On peut regarder le palmarès d'un club pour définir son prestige. En effet, le nombre de titres qu'il aura gagnés et la taille de ces titres sont très importants. Ensuite, on peut voir la présence de l'ES Sétif sur la scène internationale. En s'attardant sur ses participations aux différentes Coupes africaines et arabes, à son parcours en Championnat national ou même à ses victoires, nous avons là un indicateur très fiable. La ferveur et la fidélité des supporters ont aussi leur importance. L'Aigle noir, qui déchaîne les passions, est forcément de taille, comparé aux autres clubs qui laissent les gens indifférents. Souvent, le public est présent et en nombre, de tout le pays, et même de l'étranger, à partir d'une épopée réussie en compétitions internationales. Nous pouvons également mentionner la capacité du stade. En effet, c'est un facteur qui peut prouver que le club est soutenu. Enfin, un dernier facteur, peut-être moins important, serait la stabilité du club. Un grand club doit toujours avoir une bonne équipe (président, directeur sportif, entraîneur, joueurs, préparateurs physiques...) qui établit une certaine stabilité et un projet d'avenir ambitieux. Au fil des années, les derniers titres permettent aux Ententistes de se positionner aux côtés des plus grands clubs de football au niveau régional et continental. Au cours des années, le club de football de l'ESS remportera de nombreux matches en Ligue arabe des champions pour remporter deux fois de suite le trophée de champion arabe. L'ESS fait partie des prestigieux clubs algériens. Le club a, en effet, remporté de nombreuses coupes après l'indépendance (6 au total). L'Entente est également la seule équipe algérienne à avoir gagné la Coupe afro-asiatique en 1989 au Qatar. Mais, en concédant la défaite au match aller à Sétif face à l'ES Tunis, les Ententistes de Sétif ne doivent s'en vouloir qu'à eux-mêmes d'avoir raté si près du but l'un de leurs principaux challenges de la saison. Pour la première fois, donc, en trois participations en Champions League arabe, ils ne parviennent pas à atteindre la finale. Dommage pour un si grand club africain et arabe, détenteur de surcroît du double titre dans la compétition régionale . Courir plusieurs lièvres à la fois... La demi-finale retour contre l'ES Tunis au stade d'El Menzah constituait la 52e rencontre livrée par les Algériens depuis le mois d'août précédent soit en neuf mois seulement sur les quatre fronts de leurs engagements sur le plan national (Coupe et Championnat) que continental (la Coupe de la CAF dans sa dernière et présente éditions, et la Champions League arabe). Cela revient à dire qu'ils ont voulu courir plusieurs lièvres à la fois et ils risqueraient gros de rentrer bredouilles. L'ESS, tout le monde le sait, est un club d'échéances. Fantasque et irrégulier en Championnat national, il fait montre lors des rendez-vous arabes et africains d'un autre visage, souvent reluisant, et d'une carrure qui dépasse largement celle entrevue en Championnat national où il ne faisait qu'alterner le bon et le moins bon. Les Noir et Blanc nous ont tellement habitués ces dernières années à de remarquables parcours dans les compétitions internationales qu'ils ont fini par nous faire croire qu'ils se sont forgé une invulnérabilité solidement assise partout où ils voyagent en Afrique et dans le monde arabe. Malheureusement, cette idée a volé en éclats à l'issue de la défaite essuyée (0-1) face à l'ES Tunis, sur la pelouse du stade du 8 Mai 45 de Sétif lors du match aller de la demi-finale de la Ligue arabe des champions. Mais, en fait, on pouvait percevoir les signes annonciateurs de cet échec à travers les petites sorties livrées ici et là par le groupe de Azzedine Aït Djoudi très contesté par certains joueurs non titulaires. Après son élimination en demi-finale de la Coupe d'Algérie, face à son ennemi juré, le CABBA, aux tirs au but (5-4), le club des Hauts Plateaux n'a nullement convaincu en match retour de la Ligue arabe des champions à Tunis en se faisant battre sur un score de 2 à 0. En l'absence du métronome Lazhar Hadj Aïssa, et du pilier de la défense, Amine Aksas, le groupe fut l'auteur d'une prestation quelconque en demi-finale de la Champions League arabe face à son tombeur, l'EST. Ce jour-là, les Algériens auraient pu aspirer en fin de match à la victoire, après une seconde période époustouflante. La mauvaise passe a été confirmée de nouveau contre le club angolais de Recreativo Lipolo où les clubistes ont énormément cafouillé avant de battre sur un score large (4-0) un adversaire angolais loin de constituer un foudre de guerre et manquant terriblement d'expérience à l'échelle continentale. En somme, la sortie des Sétifiens contre l'EST, où ils déplorèrent de nombreuses carences à tous les niveaux du jeu, est venue dans la foulée de bien d'autres où le