Quoi de plus beau que de voir des mouvements et des actions de soutien et de solidarité dans les moments les plus difficiles. El Qods, ville martyre et tant convoitée, privée de l'organisation de sa propre manifestation culturelle par l'armée sioniste, ce qui risque également de provoquer des réactions plus violentes, a vu naître un mouvement de solidarité culturelle. Solidarité quand tu nous tiens ! Depuis les dernières attaques contre les enfants, les femmes et les vieillards de Ghaza et après avoir vu en boucle les images du génocide commis par Israël, il était attendu que l'interdiction par Israël de l'événement El Qods, capitale de la culture arabe 2009, fasse des vagues et provoque un élan de solidarité chez les populations et certains Etats arabes, dont l'Algérie, qui a toujours soutenu la Palestine et les Palestiniens envers et contre tous. Aussi était-il dans l'ordre des choses qu'elle accueille et héberge la manifestation interdite à El Qods. Celle-ci a été officiellement ouverte par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et l'ambassadeur palestinien à Alger le 25 mars dernier. Mieux, la manifestation «El Qods, capitale de la culture arabe 2009» est rebaptisée «El Qods, capitale éternelle de la culture arabe». Mme Toumi annoncera à cette occasion l'organisation de 94 manifestations culturelles à travers le pays en 2009, année placée sous le signe de la solidarité avec la ville martyre et la capitale de l'Etat palestinien qui n'en finit pas de naître. Une passerelle culturelle est ainsi créée entre les deux pays et les deux peuples. La Palestine et sa culture multi-séculaire et riche par sa diversité seront aussi sur les scènes algériennes qui accueilleront des artistes et hommes de culture palestiniens. S'agissant des programmes, nous avons contacté quelques établissements culturels concernés par la manifestation «El Qods, capitale éternelle de la culture arabe» pour avoir plus de détails. De nombreuses wilayas ont déjà transmis leur programme au ministère. Quant à la capitale, en dehors de ce qui a été fait avant le lancement officiel de la manifestation, rien n'est encore prévu. A l'Office national pour la culture et l'information (ONCI), qui a accueilli la cérémonie d'ouverture et organisé plusieurs activités, les responsables de la communication ont affirmé n'avoir rien reçu pour le moment et que le programme est encore en préparation. Il en est de même pour l'Etablissement Arts et Culture, qui dépend de la wilaya d'Alger et non du ministère de la Culture. Cette institution, très active sur la scène culturelle algéroise, continue à dérouler son programme annuel entre concerts de jeunes talents et quelques hommages aux artistes algériens, mais point de programme spécial Palestine. Seul le Théâtre national algérien (TNA), l'un des premiers établissements à avoir dénoncé les génocides de Ghaza en organisant un rassemblement des artistes, se distingue par un programme relativement étoffé. Continuant sur sa lancée, il a, à travers le commissariat du Festival national du théâtre professionnel, dédié son édition 2009 à El Qods, avec une série de représentations théâtrales. Parallèlement, l'espace hebdomadaire Echos des plumes abrite chaque dimanche après-midi des lectures de poèmes dédiées à la même cause. S'y ajoutent plusieurs pièces théâtrales en chantier et dont les représentations sont prévues pour le mois de mai prochain. Manifestement, entre l'alimentation en activités du 2ème Festival panafricain sur un mois (juillet prochain) et «El Qods, capitale éternelle de la culture arabe» sur toute une année, deux grosses et importantes manifestations, les responsables sont débordés et ne savent plus où donner de la tête. Mais, à la décharge du ministère et de ses démembrements locaux, la désignation d'El Qods comme capitale éternelle de la culture arabe devrait concerner l'ensemble des acteurs de la scène culturelle nationale. Associations, compagnies théâtrales ou simples artistes peuvent faire entendre leur voix, et, sans devoir attendre une quelconque tutelle, organiser des manifestations, faire un geste, une petite action pour signifier leur solidarité avec un peuple subissant une véritable déculturation et acculturation par Israël qui entend couper les Palestiniens de leurs racines culturelles et civilisationnelles pour mieux les dominer avant de les exterminer. Mais cela ne doit pas pour autant dédouaner les institutions officielles et les établissements culturels publics de leur devoir et de leur mission qui doivent s'inscrire dans le cadre d'une politique d'Etat, laquelle doit être réglée comme du «papier millimétré», ne laissant pas beaucoup de place à l'improvisation, au bricolage et à la gestion hasardeuse. W. S.