De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Louisa Hanoune a enflammé, hier, les travées de la salle Bleue. Applaudissements, youyous et vivats, la pasionaria a incontestablement captivé l'attention d'un auditoire essentiellement juvénile et parfaitement en phase avec sa rhétorique révolutionnaire. La jeunesse, filles et garçons, était là, nombreuse pour l'acclamer. Au discours de 30 minutes, initialement prévu, s'est substitué un échange improvisé de plus d'une heure et demie. A l'entame de son intervention, la candidate du PT s'est réjouie de l'accueil chaleureux qui lui a été réservé à toutes ses escales aux quatre coins du pays, appelant ses hôtes à rester sur leur formidable élan pour, exhorte-t-elle, «faire du 9 avril prochain une grande fête qui rendra l'espoir au peuple algérien tout entier». Cette mobilisation exceptionnelle témoigne, selon ses dires, d'une volonté populaire bien enracinée «à reconquérir tous les espaces démocratiques pour rompre avec le régime politique en place». Une rupture, franche et pacifique, qu'elle se propose d'accompagner afin d'approfondir la démocratisation du pays et de rendre au suffrage universel sa pleine souveraineté. Pour cela, elle se propose d'initier une «réforme politique radicale» en donnant la parole, toute la parole, au peuple. Elle plaide, à ce titre, pour la consultation des Algériens sur tous les grands dossiers et le respect de leur volonté souveraine, la mise en place d'un système politique vraiment représentatif, la réforme du service public et la renationalisation du tissu économique de l'Etat. Des choix qu'elle qualifie de «majoritaires» non seulement en Algérie, mais aussi partout à travers le monde. Elle cite les exemples du Vénézuelien Hugo Chavez et du Péruvien Evo Morales qui auraient, selon ses dires, permis à leurs pays respectifs de s'émanciper des tutelles prédatrices du libéralisme international. «Les recettes du FMI, de la Banque mondiale et de l'OMC ont aujourd'hui largement prouvé leur échec», tonne-t-elle, insistant sur les capacités de l'Algérie à aller de l'avant, et plus vite, en exploitant rationnellement ses propres richesses. Sur ce point précis, elle se propose de geler l'accord d'association avec l'UE, et comptes rapatrier les 140 milliards de dollars déposés à l'étranger pour relancer l'agriculture, l'industrie lourde et la PME. Outre la création d'emplois durables, ces «renationalisations» permettront, selon Hanoune, de consolider le pouvoir d'achat des Algériens et d'améliorer leur quotidien. Dans son message à la Kabylie, Louisa Hanoune rappellera l'engagement solidaire de son parti en faveur de la région au cours des événements tragiques de 2001. Elle a salué au passage l'intelligence et la résistance patriotique de cette contrée face aux complots qui lui ont été tendus. Elle se dit prête à officialiser le tamazight pour consolider davantage l'unité nationale. «La dure épreuve de 2001 est loin derrière. Il nous appartient de barrer aujourd'hui, définitivement, la route aux mafias qui ont l'habitude de sucer le sang des innocents», insiste-t-elle, mettant en garde ceux qui ont l'habitude de jouer avec le feu. «Le respect du libre arbitre doit absolument prévaloir le 9 avril prochain», prévient-elle, avant d'annoncer, en guise de conclusion, que son dernier meeting électoral est programmé à Tizi Ouzou. La «candidate travailliste» quittera Béjaïa en apothéose pour se rendre dans la wilaya limitrophe de Jijel.