La brigade régionale des stupéfiants de Tlemcen a organisé, jeudi dernier, une journée de sensibilisation contre les méfaits de la drogue, surtout quand on sait que, l'année dernière, les saisies de kif en Algérie a été de 16 tonnes. A elle seule, la brigade régionale de Tlemcen a réussi à mettre la main sur pas moins de 26 quintaux en 2007, et le premier trimestre de l'année en cours avec une saisie de plus de 100 kilos. Les organisateurs ont présenté les différents moyens de lutte contre ce fléau qui déstabilise la jeunesse, tout en présentant des expositions montrant les dangers que courent les consommateurs. Tlemcen est devenue par le temps une région consommatrice de premier rang. Son relief accidenté encourage les organisations mafieuses à surprendre par leur capacité de reproduction et par l'innovation permanente des méthodes utilisées pour accumuler du capital et défendre leurs intérêts. Les narcotrafiquants qui ont choisi la région de Tlemcen comme transit pour passer leur «came» via les ports de Ghazaouet, d'Oran, ou même Alger, activent de jour comme de nuit, et utilisent tous les moyens pour passer à travers les mailles du dispositif de lutte mis en place par les services de sécurité. Si les saisies indiquent l'ampleur du phénomène, la marchandise qui réussit à passer est dix fois supérieure aux saisies. Commercialisée par un pays considéré comme premier fournisseur et exportateur de haschich dans le monde, avec une production annuelle de plus de 100 000 tonnes de kif brut, qui engendre près de 2 milliards de dollars de revenus tous les ans, la drogue ne cesse de traverser une frontière devenue avec le temps une passoire. Tlemcen est désormais devenue une plaque tournante du trafic des drogues. C'est du moins un transit privilégié par les trafiquants qui utilisent même des enfants pour acheminer la marchandise d'un point à un autre. Les services de sécurité opèrent quotidiennement des saisies. Dans la région ouest du pays, le trafic de drogue risque de déstabiliser la situation et d'encourager le crime organisé. Les itinéraires empruntés par les barons sont ces pistes qui franchissent les frontières entre le Maroc et l'Algérie. Plusieurs moyens de transport sont utilisés, allant des baudets en passant par les motos et les voitures. La mafia utilise également des embarcations spéciales pour le transport de la drogue par voie maritime. Ceci prouve l'existence d'une connexion des filières algériennes avec les réseaux internationaux, encourageant toutes les formes de criminalité transfrontalière. Cependant, les spécialistes estiment que cette journée mondiale de sensibilisation va être un début d'une nouvelle ère de lutte contre la drogue pour sauver la jeunesse car sa consommation touche directement la majorité des jeunes. Les conséquences de cette consommation en font donc un problème majeur tant de santé publique que de sécurité. Pour réduire l'impact des drogues et de leurs conséquences néfastes, une action efficace est nécessaire, une action déterminante utilisant tous les leviers de l'action publique, notamment la mobilisation de l'ensemble des acteurs sociaux (jeunes, parents, enseignants, éducateurs, policiers, juges, soignants, chercheurs ou association) ont leur rôle à jouer pour améliorer la réponse de la société aux risques liés à l'usage et à l'abus des drogues. Il faut agir maintenant avant qu'il soit trop tard. M. M.