malaise était à chaque fois fort perceptible. Lassitude physique et mentale A l'évidence, le fléchissement de Belkaïd et de ses camarades est dû en grande partie à une pénalisante lassitude sur le double plan physique et mental ayant découlé du rythme marathonien, toutes compétitions confondues, auquel ils sont régulièrement confrontés, rythme devenu plus effréné encore depuis le mois de février dernier avec une moyenne d'un match tous les quatre jours. Les Aigles des Hauts Plateaux en mettant, côté ambitions, la barre très haut, ont-ils ou non bien calculé les risques de leurs choix ? Ils ont peut-être espéré que la FAF et la LNF se décideraient à les aider à négocier les échéances arabe et continentale dans des conditions moins accablantes que celles qu'ils ont endurées jusque-là en réajustant dans le temps quelques-uns de leurs matches du championnat local. Mais il n'en fut rien. Ils n'ont bénéficié que d'un maigre avantage, fait de quelques reports avant de se voir soumis à un rythme effréné de multiplication de matches en retard. La saturation a affecté l'effectif à des degrés variables. Elle a touché surtout le milieu avec les blessures de Khaled Lemouchia et de Belkaïd Farouk. Les blessures à répétitions de Lazhar Hadj Aïssa, cet attaquant qui peut à lui seul faire basculer le résultat d'un match, a beaucoup influé sur le rendement de l'équipe à Tunis. Ces joueurs cadres ne sont plus depuis quelques semaines en possession de toutes leurs sensations. Mais il n'y a pas que cela dans la mesure où d'autres éléments n'ont été d'aucune utilité pour le groupe, tel Fahem Bouazza depuis sa venue du club oranais, le MCO, tel aussi Mohamed Seguer qui n'est pas parvenu à s'imposer depuis son recrutement du MC Saïda. Pis encore, au moment où des joueurs ne pouvaient plus donner le plus escompté au rendement de l'ensemble, d'autres par contre sont insuffisamment utilisés, soit parce qu'ils sont plus ou moins négligés ou parce que, pour des raisons que nous ignorons, leurs noms n'ont pas été retenus contre toute logique sur la liste arabe. «Les supporteurs sétifiens ont exigé le départ d'Aït Djoudi et de son adjoint» La double défaite de l'Entente de Sétif (0-1) à domicile face à l'Espérance de Tunis et à El Menzah (2-0) en match aller et retour de la Coupe arabe des clubs champions a eu l'effet d'un véritable séisme au sein des nombreux supporteurs sétifiens qui n'ont pas du tout reconnu leur équipe sur le terrain face aux Espérantistes qui n'étaient pas venus à Sétif en victimes expiatoires, bien au contraire. Les supporteurs sétifiens, qui sont encore sous le choc, ont exprimé de vive voix leur mécontentement devant la piètre prestation de leur équipe face aux joueurs tunisiens, plus volontaires et mieux organisés sur le terrain et qui ont su porter l'estocade sur une contre-attaque bien menée à 15 minutes de la fin de la partie. De nombreux supporteurs ont exigé le départ de l'entraîneur en chef et de son adjoint qui ont, selon eux, failli à leur mission de mener l'Entente de Sétif en finale et de lui permettre de décrocher le trophée arabe pour la 3e fois consécutive. Néanmoins, des supporteurs moins pessimistes croient fermement que l'Entente, en renouant avec son jeu efficace habituel, pourrait décrocher une place en phase de poule pour la Coupe de la CAF, comme elle l'a si bien fait contre d'autres équipes arabes hors de ses bases, ces dernières années dans cette même compétition, appelée aujourd'hui Ligue africaine des champions. L'entraîneur de l'ES Sétif, Azzedine Aït Djoudi, n'est plus à la barre technique du club, au lendemain de l'élimination du club en demi-finale de la Ligue des champions arabe de football par l'ES Tunis. «Après avoir discuté avec la direction, on a décidé à l'amiable de mettre fin à ma collaboration avec l'ESS», a confirmé à l'APS, lundi dernier, Aït Djoudi, joint à Tunis. L'ESS a été battue lors du match retour dimanche (2-0, mi-temps 1-0) par l'ES Tunis. Au match aller disputé au stade du 8 Mai 1945, les Sétifiens se sont inclinés sur le score de 1 à 0. «Non, je n'ai pas été écarté de la barre technique du club'», a-t-il souligné, en précisant : «Je me suis retiré. C'est un départ à l'amiable.» Jeudi dernier, le leader du Championnat national a été éliminé en demi-finale de la Coupe d'Algérie par son voisin du CABBA aux TAB (4-3, 1-1 après prolongations). En attendant, la nomination d'un nouvel entraîneur, c'est Malik Zorgane, l'adjoint d'Aït Djoudi, qui aura la tâche de préparer l'équipe pour le match retour des 8es de finale de la Coupe de la CAF face aux Angolais de Recreativo Libello, prévu aujourd'hui. Lors du match aller joué à Sétif, l'ESS l'a emporté (4-0). L'ESS est leader de notre championnat avec 48 points et quatre matches en retard. Aït Djoudi a succédé au technicien français Bernard Simondi sept journées après le