Près de deux tonnes ont été saisies en neuf mois. Le phénomène de consommation de drogue prend une nouvelle ampleur au point d'être considéré comme un véritable drame social. Les chiffres parlent d'eux-mêmes.12 kg de kif traité saisis à Tamanrasset, 36 kg dans la daïra de Sougueur, 97, 7 kg à Aïn Témouchent, 30 kg découverts sur une plage près des Andalouses, 20 kg à Blida et le clou du décompte à Sebdou avec une saisie de 288 kg. Soit une saisie de 495,7 kg de kif traité en trois mois. Des chiffres effarants qui font mention également d'une saisie de 1293,7 kg de résine de cannabis au cours du premier semestre de l'année en cours, à travers le territoire relevant du 4e groupement régional de la Gendarmerie nationale qui couvre les wilayas du sud-est du pays. Cette importante quantité de drogue a été saisie dans 92 affaires différentes, soit 41 affaires et 122,4 kg de drogue de plus que celles opérées au cours du premier semestre de l'année dernière. Ce qui démontre l'évolution de la criminalité organisée dans les régions du sud-est. A l'est du pays, un récent rapport de la police judiciaire fait état de la saisie de 2637 g de kif traité et 8 591 comprimés de psychotropes. Comparé à l'année précédente on avait enregistré la saisie de 2 kg de kif traité et 3774 sachets de psychotropes, le chiffre a considérablement augmenté. Dans ce même contexte, les services de la gendarmerie ont enregistré en 2004, la saisie de 12.936,30 kg de comprimés de kif traité et 370 psychotropes, soit une hausse de 32%. Ces chiffres ne font pas état des psychotropes et des drogues douces vendus en cachette. En outre, ces chiffres ne sont que la face visible de l'iceberg car la culture, la transformation, le trafic et la consommation de drogues sont, qu'on le veuille ou non, en hausse en Algérie. Il est à signaler que la drogue pousse le plus souvent au crime. En effet à titre d'exemple, en date du 24 juillet dernier, B. H., âgée de 81 ans a été jetée par-dessus le pont de Tafoura se trouvant à quelques encablures du parc Sofia (Alger) par un individu répondant aux initiales de A. S., âgé de 19 ans, présenté comme un aliéné s'adonnant constamment à la drogue et aux psychotropes. Comparé à la situation que vivent certains pays voisins ou ailleurs dans le monde, le problème en Algérie reste certes insignifiant. Faudra-t-il néanmoins connaître la quantité exacte transitant par le sol national. Son caractère illicite rend la chose difficile à évaluer mais on considère que le trafic draine chaque année plusieurs millions de dinars, causant la mort de dizaines de personnes et l'incarcération de plusieurs autres. Aussi, ces chiffres sont appelés à augmenter en cette période de Ramadan en raison de la fermeture des débits de boissons. En effet il est constaté que la consommation de drogue connaît son apogée en cette période de jeûne. Néanmoins un fait est à signaler. La grande majorité de la drogue saisie provient de l'ouest du pays. Cet accroissement de la consommation de la drogue est favorisé par la mal-vie d'une part à laquelle sont confrontés les jeunes qui trouvent dans ce créneau un moyen de gain facile et à la situation géographique de la région qui longe une bande frontalière où s'exerce une intense activité de contrebande. En effet, il est prouvé qu'une bonne partie de la drogue provenant du Maroc et destinée à l'Europe et les pays du Moyen-Orient transite par l'Algérie. Ce qui fait de Maghnia et des villes frontalières où ce trafic est très actif des zones de pénétration par excellence avant de se prolonger à l'intérieur du pays, de part en part, englobant ainsi au moins les wilayas de Naâma, El Bayadh, Saïda, Ghardaïa, Ouargla, Illizi et El-Oued par l'intermédiaire de divers réseaux clandestins d'entreposage, de conditionnement, de redistribution et d'exportation. Secret de polichinelle. Le Maroc est connu pour être la plaque tournante de la drogue en Afrique. Cette production génère un chiffre d'affaires de 14 milliards de dollars pour le royaume chérifien. Ce qui est faramineux même s'il reste loin des 500 milliards de dollars drainés annuellement de par le monde. Par ailleurs, l'autre vecteur de trafic n'est autre que l'immigration clandestine. En effet, en plus de l'infraction à la législation des changes, les immigrés clandestins sont souvent des trafiquants de drogue. Les candidats à l'immigration clandestine sont souvent vus comme une proie facile pour faire circuler ces tonnes de drogue. Aussi, pour combattre ce phénomène social, différentes mesures ont été prises aussi bien par la Gendarmerie nationale que les services des douanes telles que la création d'une structure régionale chargée d'élaborer une stratégie de lutte et de coordonner les actions des différents services. Cette lutte passe aussi par la création de nouvelles brigades mobiles et de postes d'observation le long de la bande frontalière, dotées des moyens humains et matériels mais aussi par une sensibilisation tous azimuts, sans quoi c'est la mort au bout du joint.