Aujourd'hui, dès 17h, la Fondation Emir Abdelkader et le Centre culturel français d'Alger organisent une rencontre littéraire avec l'écrivaine Martine Le Coz qui présente son roman le Jardin d'Orient où elle retrace les quatre années de captivité de l'Emir Abdelkader, après sa résistance farouche au colonisateur français, dans la petite ville d'Amboise. Martine Le Coz, qui vit à Amboise depuis plus de vingt ans, est passionnée par l'impact de l'Emir sur les habitants de la ville qui ont troqué leur méfiance contre une relation marquée par le dialogue et le respect mutuel. Elle souligne dans une revue française que «à la fois fresque historique et réflexion toute en nuances sur la foi, le Jardin d'Orient est une invitation à l'ouverture et à la rencontre. C'est un roman qui livre le dialogue de ces caractères authentiques et les rapports complexes de leurs cultures respectives». Dans son roman, au-delà du simple fait historique, l'auteur explore la dimension métaphysique des liens fraternels entre la communauté musulmane, soit une centaine de personnes de la smala de l'Emir et les chrétiens amboisiens entre 1948 et 1852. Elle aborde particulièrement les liens amicaux qui se sont tissés entre l'Emir Abdelkader et le curé de la ville, l'abbé Robion. Dans son roman, elle décrit cette première rencontre : «L'abbé ébaucha le geste de se signer. Le regard d'Abdelkader l'arrêta. Boissonnet salua l'Emir à sa manière de soldat ; l'abbé s'inclina presque malgré lui. L'Emir, non. Nul mouvement de sa part. Nulle altération de sa face très blanche. Sans y penser, l'officier présenta le curé d'Amboise au prisonnier, et non le contraire. L'Emir reçoit l'hommage, pensa le prêtre avec effroi. Celui-ci est le seigneur du château, et le maître des hommes.» Lauréate du prix Renaudot en 2001 pour son roman Céleste, Martine Le Coz est également l'auteur du Nègre et la Méduse, Gilles de Rais ou la confession imaginaire et Nos lointains et nos proches. Marquée par la rencontre d'Emmanuel Lévinas, d'Aimé Césaire et d'Emile Shoufani, elle inscrit l'ensemble de son travail dans une perspective fraternelle. Ses romans en faveur des humiliés et des exclus témoignent d'une exigence première, celle de maintenir en soi le souci de la dignité de l'autre. Fasciné par la personnalité de l'Emir Abdelkader, elle prépare deux autres ouvrages sur lui, l'un intitulé la Couronne de vent et l'autre qui abordera le séjour de l'Emir à Damas. Elle confie lors d'une interview en France : «Que Dieu me prête vie pour pouvoir écrire encore et encore sur l'Emir car il était un combattant admirable.» S. A.