Liberté : M. Raouraoua, 18 mois après votre élection à la tête de la FAF, vous voilà de nouveau investi à l'unanimité de la confiance de l'assemblée générale qui a adopté à l'unanimité vos bilans. C'est certainement là, n'est-ce pas, la meilleure façon de poursuivre le processus de refondation du football national où il reste beaucoup à faire ? M. Raouraoua : Effectivement, c'est l'expression même d'une confiance renouvelée et l'adhésion à un programme tel qu'il a été dessiné au moment de notre élection en novembre 2001. C'est aussi le constat de satisfaction quant à un premier bilan, après 18 mois d'exercice à la tête de la Fédération, ce qui nous a permis surtout d'assainir administrativement et financièrement la FAF. Notre première tâche accomplie a été de supprimer ce que j'appelais la sous-administration et l'absence de moyens organisationnels, non seulement au sein de la FAF mais aussi au sein des structures rattachées telles que la LNF et l'ensemble des ligues régionales et de wilayas. Un organigramme d'organisation a été mis en place, donc qui comprend des compétences avérées à tous les niveaux en matière de gestion. La remise en selle de la DTN avec, à sa tête, un homme à la réputation bien établie, M. Saâdane Rabah. La prochaine création de la commission technique nationale et le collège des entraîneurs entrent également dans ce cadre. On sait que le meilleur moyen aussi d'assurer le maximum de réussite à ce processus de redressement, c'est de profiter de l'expérience des autres pays dans le cadre de la coopération. Peut-on connaître les résultats à ce niveau-là ? Notre premier souci est d'utiliser, avec le maximum d'intelligence, des moyens de coopération avec des pays où le football est très développé. Je vous annonce à ce titre, que dans le cadre de la coopération avec la France, nous lançons dès la saison prochaine quatre centres de formation régionaux qui constituent des regroupements en permanence de meilleurs joueurs âgés entre 15 et 17 ans. Ils seront situés dans quatre centres, Alger, Oran, Ouargla et Constantine. Cette pléiade de talents, après sélections, bien sûr, sera regroupée ensuite dans le centre national qui sera localisé, soit au complexe Mohamed-Boudiaf, soit à Sidi Moussa et même peut-être à Zéralda. En tout cas, ce centre national sur lequel nous fondons beaucoup d'espoir pour l'avenir du football national verra le jour en 2004 et regroupera une trentaine de joueurs entre 17 et 20 ans formant l'ossature de la sélection nationale de cette catégorie. Ceci dans l'immédiat. Ensuite, il faudra bien sûr assurer la continuité du fonctionnement de ces centres de formation, voire en augmenter le nombre. La formation touchera aussi les entraîneurs puisque nous avons demandé au ministère de la Jeunesse et des Sports à ce que cette formation soit intégrée dans le cycle universitaire avec cinq niveaux de formation dont, bien sûr, des stages à l'étranger. Cependant, pour concrétiser de tels projets ambitieux, il y a une donne importante qu'il faut réunir, à savoir le financement. Comment la FAF compte-t-elle préparer le budget nécessaire ? Il faut savoir que la FIFA alloue annuellement 250 000 dollars d'assistance financière pour le développement des fédérations. Le MJS est très disponible aujourd'hui et accepte de prendre en charge la formation des entraîneurs, tout comme le projet des centres de formation qui sera financé par l'Etat. Il faut savoir aussi que suite au Conseil interministériel du 12 novembre dernier, des dispositions ont été prises pour assurer un budget de fonctionnement à l'ensemble des structures du football national, y compris la DTN. Selon vous, quels sont en chiffres, les besoins de la FAF ? Pour faire fonctionner l'ensemble des structures de la Fédération et pour pouvoir prendre en charge ce programme ambitieux de refondation du football national, nous estimons que la FAF a besoin au minimum de 50 milliards de centimes. Avez-vous des garanties pour bénéficier de ces fonds ? Des garanties, c'est trop dire, mais je pense que les décisions gouvernementales seront assumées. M. Raouraoua, après 18 mois, nous avons enfin une DTN avec la nomination, à sa tête, de M. Rabah Saâdane. Peut-on dire que désormais un volet très important va commencer ? Assurément ! M. Saâdane qui n'est plus à présenter a un mois devant lui pour proposer un plan de travail qui comprendrait tous les aspects de fonctionnement de la DTN. Il a carte blanche pour le choix des hommes et des techniciens. Cependant, je lui ai également demandé de prendre en charge l'EN espoirs, car avec son expérience, c'est l'homme qu'il faut pour cette tâche. La vraie échéance pour le football algérien pour moi est 2010 et c'est avec une bonne sélection des moins de 23 ans qu'on peut être présent au rendez-vous. Est-ce à dire que la Coupe du monde 2006, n'est plus pour vous un objectif ? Non, je n'ai pas dit cela. L'objectif de participation à la Coupe du monde 2006 reste celui qui a été assigné au coach national, M. Leekens. Mais, il ne faut pas se leurrer, ce n'est pas en trois ans que le football algérien va reprendre son envol et cela, quand bien même nous parviendrions à décrocher une place pour le Mondial