Au cours d'une journée d'étude et de sensibilisation sur la protection du patrimoine à Constantine, le professeur d'archéologie et de civilisation maghrébine à l'université Mentouri de Constantine, Mohamed Seghir, a plaidé pour une exploitation optimale des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) pour une meilleure protection du patrimoine archéologique. L'universitaire dira que le recours aux NTIC permettra également de «faciliter aux citoyens l'accès à ce patrimoine pour s'imprégner de son importance», et donc s'investir dans sa préservation. Il faut espérer que le plaidoyer de l'universitaire trouvera écho chez les responsables. Car, l'apport des nouvelles technologies n'est plus à démontrer dans ce domaine. Pour s'en convaincre, il suffirait de voir les résultats auxquels sont parvenus les archéologues dans le déchiffrement de papyrus complètement illisibles. Ces rouleaux, qui tombaient en poussière, ont été mis au jour dans «la villa aux papyrus» de Pompeï. Grâce à l'usage de la technologie de l'image spectrale, les caractères jusque-là invisibles sont apparus, comme par magie. Les images sont ensuite gravées sur CD et dès lors les scientifiques pouvaient mettre définitivement à l'abri les papyrus qu'ils n'avaient plus besoin de manipuler. Les nouvelles technologies ont trouvé d'autres applications en archéologie, et il ne tient qu'à nos responsables qu'elles soient mises à contribution en Algérie, comme l'a demandé M. Ghanem. Auteur de quelque 18 ouvrages sur la préhistoire et les vestiges archéologiques de la région Est du pays, M. Ghanem s'exprimera ès qualités et parlera de nombreux objets, stèles épigraphiques et pièces de monnaie en argent ou en bronze à l'effigie des rois qui se sont succédé dans la région, à l'image de Massinissa, Jugurtha, Micipsa et Syphax. Ce patrimoine, qui constitue «un inestimable creuset de références sur l'histoire ancienne et la civilisation millénaire de l'Algérie», mérite «davantage d'attention et de protection par une meilleure sensibilisation des citoyens et une formation de qualité de cellules de recherche à l'intérieur même des musées», dira-t-il. La rencontre a permis à des universitaires et à des représentants d'institutions impliquées dans la préservation du patrimoine, telles la police, la Gendarmerie nationale et les Douanes de débattre du thème «Patrimoine et sécurisation» retenu cette année pour le Mois du patrimoine. Le commissaire Salim Mansouri, de la police des frontières, a fait état de la législation algérienne en vigueur en matière de protection du patrimoine et de la lutte contre la contrebande, indiquant que les brigades spécialisées de la police ont traité, depuis leur création en 1996, pas moins de 62 affaires liées à des tentatives de trafic de pièces et objets patrimoniaux. Ces interventions, effectuées à l'échelle nationale, ont permis de récupérer quelque 560 objets archéologiques datant de la préhistoire et 5 472 pièces de monnaie, dont 1 227 en argent et en bronze, qui étaient sur le point d'être exportés de manière illégale, a-t-il précisé. Le représentant de la Sûreté de wilaya a insisté, pour sa part, sur l'importance de dresser l'inventaire de ce patrimoine «qui gagnerait beaucoup à être répertorié et classé afin de mieux le préserver et de faciliter sa protection». D'autres communications se rapportant au thème ont été données par les représentants de la Gendarmerie nationale, de la Protection civile et des Douanes algériennes au cours de cette rencontre organisée au palais de la culture «Malek Haddad» à l'initiative du musée national Cirta de Constantine. Rappelons que le Mois du patrimoine s'étend du 18 avril, qui coïncide avec la Journée arabe des monuments et des sites archéologiques, au 18 mai, la Journée mondiale des musées. H. G.