L'équipe d'Algérie est aujourd'hui amenée à s'exprimer dans un cadre de jeu qui semblait la fuir depuis un bon bout de temps. En entamant le troisième tour des éliminatoires jumelées CAN/Mondial 2010, les Verts, sous la conduite de Rabah Saadane, se sont fixé comme objectif la qualification à la phase finale de la Coupe du monde 2010, qui aura lieu, pour la première fois dans l'histoire du football, sur notre continent. Cependant, quelle pourrait être l'évolution des Verts lors de ce tour dans une poule qualifiée de solide, où les bookmakers donnent les Pharaons comme premiers favoris, pour le sésame de la plus populaire et prestigieuse manifestation sportive planétaire ? La progression des Fennecs doit surtout répondre à ce qu'elle devrait accomplir, indépendamment des résultats et des jugements. Sa valeur se mesure en grande partie à sa capacité de prévoir les événements. Même si l'objectif reste toujours celui de construire un collectif, il n'est cependant pas facile, surtout de nos jours, d'en assurer le cheminement. Faire le sacrifice au nom de l'intérêt collectif relève d'un pouvoir fort, d'un pouvoir uni, irréprochable en matière de conviction et de pratique. La remise en cause de chacun dans le but de produire un esprit d'équipe ne serait assurément jamais impossible à mettre en place. Nous disons cela tout en pensant à l'équipe d'Algérie, à ce qu'elle ne cesse de connaître, à ce qui l'attend et à tout ce qu'elle est censée accomplir et obtenir dans l'une des phases les plus importantes de son parcours, réaliser ce que des millions d'Algériens attendent d'elle. Tout choix engendre forcément une élimination. Il ne peut en être autrement, surtout dans une activité sportive telle que le football, où l'entraîneur est censé gérer non seulement des hommes, mais aussi un contexte, des obligations et des contraintes. Le choix de Rabah Saadane et de Zoheir Djelloul a répondu, lors de cette CAN, contrairement aux précédentes éditions, aux aspirations en donnant la priorité aux joueurs les plus en forme du moment. Engagements et garanties des pouvoirs publics et de la FAF D'une manière ou d'une autre, on ne peut s'empêcher de regretter le gâchis des deux précédentes éditions, pour lesquelles les Verts n'ont pu répondre au souhait de leurs inconditionnels en se faisant battre et éliminer, à Alger, par une très modeste formation guinéenne qu'ils avaient accrochée chez elle. Et si l'on veut parler des profils individuels indispensables pour l'épanouissement de l'équipe au haut niveau, on devra forcément penser davantage aux dispositions collectives qu'à celles ayant rapport à l'aspect individuel. Se limiter cependant à ce qui se voit et ce qui se nomme pourrait rétrécir singulièrement l'étendue et la marge de manœuvre del'équipe. De là où ils sont et à travers ce qu'ils entreprennent, les joueurs sont toujours taraudés par la nécessité de confirmer, de prouver quelque chose. En même temps, ils ne peuvent s'empêcher de se considérer comme étant les meilleurs. Chacun dans son rôle, chacun dans sa position. Il faut souligner que, depuis le retour de Mohamed Raouraoua aux commandes de la FAF, les ambitions ont été revues à la hausse. L'objectif initial était la qualification pour la CAN 2010 qu'abritera l'Angola , surtout que l'EN a raté les éditions de 2006 et 2008, organisées respectivement par l'Egypte et le Ghana. Même le sélectionneur national, Rabah Saadane, prudent et réservé au départ, a changé complètement de cap. «Tout le monde veut aller au Mondial. Je ne peux marcher à contre-courant, surtout que tous les moyens sont mis à notre disposition. Je persiste toutefois à dire que notre mission sera délicate», lance Saadane, prêt à défier le grand favori, l'Egypte, double championne d'Afrique. «Nous sommes capables de battre l'Egypte chez elle», a indiqué le coach des Verts, qui croit en son étoile, lui qui a été dans tous les bons coups de la sélection nationale. Il était avec les juniors au Mondial 1979 et avec les seniors en 1982 et 1986. Il veut réussir, à juste titre, un troisième exploit et confirmer le fameux adage «jamais deux sans trois.» «Individuellement, nous sommes meilleurs que les Egyptiens. C'est vraiment dommage que nous n'ayons pas assez de temps pour effectuer une meilleure préparation, étant donné que nous sommes tenus par les dates FIFA et que la plupart de nos internationaux évoluent à l'étranger», explique le patron du onze national, rassuré par les engagements et les garanties données par les pouvoirs publics et la nouvelle direction de la FAF. Raouraoua, bien épaulé par Nedjma, tient, à juste titre, à mettre le paquet pour arracher la qualification au Mondial 2010. Le boss de la FAF est, en effet, disposé à doubler les primes de qualification aux poulains de Saadane, histoire de les motiver davantage. Nouveau partenaire de la FAF, Nedjma promet des voitures haut de gamme Le nouveau partenaire de la FAF, Nedjma en l'occurrence, promet des voitures de haut de gamme pour chacun joueur de l'EN. Pour rappel, le président sortant de la Fédération, Hamid Haddadj, avait promis une prime de 100 000 euros par joueur en cas de qualification au Mondial et 20 000 euros pour chacun d'eux en cas de qualification à la CAN. Les préparatifs concernant notre équipe nationale au dernier tour qualificatif CAN/CM 2010, se déroulent conformément au programme du sélectionneur. Une mission de la FAF a préparé les conditions de séjour et de préparation de l'EN dans le sud de la France, pour la période précédant le match Algérie-Egypte du 7 juin 2009. Par ailleurs, une délégation de la FAF composée du sélectionneur national se rendra au mois d'avril en Afrique du Sud et en Zambie pour préparer le séjour de l'équipe nationale et réunir les meilleures conditions de préparation du match contre la Zambie, prévu le 20 juin 2009. C'est, en somme, la mobilisation générale pour décrocher le sésame pour le Mondial 2010. A présent, c'est aux Verts de prouver leurs capacités sur le terrain. Dans leur façon d'évoluer, dans leur manière de progresser, leur raison d'être, que l'on ne s'y trompe pas, est celle d'une équipe qui se mérite plus qu'elle ne se revendique ; son aptitude est également d'exprimer des vertus naturelles. Si elle veut avancer sur ce terrain, elle devra faire attention à ne pas froisser les principes et les convictions sur lesquels devrait surtout reposer son jeu : faire valoir son potentiel et oser. A la veille de la prochaine CAN en Angola et du Mondial en Afrique du Sud, son programme d'action est clair. Si les matches se préparent tactiquement et se gèrent souvent par la réflexion, ils se gagnent aussi par le goût du risque et le panache. L'équipe algérienne est aujourd'hui amenée à exprimer et à penser à des choses qui semblaient la fuir depuis un bon bout de temps. Celles qui resteront toujours aussi valables sur le terrain qu'à l'extérieur. Car, se donner des responsabilités, cela permet d'avancer, de progresser. Même si parfois cela pèse. L'EN aura certainement besoin de s'octroyer une vision nouvelle : figurer parmi l'élite footballistique mondiale, en décrochant un billet pour le Mondial 2010. Cependant, il lui faut une force apte à la rendre indestructible. Qui sait ? Peut-être bien qu'on finira par lui donner raison, malgré tout… Y. B.