Photo : S. Zoheir Par M. Gemmill Après avoir trompé les Pharaons du Nil, la pression dans le groupe C commence et augmente de plus en plus. Pour dérouter l'ennemi, Hervé Renard, le coach français de la Zambie, veut rivaliser avec le Fennec et le tromper à son tour, il a besoin d'une confirmation de son hypothèse d'être plus intelligent que le petit Fennec. Le Renard affirme d'avoir «cent ruses dans son sac». Par ces paroles, il fait preuve d'une grande effronterie et essaye de provoquer le Fennec à travers ses déclarations à la presse, style : «Si la Zambie est une grande équipe, alors moi je suis Mourinho !» C'est l'Algérie qui est le favori. Vous me compariez à Guy Roux, je n'ai pas les meilleurs joueurs. Je n'ai pas de joueurs qui jouent à l'OM, à Portsmouth ou à Sienne. J'ai des joueurs qui évoluent dans de petits championnats. Alors, si, avec tout ça, on persiste à dire que la Zambie est le favori et a une grande équipe, c'est que je suis Mourinho.» Dans toutes les déclarations et interviews qu'il a accordées, Hervé Renard ne manque jamais de parler de Karim Ziani, si bien que cela finira bien par motiver ce joueur pour faire un bon match à Chililabombwe. Cependant, il se défend de critiquer l'international algérien. «Au contraire, je l'aime bien car il joue à Marseille et je suis supporter de l'OM. Chaque samedi, je suis ses prestations à la télévision. J'aurais aimé qu'il soit champion, mais cela n'a pas été fait», a-t-il expliqué, avant de répéter qu'il n'a absolument «rien contre Ziani». «Si je le cite, c'est parce que c'est une star et un grand joueur. En France, on ne connaît pas la Zambie.» Pour appuyer l'argument selon lequel la Zambie n'est pas une grande équipe, Hervé Renard cite un exemple. Dans son pays, la France, «les gens ne connaissent pas la Zambie, si bien qu'il leur arrive de confondre entre Zambie et Gambie», nous a-t-il confié. «A part mes amis, personne chez moi ne connaît la Zambie.» Mais le doux Fennec ne se laisse pas exciter et répond en mots modestes de n'avoir qu'un seul expédient dans son sac. Au cours de leur chemin, les deux ont besoin d'une situation dans laquelle ils peuvent comparer leurs capacités. Avant le dénouement de la fable (fin de match), les deux personnages utilisent leur unique ruse : le Fennec continue à poser ses pièges en appâtant le rusé Renard qui perd du temps «en cherchant dans son sac de cent ruses» une solution. Il risque de s'avérer que maîtriser une idée est mieux qu'en savoir plusieurs sans être capable de les réaliser. Pour terminer la fable, la morale clarifie ce fait : «On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire. N'en ayons qu'un, mais qu'il soit bon.». Ce qui est un peu inhabituel est le fait que le renard -qui est normalement «le vainqueur» dans les fables grâce à son intelligence et sa ruse, risque de perdre dans cette fable-là, tandis que le Fennec qui est intelligent et dissimulé mais naturellement plus doux et pas si rusé gagne. (Comme par exemple dans la fable le Corbeau et le Renard et dans laquelle le renard trompe le corbeau en le faisant «chanter». Celui-ci a une pièce de fromage dans le bec qui tombe et le renard le mange d'un air satisfait.). Dans la fable «le Fennec et le Renard», le fennec tient la chance de montrer son intelligence et son habileté. Par sa fausse modestie («Je n'ai qu'un tour» !) et son aptitude à réagir vite (peut-être parce que le fennec est habitué à fuir vite des prédateurs), il réussira peut-être à berner le plus rusé personnage dans les fables, le renard. L'intelligence cachée du Fennec et sa modestie se refèrent peut-être à l'époque de l'absolutisme où le peuple ne pouvait montrer son intelligence ouvertement : les gens étaient opprimés et dominés par les oppresseurs et devaient leur obéir totalement, il n'aurait pas accepté quelqu'un qui compromettait sa supériorité. Mais, le Renard doit savoir aussi que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute. «Cette leçon vaut bien une victoire, sans doute.»