De notre correspondant à Montréal Youcef Bendada Le thème autour duquel les débats vont se tenir est en lui-même tout un programme. Et pour cause. Cette conférence, que l'on peut comparer sans trop se tromper à un «Davos» des Amériques réunit le gotha mondial de la finance et de l'économie pour se pencher sur la crise économique qui frappe sans discernement l'économie mondiale, ne faisant aucune différence entre les pays qui l'ont provoquée et ceux qui sont en marge de cette économie mondialisée malgré eux. Ce forum, qui vise aussi à favoriser l'échange d'informations, à promouvoir la libre discussion autour de grands enjeux économiques actuels et faciliter les rencontres pour développer les échanges internationaux, encourage la participation de chefs d'État (le président Bouteflika a été l'invité d'honneur en 2000) et de gouvernement, des hommes d'affaires, des membres de gouvernements, des fonctionnaires internationaux, des universitaires, des syndicalistes et des représentants de la société civile. En fait, c'est plus de 3 000 participants présents à cet événement qui verra défiler plus de 150 conférenciers. Des conférenciers de renom pour … sauver les plus riches Au vu de la liste des personnalités qui ont confirmé leur participation à cette conférence, M. Omar Aktouf, notre compatriote et néanmoins professeur titulaire à l'École des hautes études commerciales de Montréal, n'aurait pas manqué de qualifier cet aréopage de «pompiers au service de la grande finance et des riches». En effet, connaissant son militantisme acharné et convaincu d'altermondialiste engagé, il n'échappe à personne que la financiarisation à outrance de l'économie américaine a été l'élément déclencheur de la crise financière ayant fini par emporter les banques et les assureurs américains qui ont joué, ou plutôt, qui se sont joués des pauvres en leur octroyant des crédits hypothécaires et des financements qui dépassaient amplement leur capacité. Enfin, la réalité a fini par rattraper les «financiers» qui se sont enrichis, laissant le aux gouvernements la lourde tâche d'éteindre le feu avec les deniers publics et les sauver définitivement de cette débâcle qui ne fait mal qu'aux démunis. Ainsi, ce forum verra la présence de Robert B. Zoellick, président de la Banque Mondiale, et Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), ainsi que de M. Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, de Catherine Ashton, commissaire au commerce de l'Union européenne de Guillermo Ortíz-Martinez, gouverneur de la Banque du Mexique , de Jan Hatzius, économiste en chef, Goldman Sachs ; de Jonathan Spector, président-directeur général du Conference Board des États-Unis, de Riad Toufic Salamé, gouverneur de la Banque du Liban, de Shaukat Aziz, ancien Premier ministre du Pakistan, de Kamalesh Sharma, secrétaire général, Secrétariat du Commonwealth. La liste est longue et nous n'y inclurons qu'un dernier nom, celui de Mme Albright qui donnera une conférence. Rappelons qu'elle a été la première femme nommée au poste de secrétaire d'État des États-Unis, de 1997 à 2001, sous Bill Clinton. A ce titre, elle demeurerait une personne très influente sur l'échiquier international à telle enseigne que même le président Barack Obama lui demanderait des conseils sur la sécurité nationale des États-Unis. Actuellement, elle préside l'Institut national d'affaires internationales et la fondation boursière Truman. L'économie mondiale va-t-elle vraiment mal ? M. Gil Rémillard, président fondateur du Forum économique international des Amériques n'en fait pas mystère lorsqu'il écrit : «Nous traversons une période de crise économique profonde qui instaurera un nouvel ordre mondial dans le contexte actuel. Que ce soit en matière de finance et d'économie, de gouvernance, de développement durable, ou de commerce, il est essentiel de bien comprendre cette nouvelle dynamique mondiale qui est en train de se mettre en place.» C'est même l'avis généralisé des principaux acteurs de l'économie. Cependant, là où les avis divergent, c'est son ampleur et le degré de gravité qui ne font pas l'unanimité. Dans ce cadre, le Canada où se tiendra donc cette conférence est, il faut le répéter encore et encore, le pays le moins touché par cette crise malgré les liens solidement imbriqués de son économie avec celle du puissant voisin du Sud. Cependant, et les statistiques sont têtues, les chiffres ne sont pas toujours roses puisque le taux de chômage atteint 9,2% en 2009 et les prévisions pour 2010 sont loin d'être réjouissantes : 11%. Malgré cela, l'économie canadienne semble se redresser après deux semestres difficiles, les prix des matières premières et surtout le prix du baril de pétrole donnent des ailes au dollar canadien qui commence à rattraper les pertes enregistrées en 2008. Une hirondelle ne pouvant faire à elle seule le printemps, les temps restent durs quand même pour certains. En effet, les saisies de maisons ont poursuivi leur ascension au cours du mois de mai au Québec et ont bondi de 31,5% par rapport à 2008. Pour cette province seulement, des créanciers hypothécaires ont repris un total de 263 propriétés le mois dernier principalement dans la grande région montréalaise, ce qui représente près de 20% des saisies sur l'ensemble de la province. Selon les prévisions, le nombre de reprises de maisons risque de poursuivre sa progression au cours des prochains mois. Mais, ce que les statistiques révèlent surtout, c'est que l'économie canadienne se relève plus rapidement que ne le laissaient présager les prévisions de l'an dernier. Si la récession se poursuit, elle sera moins brutale et c'est la capacité d'adaptation des entreprises canadiennes qui a permis que les dégâts ne soient pas aussi lourds. C'est dans ce contexte, mi-figue, mi-raisin que certains grands de ce monde se réuniront et débattront des questions cruciales qui concernent également notre pays. Les grands thèmes de ces quatre journées sont : économie et gouvernance, journée du Millénaire, développement durable, santé et énergie, le commerce international et les Amériques, la finance internationale.