kits écouteurs qui vont leur permettre de communiquer entre eux. Cette opération, rappelons-le, va être mise sur pied grâce au concours de l'opérateur de la téléphonie mobile, Wataniya Télécom Algérie–Nedjma, qui avait signé, mardi dernier, une convention de sponsoring avec la Fédération algérienne de football dont le montant est de 300 millions de dinars. Un sponsoring qui va toucher quatre chapitres, en l'occurrence l'équipe nationale des seniors A, l'arbitrage, la Coupe d'Algérie et l'Académie de la FAF des moins de 16 ans. Des moyens financiers qui seront, évidemment, d'un grand apport pour la FAF afin de concrétiser ses projets. Même si ces actions paraissent minimes pour l'instant, néanmoins, leurs applications sur le terrain va certainement avoir des répercussions sur le niveau et même l'image de notre championnat. Evidemment, avant tout cela, certaines «tares» du football national doivent être bannies à jamais, à commencer par les différents changements de calendrier. A ce titre, le président de la Ligue nationale de football, Mohamed Mecherara, vient d'établir un calendrier jusqu'à la fin de la saison qui devrait, normalement, intervenir le 21 mai. Il avait promis que la programmation serait respectée. Selon les deux nouveaux patrons du football national, les présidents des clubs adhèrent à cette démarche. Il est vrai que, pour l'instant, il y a peu de réclamations, ce qui est de bon augure pour la suite du parcours. En dernier lieu, il est à noter que le nouveau bureau fédéral avait, lors de sa dernière réunion, annoncé quelques modifications ou amendements des règlements généraux et du code disciplinaire. A propos de ce dernier, les sanctions (agression contre les officiels du match et contestation des décisions de l'arbitrage) sont désormais plus sévères allant jusqu'à la radiation à vie. La FAF a également procédé à quelques changements réglementaires afin d'éviter certaines pratiques ou polémiques inutiles. A titre d'exemple, un club ne peut faire des réserves à propos d'un joueur pour dissimulation ou falsification d'identité que s'il avait relevé cela aux officiels lors du match. D'autre part, les clubs n'auront plus droit d'aligner, lors des cinq dernières journées, moins de neuf titulaires. Des amendements qui pourront éventuellement freiner la vague d'accusations de corruption qui caractérisent la fin du championnat algérien chaque année. La professionnalisation est sûrement difficile à atteindre, mais Raouraoua espère mettre les jalons pour un tel processus. En tout cas, les clubs algériens n'auront pas d'autre choix que de s'aligner derrière cette dynamique…