De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Avec l'absence d'hygiène et la commercialisation de produits alimentaires périmés ou avariés, en tous les cas impropres à la consommation, le défaut d'étiquetage constitue l'une des causes principales de la survenue des huit millions de cas d'intoxication alimentaire chaque année en Algérie, provoquant 500 décès et près de 4 000 hospitalisations. Ce qui explique le forcing opéré par les différentes structures de contrôle, malgré le manque de moyens matériels et humains déplorés par nombre d'entre elles. A Oran, par exemple, cette offensive s'est traduite ce mois de mars par le refoulement, décidé par les autorités portuaires, de 27 tonnes de viandes blanches et de plus de six quintaux de poisson congelé pour défaut d'étiquetage en langue nationale.Pendant ce mois, les mêmes autorités ont interdit l'entrée sur le territoire national de 13 tonnes de produits cosmétiques importés de Chine. En cause, l'absence d'étiquette mentionnant les indications relatives à l'identification du fournisseur, de l'importateur, de la raison sociale, des dates de fabrication du produit et de son expiration. En 2008, en application des instructions de l'Etat algérien à propos de l'étiquetage des produits, le port d'Oran a notifié ce refus à 319 fois, sur les trois millions de tonnes de produits qui y ont transité, l'objectif visé par ce décret étant de fournir aux consommateurs une information complète sur la composition des produits, pour prévenir les intoxications mais aussi pour éviter les mauvaises surprises aux personnes souffrant d'allergie ou d'intolérance alimentaire. Plus globalement, les ports d'Oran, Mostaganem et Ghazaouet ont refoulé, au cours de l'année dernière, près de 7 500 tonnes de marchandises, généralement pour absence d'étiquetage en langue nationale. Dans leur lutte contre les malversations commerciales, les services de la répression des fraudes d'Oran ont, depuis le début de l'année en cours, traduit en justice un peu plus de 1 200 commerçants pour différentes infractions, dont le défaut d'étiquetage, la commercialisation illégale de produits périmés ou arrivés à péremption, l'absence de la raison sociale sur les produits, l'absence d'hygiène... : «Les directions du commerce ne sont malheureusement pas encore convenablement outillées pour lutter efficacement contre les malversations commerciales, estime-t-on un peu partout, particulièrement parmi les commerçants qui ne cessent de dénoncer l'ampleur que le commerce informel a prise. Il n'y a pas une réelle volonté politique pour mettre de l'ordre dans le secteur du commerce et des importations. C'est pour cela que la commercialisation de produits alimentaires périmés et le défaut d'étiquetage existeront toujours.» Un tour dans les nombreux marchés oranais confirme cet état de fait : l'anarchie est toujours de mise et les produits proches de la péremption ou dépourvus d'étiquetage sont encore en vente dans des conditions d'hygiène parfois alarmantes. Et ce n'est visiblement pas ce qui inquiète la majorité des consommateurs qui restent beaucoup plus préoccupés par les prix.