Trouver des revues culturelles traitant de toutes les expressions artistiques ou spécialisées dans un genre spécifique sur les étals ou les tourniquets des buralistes et des libraires relève de la gageure. S'il en existe, dans le meilleur des cas, elles se comptent sur les doigts d'une main amputée de trois doigts. Il en est de même pour les projets de création d'une revue dédiée aux arts et à la culture. On a bien vu quelques-unes de ces idées folles aboutir à la production d'une véritable publication, mais elles ont vécu ce que vit la rose. Et ne parlons pas de la qualité, dans la forme et dans le fond. Car les quelques revues qui ont existé, comme celles qui existent encore, ne pouvaient être que les miroirs de la scène culturelle locale et/ou nationale qui ne connaît pas toujours une animation touffue.L'agenda culturel est souvent chétif. Et là non plus on ne parle pas de qualité des spectacles qui sont offerts, du niveau des artistes ni du professionnalisme des organisateurs… Pourtant, malgré ces lacunes et ces déficiences, nombreux sont les acteurs et les associations qui caressent l'idée de lancer une revue culturelle, avec l'espoir d'en faire un catalyseur pour la relance de l'activité culturelle et l'amélioration du niveau des prestations artistiques. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Entre l'idée et sa concrétisation se dresseront d'incontournables écueils et d'insurmontables problèmes. Manque de moyens matériels et financiers, absence de réseaux de distribution et difficulté de constituer un lectorat, donc d'écouler le produit dont le prix de vente fait souvent effet de repoussoir, finissent par décourager les plus tenaces. Quant à ceux qui arrivent, contre vents et marées, à surmonter quelques difficultés et à boucler le parcours du combattant pour concrétiser leur projet de revue, ils devront jouer les funambules pour équilibrer leur maigre budget et se doter de la capacité d'ubiquité pour être à la publication, à la distribution et là où il faut quand il le faut afin de prendre en charge le problème qui surgirait… Or, dans un pays où tout reste encore à faire pour la promotion des arts et la socialisation de la culture, on ne peut faire l'économie du vecteur d'information tous supports et formes confondus. Si on arrive à débloquer des budgets énormes qu'on consacre à l'édition, en brochure de haute facture, de catalogues de présentation et revues pour des manifestations conjoncturelles, on peut bien en faire autant avec des projets de revues qui s'inscriraient dans la durée et serviraient la culture et les artistes algériens. Et il n'est pas nécessaire de signer de gros chèques. L'association ou la personne porteuse du projet peuvent très bien se suffire d'aides indirectes qui se traduiraient par des baisses d'impôts, des commandes d'encarts publicitaires, l'organisation des réseaux de distribution… H. G.