Parce que tout n'était que factice, il fallait bien qu'un jour le bel édifice s'écroule, et ses lézardes de n'en révéler que des laideurs dans la réalité… la vraie. Après son dernier échec régional, l'Entente de Sétif a laissé évidemment apparaître des lacunes qui, évidemment, étaient là bien avant mais, à tort ou à raison, soigneusement préservées pour entretenir la façade. Aujourd'hui, il n'est plus question de l'entretenir mais littéralement de la ravaler et cela risque de prendre du temps car les différents acteurs, les structures et l'environnement immédiat n'y sont pas préparés, encore moins à relever le gant. Tout le monde pourrait dire également à tout le monde qu'avec du recul il est aisé de critiquer. Ce serait à la limite comme tirer sur une ambulance. Mais force est d'admettre qu'il aurait été malhonnête de croire que la courbe ascendante dans laquelle se trouvaient les Sétifiens ces trois dernières années ne pouvait laisser insensible le plus incrédule des connaisseurs du football algérien et ce, d'autant que l'armada médiatique, en l'absence de spécialistes avérés, ne lésinait pas sur les superlatifs magnifiant à satiété le parcours de l'association sportive des Hauts Plateaux. De fait, les succès alignés par les Sétifiens légitimaient quelque part tous les espoirs des responsables algériens qui voyaient le renouveau du football venir de cette région du pays. Preuve en est que trois clubs longent cette heureuse RN 5 (MCEE, ESS, CABBA) lesquels, incontestablement, sont loin de faire seulement de la figuration parmi l'élite. Pourtant, cette saison, quoique mal amorcée, allait porter ses premiers fruits une fois l'entraîneur connaissant mieux ses troupes, les joueurs trouvant progressivement leurs repères et surtout les mécanismes obligés avec leurs coéquipiers sachant que tous venaient d'horizons divers. Toutefois la machine donnera, d'une manière subliminale, la nette impression d'être poussive dans sa progression en ce sens que les résultats n'étaient plus acquis d'avance et les grands rendez-vous passés souvent non sans frayeur. Si l'ESS planait sur les débats qui avaient lieu sur l'ensemble des terrains du pays, l'Entente ne constituait plus cet ogre qui faisait trembler tous ses adversaires et il lui arrivait par voie de conséquence de mettre un genou à terre face à des équipes ordinaires. L'élimination en Coupe d'Algérie face au CABBA, devenue sa hantise et au lendemain d'une rencontre régionale perdue à Sétif face aux Tunisiens n'allait finalement que confirmer le déclin d'un ensemble dont les joueurs, vraisemblablement, n'avaient plus la «gagne» mais avaient surtout perdu le goût d'évoluer ensemble sous les couleurs de l'ESS. Des choix sur tous les plans discutables Sans ces sensations, il relevait de la gageure d'obtenir des résultats d'un entraîneur qui, selon les proches de l'association, n'avait pas la dimension de l'emploi si ce ne sont les compétences exigibles pour les challenges impartis d'une part et très peu d'autorité sur les joueurs avec lesquels il composait à l'humeur du moment ou en fonction des capacités d'un joueur donné à s'imposer, non pas en raison de sa valeur mais celle (capacité) au harcèlement et souvent à l'agressivité verbale ou les déclarations tous azimuts dans les colonnes de journaux spécialisés. Des mesures rétorsives qui avaient pour effet de peser dans les choix du driver… au détriment de la spécificité de chaque rencontre, de la nature du terrain d'évolution et, en général, sur les chances de son équipe d'appliquer un jeu conforme à une stratégie applicable à l'adversaire ponctuel. L'échec de l'ESS constitue en fait un cinglant démenti à toute idée de professionnalisation du football algérien qui consisterait en un calcul étroit pour une association, eu égard à sa fortune ponctuelle de réaliser une OPA sur le reste des associations en leur soustrayant contre espèces sonnantes et trébuchantes, en vérité leurs meilleurs éléments, sans pour autant que ces derniers puissent avoir la garantie d'évoluer le temps qu'il faut, c'est-à-dire le temps d'une rencontre. Le club sétifien évoluait chaque semaine avec un effectif en gardant en réserve un autre de même valeur si ce n'est supérieur, selon certains spécialistes. Tous les joueurs qui chauffaient le banc de touche constituaient, la saison passée, la fine fleur des clubs dans lesquels ils ont été puisés et, incontestablement, c'est leur présence au sein de ces mêmes clubs qui permettait d'entretenir un rapport de force rationnel entre des formations déjà fortes du fait de la richesse de leur effectif et celles qui ne l'étaient pas autant et qui abritaient en leurs rangs des valeurs individuelles permettant de faire la différence et, par voie de conséquence, de faire garder à la compétition son équilibre. L'ESS avait repris avec un parfait mimétisme l'expérience madrilène avec ses galactiques. Or, si le Real Madrid avait réussi une saison parfaite la première année, il ne se relèvera pas lors de la deuxième et laissera en route d'ailleurs le titre au Barça, nettement moins starisé. En tout état de cause, c'est aux instances nationales du football de tirer des enseignements des expériences tentées par l'Entente de Sétif mais aussi par l'USM Annaba même si ce club est vite rentré dans les rangs. Car, ce faisant, avec la politique choisie par ces deux clubs, ce ne sera certainement pas la formation des jeunes (pilier de la politique du secteur) qui y gagnera. A. L.