début du championnat. «Je quitte l'équipe avec des résultats probants», a affirmé Aït Djoudi. Du pain sur la planche pour le staff technique Maintenant que le mal est fait, que l'ESS a perdu son titre régional, qu'Aït Djoudi n'est plus aux commandes du club, il appartient au staff technique en place, composé de Rouabah et de Zorgane, de mettre les bouchées doubles pour remédier aux carences déplorées afin que le groupe se présente dans de bonnes dispositions au match de la Coupe de la CAF contre le club angolais de Recreativo. Et il va sans dire que le gros du travail consistera dans la préparation psychologique dans le but de renflouer un moral sévèrement altéré par la désillusion de Tunis et de Batna. Malheureusement, la finale de la Champions League arabe ne sera pas encore une fois animée par le club des Hauts Plateaux, puisque l'ESS a été éliminée samedi dernier, à Tunis, par l'ES Tunis , qui sera opposée au WA Casablanca malheureux finaliste de la dernière édition. Il faut dire que les Noir et Blanc avaient brouillé leurs cartes depuis le match aller au stade du 8 Mai 45 de Sétif, en se faisant malmener sérieusement par les Tunisois (1-0). Dimanche dernier, dans le stade Olympique d'El Menzah plein à craquer et pavoisé aux couleurs des Rouge et Blanc, les protégés d'Azzedine Aït Djoudi ont donné l'impression de réaliser un joli coup, vu le volume de jeu présenté en seconde période et les occasions créées durant le premier half, mais ce n'était qu'un feu de paille, car les Tunisiens, nettement plus volontaires et bien préparés sur le plan physique, finirent par avoir raison, aidés en cela par le manque de percussion constaté chez les Algériens. Il est vrai que les Raho, Aksas, Diss et notamment Hadjaoui, étaient dans une forme approximative. Dommage, car le club de la ville d'Aïn Fouara a sincèrement les arguments nécessaires pour atteindre le stade fatidique de l'épreuve. Avec un effectif pléthorique et des individualités aux qualités techniques insoupçonnées, l'ESS devait normalement jouer les premiers rôles sur tous les fronts. Néanmoins, avec de faux calculs, en négligeant la compétition locale pour tabler sur les challenges arabes et africains, le club d'Abdelkrim Serrar a manqué de perspicacité au moment d'arrêter sa stratégie. Une telle erreur est impardonnable de la part d'un club aussi grand que prestigieux que l'ES Sétif. A l'inverse, on trouve une Espérance de Tunis rayonnante et impériale, fouettant plusieurs chats à la fois, qui poursuit sa marche dans la sérénité la plus totale. Leader du championnat, à une journée de la fin, qualifiée pour les de mi-finales de la Coupe de Tunisie et la finale de la Champions League arabe, l'Espérance vient de confirmer son rang de grand club qui a toujours l'art de calmer la tempête pour surgir en force. Après un laps de temps assez court, de suspicion et de remise en question, les Sang et Or ont trouvé la force et aussi les moyens de dissiper le doute. L'ESS veut fonder une entreprise pour poser les jalons d'un grand club Abdelhakim Serar, le président de l'ESS, a déclaré lors d'un forum : «On a l'intention de rendre le club très fort sur le plan économique. On va, ainsi, d'ici quelques mois, importer du matériel pour constituer notre entreprise BW [Black and White]. Cela sera une EURL. On ne peut, au départ, créer une société par actions. Personne ne peut avancer un capital sur du vide. On est très confiants pour que cette entreprise puisse nous permettre de poser les jalons d'un grand club. Il ne faut pas oublier que la wilaya de Sétif est une ville très prospère. Ses gens sont dynamiques. Cela ne peut que nous favoriser à être économiquement au-dessus des autres. Car, celui qui est fort économiquement ne peut que jouer les premiers rôles du fait qu'il aura les moyens nécessaires pour acheter les meilleurs joueurs. Notre équipe ne sera jamais faible. On y veille !». Serar avait répondu à la question relative à la formation avec un certain rictus en disant : «A chaque fois qu'on rencontre le ministre de la Jeunesse et des Sports, tout le monde lui parle de la formation et des centres de formation. Au fond, le problème est plus complexe qu'il n'en a l'air. En effet, on constate qu'il y a énormément d'entraîneurs au chômage et qui sont des sortants de l'ISTS et autres. Personne parmi eux n'acceptera de former des jeunes pour 50 000 DA. Ils préfèrent tous entraîner l'équipe des seniors pour des sommes plus importantes. Comment voulez-vous parler de la formation quand vous n'avez pas les cadres formateurs ? La formation est un leurre actuellement !» Il est évident que le président de l'ESS est très confiant pour qu'elle devienne un club qui domine, non seulement, en Algérie, mais à l'échelle arabe et africaine, et ce, grâce à la ville de Sétif qui s'est mue en un véritable pôle de développement du pays. Y. B.