Il ne se passe pas une semaine sans qu'on annonce une saisie de drogue en Algérie. Des chiffres sont rendus publics régulièrement par les différents services. Rien que dans la wilaya de Aïn Témouchent, où 77 kg de kif traité ont été rejetés par la mer et découverts tout récemment par les services de sécurité, quelque 31 quintaux de kif traité, dont cinq quintaux de stupéfiants rejetés par la mer, ont été saisis par la gendarmerie, depuis le début de l'année, et, à travers l'ensemble du pays, on parle de 26 tonnes. Et ce, sans compter les quantités importantes qui ont échappé à la vigilance des services de contrôle. La situation est inquiétante et on assiste de plus en plus à la propagation de ce fléau au même titre que d'autres fléaux touchant directement la frange juvénile comme la harga, contre laquelle le président réélu a promis une lutte sans relâche à travers l'amélioration des conditions socio-économiques. Mais qu'en est–il des détails de cette lutte ? Doit-on compter sur le mouvement associatif pour mener cette bataille ? Dans l'état actuel des choses, la réponse est non. Hier, le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONDLT) a appelé le mouvement associatif à s'impliquer dans la lutte contre la drogue alors qu'il est pratiquement absent sur le terrain de la sensibilisation. Ces organisations qui bénéficient pourtant des subventions de l'Etat ne se manifestent et ne rendent compte de leur activité que rarement. Elles ne se montrent que durant les différentes élections pour soutenir tel ou tel candidat. En dehors de ces circonstances, leurs voix sont inaudibles. Que font les associations pour lutter contre la violence dans les stades et les écoles… ? Que font ces associations pour prémunir le consommateur contre les pratiques spéculatives des commerçants ? Peu sinon rien et les exemples sont nombreux dans ce cas. Mais la faute n'incombe pas uniquement à ces associations. Il faut dire que l'administration a encouragé l'inertie du mouvement associatif à travers certaines pratiques, notamment son instrumentalisation et son idéologisation, au point qu'il a fini par oublier le rôle de relais entre le gouvernement et les citoyens qu'il est censé défendre. Ainsi, on assiste aujourd'hui à l'incapacité de la part de ces acteurs de s'affirmer au sein de la société. Pour réussir donc à faire de ces associations une force effective et influente, il est impératif d'éliminer toutes les entraves (idéologiques, financières…) et de définir leur champ d'intervention. Ce ne sera qu'après la mise en place de ces mesures qu'on pourra exiger d'elles de jouer pleinement leur rôle loin de tout calcul et de demander des comptes par la suite sur le travail accompli. En attendant la concrétisation des promesses faites à ce sujet, les associations continueront à intervenir de manière «circonstancielle» et l'inertie continuera à être maître à bord. S. I.