Le procureur général a requis hier des peines allant de 3 à 20 ans de prison à l'encontre des 26 accusés dans l'affaire du détournement des 3 200 milliards de centimes de la Banque nationale d'Algérie. M. Abdelmadjid Belhadj a ainsi requis 20 ans de prison ferme à l'encontre de Achour Abderrahmane, Ainouche Rabah, Settouf Djamel, Settouf Baghdad, Mouaissi Mustapha, Merarbi Hassiba, Medjadji Omar, Amari Mohamed, Belmiloud Mustapha, Kherroubi Lekous, Dahmani Ahmed et Mezeghrani Akila. Il a en outre requis 10 ans de prison ferme à l'encontre des épouses de Ainouche Rabah et Achour Abderahmane, en l'occurrence Louati Malika et Settouf Djamila. La même peine a été requise pour Boughernout Ali, Kelii Bachir, Badèche Moussa et Zeddam Mohamed Amine, l'ex-PDG de la BNA, M. Chikhi, Chafi Salah, Tamrabet Samir. Des réquisitions qui ont donné froid dans le dos des accusés. Notamment Merarbi Hassiba, qui semblait très confiante, allant jusqu'à lancer à sa mère : «Il faut être forte. Ils n'ont rien contre moi». Au début de son réquisitoire, le procureur général a averti le tribunal qu'il allait prendre tout son temps pour démontrer la collusion entre les accusés, la constitution de l'association de malfaiteurs dans le but de détourner les 2 100 milliards de centimes. Le réquisitoire a duré 4 heures. Selon M. Abdelmadjid Belhadj, les 26 accusés sont classés en trois catégories. La première consiste en l'existence d'un chef de file, ou plutôt le cerveau de l'affaire, Abderrahmane Achour en l'occurrence. La constitution de l'association de malfaiteurs, le détournement et la complicité de détournement représente la deuxième catégorie dans laquelle le PG mettra notamment les directeurs d'agences et leur hiérarchie immédiate, c'est à-dire les deux directeurs du réseau d'exploitation d'Alger et de Blida. La dernière catégorie se situe dans la négligence observée par l'ex-P-DG de la BNA. Négligence qui a mené à la catastrophe. Le représentant du ministère public indiquera au tribunal d'intime conviction qu'il a appris le scandale par la presse. «J'étais scandalisé, mais surtout peiné». Peiné, parce que «les principaux acteurs et auteurs du détournement des 2 100 milliards de centimes ne sont personne d'autre que les employés de la banque censés protéger les deniers publics. Ce sont les premiers qui l'ont trahi.» Le procureur général (PG) expliquera par la suite les procédés usités par les prévenus pour accomplir leur forfait, à travers justement la constitution d'une association de malfaiteurs. «D'abord, Achour Abderrahmane et compagnie ont créé un nombre important de sociétés écran. Précisément 9. Aux jolies appellations (National A +, Scorpion bleu, Natassin, Rodiprom, Transport bleu…)», lancera sur un ton d'ironie le PG qui précisera quand même que ces entreprises ont toutes été créées de manière légale. C'est la première phase. La deuxième phase a consisté dans l'ouverture des comptes bancaires. Une douzaine au total : 9 à l'agence BNA de Cherchell, 2 à l'agence de Koléa et 1 à l'agence de Bouzaréah. L'étape suivante a été marquée par la remise de chèques à l'encaissement entre les 9 sociétés et «dont le seul et unique bénéficiaire est Abderrahmane Achour en utilisant, bien entendu, les procurations pour la gestion des comptes. «Les décaissements se faisaient sans que les agences n'attendent le retour des avis de sort infirmant ou confirmant que le compte de Achour était créditeur.» Le procureur prendra un à un les accusés et décortiquera le rôle de chacun dans la chaîne qu'il a qualifiée de véritable mafia italienne. «Avec un chef, Abderrahmane Achour, un lieutenant en la personne de Ainouche Rabah, un homme de confiance en la personne de Mouaissi Mustapha, le chauffeur qui accompagnait Merarbi Hassiba à l'agence de Bouzaréah d'où elle ressortait avec des sacs remplis d'argent». Ces accusés cités par le PG constituent, selon lui, le noyau du réseau «des malfaiteurs». Aujourd'hui, ce sera au tour de la défense de plaider la cause des prévenus. S'ensuivra le retrait de la cour pour délibérer et rendre son verdict sur la base de l'intime conviction, probablement demain. F. A.