Offrir aux élèves, les plus jeunes surtout, l'occasion de s'échapper des salles de cours sans risquer de se faire taper sur les doigts, est sans nul doute le meilleur cadeau qu'on puisse leur faire. La joie n'en sera que plus grande si la leçon académique est remplacée par une sortie pédagogique qui les emmènera à la découverte d'un site, d'un musée, d'une exposition, d'une pièce de théâtre, d'un conteur ou d'un film. L'enfant, curieux de nature, se réjouira de voir remplacer livres, cahiers et tableau, qui, à la longue, deviennent rébarbatifs, par un autre paysage, un autre cadre où il découvrira autre chose que ce qu'il trouve dans ses manuels. On a pu voir cette joie sur les visages des potaches lors des rares sorties pédagogiques. Et quand on leur demande ce qu'ils pensent de la sortie, la réponse résume l'apport et l'importance de ces sorties : «On s'amuse… On a appris beaucoup de choses et on aimerait faire d'autres sorties et voir d'autres lieux.» Normal. Les responsables des sites, les directeurs de musées, les artistes, les comédiens, les conteurs et les metteurs en scène sont toujours heureux de donner du plaisir aux enfants. Certains, comme les conteurs, en font même un sacerdoce alors que d'autres intègrent dans leurs activités un programme spécial enfants. Des valises muséales sont préparées pour permettre aux musées de sortir de leurs murs et d'aller visiter les écoles, de faire découvrir aux élèves leurs activités et un échantillon de leurs collections. Au théâtre, des pièces pour enfants sont montées. Idem au cinéma où des budgets colossaux sont consacrés à des films d'animation. Mais pourquoi alors les écoles algériennes sont-elles chiches pour l'organisation de ces sorties ludiques, distractives et pédagogiques ? Une maîtresse nous expliquera qu'elle ne peut rien faire sans le soutien du directeur qui tient les cordons de la bourse. De leur côté, les responsables des écoles se défendent en se cachant derrière le sempiternel argument du manque de moyens. Quant aux parents, ils ont souvent trop à faire pour songer à la masse d'informations, enseignements et connaissances que leurs enfants pourraient récolter grâce à ces sorties. Toutefois, si chacun a sa petite part de responsabilité, le gros revient certainement au ministère de l'Education, la première autorité, qui devrait non seulement intégrer les sorties pédagogiques parmi les charges des écoles, mais surtout accorder à ces dernières les moyens financiers et matériels de les planifier et de les organiser. Dès lors, directeurs et enseignants n'auraient plus qu'à élaborer des programmes en collaboration avec les différentes institutions culturelles ayant une place pour les enfants. Et elles sont nombreuses, pour ne pas dire toutes, qui se font un point d'honneur de réserver un peu de leur temps, de leur espace et/ou de leur programme à la frange juvénile. Il suffirait donc d'un rien pour que nos enfants aient une solide formation artistique sur le terrain, qui pourrait enrichir celle théorique, qu'il s'agirait aussi de consolider dans les programmes scolaires, lesquels, pour l'heure, ne prévoient que deux misérables heures de pseudo éducation musicale et plastique, un ersatz de culture. H. G.