Le report, à maintes reprises, de l'assemblée générale élective du Comité olympique algérien se justifiait par la nécessité d'assainir le climat et de ne laisser que les personnes éligibles se livrer la course aussi bien au poste du président qu'à ceux des membres de l'exécutif. Six mois se sont ainsi passés depuis la date annoncée pour le renouvellement de la composante du COA. Six mois de manœuvre et de polémique par communiqués interposés. C'est aussi la durée des appels à la transparence, au respect de l'éthique sportive et de l'esprit de l'olympisme. Aujourd'hui, le bilan de l'opération d'assainissement des rangs est décevant. Pis, on assiste étrangement à un déroutant rétablissement du décor qui a généré une lutte d'éligibilité et de légitimité, parfois aux accents de règlement de comptes. Il aura ainsi fallu l'intervention du Comité international olympique au mois d'avril dernier pour que les ardeurs se calment. L'ingérence de la tutelle suprême de l'olympisme restera incontestablement comme une tache noire dans l'histoire de l'autorité morale du sport national qui semble se détacher davantage de sa mission initiale. La lutte pour le leadership, qui refuse de livrer tous ses secrets, renseigne néanmoins sur la trajectoire prise par cette instance qui devrait servir d'acteur d'arbitrage dans les conflits pouvant naître entre des associations sportives. La chute du COA est révélatrice, à bien des égards, de la place réservée à l'éthique dans le fonctionnement de nos instances. Et quand la dérive morale s'installe dans le comité olympique, il y a bien des raisons de s'inquiéter de l'avenir du sport national dans sa globalité. Car, par essence, un comité olympique est le lieu où les luttes et les enjeux n'ont pas droit de cité. Il est aussi de nature à intervenir pour arbitrer en toute impartialité des conflits qui font jour entre des associations ou des personnalités activant dans le secteur sportif. La preuve vient d'être donnée suite à la validation de trois candidatures pour le poste de président et de 27 autres des postes dans le bureau exécutif : même ceux qui étaient éjectés reprennent place et se relancent dans une compétition biaisée. La dérive morale de notre Comité olympique se déroule devant une placidité aussi étonnante qu'incompréhensible des pouvoirs publics, incapables de peser sur le cours des choses pour rétablir un minimum d'éthique. Si la dérive du Comité olympique algérien et de sa périphérie, que nul ne peut contester aujourd'hui, se nourrit de son propre corps, le silence de la tutelle sert visiblement de carte blanche pour toutes les transgressions et les violations. Les faiseurs de troubles au sein d'une instance morale sont paradoxalement appuyés par une démission sans gloire des pouvoirs publics. Le sport, comme la politique, est une affaire d'éthique. A. Y.