allemand. Notre projet n'est pas seulement d'assurer dans l'immédiat des résultats probants pour l'EN A , mais de poser les jalons d'une véritable stratégie de refondation de la discipline. C'est un plan durable qu'on veut mettre en place et c'est pour cela , je le répète, que c'est en 2010 que les véritables fruits pourront apparaître. C'est donc un travail de longue haleine qui nécessitera de la patience et de la persévérance. Vous abondez donc dans le même sens que M. Leekens qui indique que pour arriver à des résultats, il faut du temps et de la patience ? M. Leekens a un contrat avec des objectifs bien déterminés. Il y aura des étapes qui nous permettront de faire un bilan de son travail, à commencer par la CAN 2004. Autrement dit ? Eh bien, dans tout processus de redressement, il faut que les prémisses d'un redressement soient perceptibles. Il faut que les Algériens sentent que les choses bougent au niveau de notre football. Moi, je ne veux pas parler de participation honorable à la CAN 2004, mais d'une participation qui montre qu'on avance dans le travail. Alors attendons, pour voir. Justement au sujet de l'EN, certains ont critiqué le recrutement d'un directeur administratif, en l'occurrence M. Pauwls. Qu'en pensez-vous ? Je vais vous faire une confidence : quand M. Leekens m'a parlé de la nécessité de recruter M. Pauwls, j'étais absolument contre. Je me disais que beaucoup de cadres algériens pouvaient faire son travail. Mais maintenant, je me rends compte que je me suis trompé. M. Pauwls fait un excellent travail sur le plan organisationnel de l'EN. C'est un véritable travail de fourmi. Tout est prévu à l'avance et les joueurs sélectionnés possèdent tous un fichier administratif, ce qui n'existait malheureusement pas avant. Alors, au lieu de critiquer à tout bout de champ, apprenons plutôt à bénéficier de l'expérience des autres… Mais certains y voient une volonté de marginaliser les techniciens algériens… C'est faux ! Notre politique est faite justement pour élever le niveau du technicien algérien et le préparer à prendre en charge nos équipes nationales. La preuve, l'adjoint ou les adjoints de Leekens, seront des Algériens que M. Saâdane choisira. Même pour les autres catégories, à valeur égale j'ai demandé à Saâdane de plaider pour des compétences algériennes. Mais, l'Algérie doit s'ouvrir sur le monde et profiter de l'expérience des pays développés. C'est en fait pour moi un faux débat et un mauvais procès qu'on fait à la FAF. Est-il vrai que la Fédération est contre le retour de Ali Benarbia, en Equipe nationale ? La FAF ne s'ingérera jamais dans le choix de l'entraîneur national. Il est libre de choisir les éléments qu'il veut. Alors, si, Leekens veut ramener Benarbia ou un autre, il est tout à fait souverain. Le match retour Algérie-France est-il toujours d'actualité ? Oui, c'est un match amical que nous voulons organiser après le premier match aller disputé en France. Le président de la Fédération française, M. Simonet doit venir en Algérie et ce sera, entre autres, l'occasion d'en discuter. Ceci dit, à la fAF, nous n'en faisons pas une obsession. Le fait que le maire de Nice ait refusé d'organiser le match amical Algérie-Nice pour des raisons politiques, ne vous a-t-il pas déçu ? Sans vouloir polémiquer, j'ai demandé à ce que notre ambassade en France exprime son mécontentement à ce propos. Ceci dit, nous jouerons à quelques encablures de Nice, un autre match amical face à l'O Marseille alors... M. Raouraoua, les suspensions des stades que vous avez décidées au sein du bureau fédéral en premier lieu, ont fait beaucoup de mécontents cette saison. Pensez-vous que c'était là la meilleure manière de juguler la violence, surtout que celle-ci ne s'est pas estompée ? Oui, je le pense. Si nous n'avions pas pris le taureau par les cornes et décidé de suspendre les stades où des actes de hooliganisme ont été constatés, le championnat national ne serait jamais parvenu à son terme. C'était une urgence. Maintenant, c'est vrai il y a toujours des mécontents mais une sanction est faite pour punir et non par pour faire plaisir, d'où le mécontentement. Certains, à l'instar de M. Hannachi, président de la JS Kabylie ont même parlé de deux poids, deux mesures… M. Hannachi est libre d'exprimer son opinion. Pour ma part, je veille au respect de la loi et au bon déroulement des compétitions. Les sanctions ont été prononcées à un moment où tout le monde devait assumer ses responsabilités, et tant pis si certains clubs ont servi d'exemples et payé les frais de cette violence qui doit être absolument bannie de nos stades. Ceci dit, la violence n'a pas cessé pour autant. Là aussi, du travail reste à faire. Je vous annonce que prochainement, une réunion regroupant la Fédération, le ministère de la Jeunesse et des Sports, l'Intérieur ainsi que d'autres organismes, aura lieu pour arrêter un certain nombre de décisions afin de préparer la saison prochaine. Il y existe une réelle volonté d'en finir avec ce fléau et l'Etat est déterminé à tout mettre en œuvre. A ce titre, une batterie de mesures est prévue dans laquelle, par exemple, on peut prévoir qu'un envahissement de terrain est un délit passible de prison. S. B.