Photo : Sahel De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Jusqu'à une époque récente, les communes de la wilaya de Tlemcen, au nombre de 53, étaient dépourvues de bibliothèques, sauf quelques-unes implantées au niveau des grandes agglomérations. A cette époque, parler de bibliothèques à Tlemcen, c'était soulever un gros problème du fait que les infrastructures existent et d'autres en cours de construction, mais sont … sans âme. Le livre faisait défaut et le goût de la lecture s'est effrité depuis longtemps. Aujourd'hui, la majorité est dotée de titres, et les responsables ont appliqué de ce que disait Chevalier de Méré : «Trois choses font un savant homme : la lecture, la conversation et la rêverie. L'une enrichit la mémoire, l'autre polit son esprit ; et la dernière forme son jugement.» A Tlemcen, lorsqu'il s'agit d'évoquer la culture sur le plan «lecture», chacun peut facilement dire que la bibliothèque est une institution culturelle de la cité, désignant, de ce fait, une bibliothèque en tant qu'institution, organisation publique de diffusion culturelle… Or, la fréquentation de ces lieux semble être différente des autres lieux publics, et espace d'Internet… alors que la bibliothèque joue un rôle dans l'appropriation culturelle individuelle et communautaire. En effet, la bibliothèque n'est peut-être pas seulement un lieu de diffusion, où le contact direct entre le public et les documents serait suffisant, mais elle assume aussi un rôle d'entremetteur entre cette sélection de documents et le public, en exposant le cheminement mis en œuvre. Pourtant, les bibliothèques publiques, si une fois bien «garnies» et équipées, peuvent contribuer de façon indubitable à une lutte contre les processus d'exclusion et de relégation… ironie du sort : elles le sont mais peu fréquentées. Une bonne politique s'impose pour forcer les jeunes à lire davantage loin de l'écran des micro-ordinateurs. Cela dit, dans les bibliothèques, les jeunes peuvent majorer un «capital» scolaire et culturel qu'ils tenteront, ensuite, de faire fructifier sur le marché de l'emploi. Grâce aux livres, certains élaborent une vision de soi, de l'autre, du monde et acquièrent le sens critique, qui leur permet d'appréhender toutes les situations avec un esprit clairvoyant.Un bon nombre d'observateurs ont affirmé que, sur le plan éducatif, la bibliothèque est perçue avant tout comme ce complément essentiel de l'école. S'ils s'aventurent dans les rayons, c'est essentiellement pour chercher des documents en rapport avec le devoir ou l'exposé à préparer. Or, sur le terrain, la réalité est amère, car, pour revaloriser ces infrastructures, afin que le livre puisse trouver sa place dans le domaine culturel, c'est tout un effort qui devrait être fourni, autrement, rien ne sera changé. «Obliger les écoliers à faire des recherches pour leurs projets via la lecture est une solution efficace pour encourager celle-ci», dira un parent d'élève, alors qu'un autre ironise : «Lire, et on demande à nos enfants de faire des recherches via Internet sans même savoir ce qu'ils ont imprimé et remis à l'enseignant.» De leur côté, les universitaires et les spécialistes indiquent que la mission d'une bibliothèque n'est-elle pas avant tout d'être le lieu où peuvent s'exercer les droits culturels de chacun, de permettre l'accès, le plus démocratique possible, au savoir, et à des œuvres qui aident à penser sa vérité subjective et son humanité partagée, offrir des passerelles vers des univers culturels élargis, vers des lectures plurielles. Les bibliothèques contribuent à la politique et au développement culturel comme elles répondent aux besoins de recherche et de connaissance, offrant, de ce fait, informations et divertissements tout en faisant la promotion de la connaissance sur la littérature, la musique, les arts, l'histoire et d'autres aspects de la culture. Sans la culture, les bibliothèques ne sauraient exister et, en retour, les bibliothèques font la promotion de la culture et la favorisent. La lecture à Tlemcen, qui a perdu de sa vocation comme au bon vieux temps, semble renaître mais de façon timide. Pourtant, lire, au sens strict, c'est se mettre à l'écart du monde qui nous entoure et qui sollicite nos sens, pour nous concentrer sur les signes du livre que nous avons entre les mains. On privilégie aujourd'hui la masse des connaissances validées par un diplôme et on néglige la lecture. On n'a pas le temps de lire, on a mieux à faire… Mais, qu'est-ce que la lecture ? Sur le plan de la lecture, un intellectuel dira à ce sujet la nécessité d'accentuer les manifestations des Salons du livre car ils ont une incidence sur le rendement en lecture. Cela montre bien à quel point les caractéristiques familiales sont des cibles très importantes pour des interventions visant à améliorer le rendement en lecture globale des élèves et visant à aider ces derniers à réussir dans le domaine de la lecture, quels que soient leurs antécédents. Nous avons constaté que les aspirations des parents reliées à l'éducation, au soutien pédagogique familial et l'intérêt des parents à la vie intellectuelle sont les caractéristiques familiales qui ont le plus d'incidences sur le rendement en lecture des élèves. De façon plus précise, soulignent certains, plus les aspirations des parents reliées à l'éducation sont élevées et plus le rendement en lecture de leurs enfants est élevé. Les parents doivent se fixer un objectif plus élevé en matière d'éducation pour leurs enfants et renforcer constamment les efforts déployés par leurs progénitures pour atteindre cet objectif. Cependant, il est souhaitable que les parents saisissent cette opportunité et déploient des efforts pour offrir un soutien approprié afin d'améliorer le rendement en lecture de leurs enfants. Le livre n'est autre qu'un miroir qui réfléchit. L'été venu, la routine ayant perdu ses droits, il est temps de se laisser happer par le flot des mots, des images en cascade que nous offrent les écrivains. Enfin, nous aurons le temps de nous baigner dans cette douceur, de jeter les amarres sur des terres inconnues. Malgré des prix élevés, on n'ose acheter que quelques titres recherchés et au niveau des librairies, et tout au long de l'année, les livres se succèdent, bien en place sur les rayons. Là, à attendre les beaux jours, ils ont patienté jusqu'à ce que le temps permette qu'on ne les néglige plus ou qu'on ne les consulte plus qu'à la sauvette.