Dans sa quête de réorganisation de la discipline, la Fédération algérienne de football a pris, depuis le retour de Mohamed Raouraoua aux commandes, une série de mesures qui devraient servir de matière à un débat responsable et fructueux. Mais rien de cela n'a été vu. C'est comme si la planète du football national demeurait encore hésitante à toute idée de débat. Il est vrai que les associations peinent à présenter un quelconque projet d'organisation et de restructuration. Même quand elles le font, ce qu'elles suggèrent ne peut servir d'outil de travail compte tenu de la domination des facteurs subjectifs. Mais ce qui intrigue, c'est plutôt l'entêtement de l'auguste fédération à prendre de façon unilatérale des mesures aléatoires qui ne sont de nature à permettre un redressement du football algérien. En limitant à un seul le nombre de joueurs «étrangers» que les clubs peuvent aligner sur la feuille de match, la FAF est allée chercher le problème là ou il n'a jamais existé. La présence de ces joueurs venus d'Afrique n'a aucunement nui au niveau du championnat de D1. Bien au contraire, le niveau de certaines formations, notamment celles participant à des compétitions internationales, a connu une amélioration considérable avec l'intégration de ces éléments. Nul n'ignore ainsi que nos représentants dans les coupes d'Afrique des clubs et en Ligue des champions arabe souffriront davantage avec la limitation du nombre de joueurs venus d'Afrique à recruter. La mesure de la Fédération algérienne de football est franchement improductive puisqu'elle va générer un manque d'émulation et de motivation chez les jeunes qui intègrent la catégorie senior sans maîtriser les rudiments de la discipline. La mesure est malvenue car elle intervient dans un contexte où des managers arrivent à dénicher des éléments d'un potentiel technique très appréciable. Pour preuve, la plupart de ceux arrivés à l'intersaison ou au mercato se sont imposés de fort belle manière. Il n'est pas nécessaire de citer des noms, mais le constat est là, palpable : les joueurs venus d'Afrique s'imposent très rapidement. Ce qui signifie que le niveau des joueurs formés dans nos clubs laisse cruellement à désirer. Et c'est à ce stade que la fédération botte en touche. Explication : alors que le constat recommande la révision du chapitre formation au sein des clubs, on a maladroitement cru utile de fermer la porte à des joueurs venus d'Afrique avec un volume de formation nettement meilleur que celui de chez nous. Il est ainsi judicieux à ce que l'interventionnisme de Raouraoua aille plus loin jusqu'à contrôler ce qui se fait dans les petites catégories s'il y a, bien sûr quelque chose de football qui s'apprend à ce niveau. Car, à bien évaluer les prestations des joueurs de notre championnat, nous ne manquons pas de motifs pour comprendre le désastre commis à la base. Il semble néanmoins que l'unilatéralisme de l'équipe de Raouraoua est en voie d'éliminer toutes les contradictions, quelles que soient leurs origines, y compris celles émanant des techniciens. L'étrange mesure de la fédération a été précédée d'un autre procédé qui impose bien des interrogations quant au modèle de gestion qu'elle compte mettre en place. Il s'agit de la question des staffs techniques des différentes sélections nationales. Dans ce cas, la FAF opère à l'heure d'un football mondialisé. Ce qui se traduit par l'ouverture du marché des candidatures sans aucune restriction liée à la nationalité. Mieux : les critères d'éligibilité des futurs entraîneurs des équipes nationales sont définis de manière à éliminer plusieurs des techniciens algériens. Mais, devant la méritocratie, les remises en cause perdent toute raison d'être. Car cela ne sert absolument à rien de critiquer un modèle de recrutement qui place la barre très haut, quitte à ce que des parties -qui ont certainement le profil selon des critères que d'aucuns jugerait plus appropriés- crieraient à une volonté d'exclusion. En «jumelant» les deux modes opératoires de la fédération concernant la présence des joueurs venus d'ailleurs et celui des techniciens recherchés pour les sélections nationales, nous nous retrouvons bien en face d'une instance en perte d'identité et en déficit d'alternative. Du point de vue technique, la limitation du nombre de joueurs «étrangers» dans notre championnat ne répond à aucune évaluation rationnelle. La mesure est insensée : son application privera nos équipes de talent d'autant que l'Algérie ne produit que des «joueurs de ballon». Les footballeurs, les vrais, nous viennent souvent d'ailleurs. Concernant le poste de directeur technique national, la FAF continue de se montrer, étrangement, plus exigeante, au moment où le foot algérien n'attire plus personne. Fermer la porte aux footballeurs venus d'Afrique, d'une part, et supplier les techniciens de renommée mondiale pour restructurer notre football, d'autre part, traduit visiblement une crise d'orientation qui s'est installée dans la maison FAF. A. Y.