Photo : Riad Par Karima Mokrani La Direction générale des forêts (DGF) met en place son dispositif de lutte contre les feux de forêt. Des activités fort intéressantes qui ne sont pas, toutefois, nouvelles, encore moins limitées dans le temps puisqu'elles se poursuivent à longueur d'année. Cette période de grandes chaleurs est l'occasion de vérifier la bonne marche du dispositif et de prévoir les risques. Des chiffres témoignent de l'engagement de l'administration centrale à mener à bon port sa mission… mais les résultats demeurent peu encourageants. Ainsi, si l'on en juge par les dernières statistiques, une moyenne de 28 000 ha est parcourue chaque année par les feux. L'année 2000 a enregistré la perte de 55 700 ha, celle de 2001, 14 000 ha, 12 000 ha en 2002, 11 900 ha en 2003, une nouvelle hausse en 2004 avec une superficie de 32 000 ha parcourue par les feux, 28 000 ha en 2005, une baisse en 2006 avec 17 000 ha de superficie brûlée, une nouvelle augmentation en 2007 avec 48 000 ha et, enfin, 26 000 ha de pertes en 2008. La tâche n'est pas facile, l'imprudence et le manque de civisme s'y ajoutant. Sans compter les vents chauds et violents qui rendent encore plus difficile la maîtrise des feux. M. Mohamed Abbas, sous-directeur de la protection du patrimoine forestier, confirme ce constat mais reste optimiste. «Tout le Bassin méditerranéen est soumis à la pression. Ce n'est pas propre à notre pays…» Le représentant de la DGF estime toutefois que les chiffres ne sont pas aussi inquiétants qu'ils semblent l'être à première vue. «C'est vrai que nous avons une moyenne de 28 000 ha de pertes chaque année mais pas à 100% de forêts. La superficie forestière ne représente que 40% de toute la partie brûlée. Le reste, c'est de la broussaille, de l'alpha… des matières qui se reconstituent rapidement», explique notre interlocuteur. Aussi, poursuit-il, «nous perdons 28 000 d'hectares chaque année mais nous reboisons 40 000 à 50 000 ha durant la même période». Autre indication qui porte à l'optimisme, si l'on peut le considérer ainsi, c'est que «dans 70% des cas d'incendie, la superficie brûlée ne dépasse pas les 5 ha pour chaque foyer». Le responsable de la DGF, Mohamed Abbas, évoque les équipes d'intervention rapides et affirme que c'est grâce à leur «efficacité sur le terrain» qu'il a été possible de prévenir davantage de dégâts. C'est pourquoi, assure-t-il, le gros du programme de la DGF s'oriente, désormais, vers une présence plus importante de ces équipes et leur dotation en matériel adéquat. Pour le moment, le nombre de ces équipes mobiles d'intervention est de l'ordre de 473, réparties sur 40 wilayas du pays. 353 postes de vigie sont installés à l'intérieur même des massifs forestiers pour l'alerte rapide. En plus de ces équipes, il y a les chantiers de réalisation de projets de développement rural qui intéressent en premier lieu les riverains. Ces chantiers sont au nombre de 1 450, avec un effectif de 30 000 ouvriers. La présence de ces derniers à l'intérieur même des forêts ou à proximité permet d'éviter les dégâts du fait qu'ils ont la possibilité de donner l'alerte dès les premières étincelles. La surveillance aérienne n'est pas au programme mais elle est inscrite dans les prévisions futures. «Nous sommes en discussion avec des compagnies aériennes. Nous en aurons besoin, notamment pour les terrains accidentés», confie le représentant de la DGF. D'autres chiffres et d'autres chantiers pour dire l'engagement de la Direction générale des forêts à travailler de façon à réduire au maximum les risques et les dégâts : 167 conférences-débats dans les établissements scolaires, 79 expositions et journées portes ouvertes, 942 rencontres avec les riverains, 5 émissions télévisées et 66 autres à la radio (chaîne nationales et régionales), 61 prêches dans les mosquées, distribution de 10 000 affiches et dépliants, etc. Tout un programme de sensibilisation auprès des jeunes et des moins jeunes qui pourraient aider à la protection de l'arbre et à la préservation du patrimoine forestier. En matière de prévention, la DGF, indique notre interlocuteur, poursuit son travail d'aménagement et d'entretien des tranchées, l'entretien des accotements qui traversent les massifs forestiers (1 173 km), la confection des bandes labourées (20 m de largeur), l'entretien et le nettoiement des tranchées sous haute tension (avec l'aide de la Sonelgaz), l'entretien et le nettoiement des accotements des voies ferrées (avec l'aide de la SNTF), l'ouverture de nouvelles pistes forestières (488 km), la construction de points d'eau et, bien sûr, l'assainissement et le débroussaillement des espaces forestiers. Un travail continu qui fait appel au sérieux et à la persévérance, non seulement des responsables et des employés de l'administration des forêts mais aussi de tous les citoyens. La préservation du patrimoine forestier est l'affaire de tous. Et pourtant ! Il n'y a qu'à faire un petit tour dans une toute petite forêt pour se rendre compte du désintérêt du citoyen envers ce qui est une grande source de la vie.