Il a retiré des agences de la BNA 3 200 milliards de centimes dont une bonne partie a été transférée au Maroc. Le verdict est tombé hier, tel un couperet. Le tribunal criminel près la cour d'Alger a prononcé, en effet, une peine de 18 ans de prison ferme contre Achour Abderrahmane, le principal accusé dans cette affaire et qui n'a pas bénéficié des circonstances atténuantes. Le tribunal a également ordonné la saisie de tous ses biens dans l'affaire de dilapidation de plus de 21 milliards de dinars de la Banque nationale d'Algérie (BNA). Par contre, l'ex-directeur général de la BNA, Chikhi Mourad, a été complètement innocenté. Le commissaire aux comptes, Abed Abdelmadjid, Bougourt Larbi, l'expert et commissaire aux comptes, Kerkebene Mohamed et Chafi Salah, également commissaires aux comptes ont été tous innocentés. L'attente a été très longue pour les 26 accusés dans l'affaire de la BNA. Il a fallu une journée et demie pour connaître le verdict qui est enfin tombé hier en fin d'après-midi. Achour Abderrahmane était poursuivi pour les chefs d'accusation «association de malfaiteurs, complicité de détournement de deniers publics, escroquerie et émission de chèques sans provision». L'autre co-accusé et associé dans les sociétés fictives créées par Achour, Aïnouche Rabah, Merarbi Hassiba et Setouf Baghdad, employés dans les sociétés de Achour, ont également tous écopé de la même peine que leur chef, c'est-à-dire 18 ans de prison ferme chacun. Une peine de 14 ans de prison ferme a été prononcée contre Setouf Djamel, employé dans les socétés de Achour, Amari Mohamed, directeur de l'exploitation du réseau de Zighoud Youcef, Belmiloud Mustapha, ex-directeur de l'agence BNA de Cherchell et Dahmani Ahmed, directeur régional de l'agence BNA de Koléa. Mezeghrani Akila, directrice par intérim de l'agence BNA de Bouzaréah et Kherroubi Lakous, sous-directeur de l'agence BNA de Cherchell, ont écopé, quant à eux, de 10 ans de prison ferme. Medjadji Omar, chef de section à l'agence de Bouzaréah, a été condamné à 7 ans de prison ferme, Mouaïssi Mustapha, chauffeur dans les sociétés de Achour, et Boughernout Ali, chef de section à l'agence de Koléa, à 6 ans de prison ferme et Bedelche Moussa, Zeddam Mohamed Amine et Kouleï Bachir (commerçants), à 5 ans de prison ferme. Louati Malika et Setouf Djamila (épouse de Achour) ont, quant à elles, écopé de deux ans de prison avec sursis. Nadhir Mohamed, inspecteur général à la banque et Tamrabet Samir, directeur régional de la BNA, ont été condamnés à une année de prison avec sursis. Les faits remontent, selon l'arrêt de renvoi, à 2005, lorsqu'une lettre anonyme est parvenue à la direction de la Banque nationale sur la manipulation de chèques bancaires sans vérification comptable depuis 2004 par l'accusé Achour Abderrahmane. La même source indique que Achour Abderrahmane a créé des sociétés fictives avec ouverture de comptes commerciaux au niveau des agences de Bouzaréah, de Cherchell et de Koléa, précisant qu'il a détourné des deniers publics avec la complicité des directeurs des agences de Bouzaréah, de Cherchell et de Aïn Bénian. Lors des audiences du procès qui a duré 11 jours, les accusés ont nié tous les chefs d'accusation retenus contre eux. Le parquet général du tribunal criminel près la cour d'Alger avait requis contre les accusés des peines allant de 3 à 20 ans de prison ferme. Les avocats avaient en majorité plaidé l'innocence de leurs clients dans un procès qui a tenu en haleine les citoyens et les nombreux observateurs. Vingt-six accusés au total ont été entendus lors de ce procès qui s'est achevé samedi matin. Lors des plaidoiries, les avocats de Achour Abderrahmane, le cerveau de l'affaire, ont tous demandé la nullité des accusations arguant de l'absence de chefs d'accusation. Pour rappel, l'affaire du détournement au niveau de la BNA a coûté au Trésor algérien plus de 30 milliards de dinars. Abderrahmane Achour a été présenté comme l'un des principaux responsables des détournements ayant eu lieu entre 2002 et 2005 et portant, pour ce qui le concerne, sur plusieurs centaines de millions de dinars. Toute l'affaire avait commencé en octobre 2006 quand les autorités judiciaires algériennes s'étaient saisies du dossier de la BNA après la découverte d'une série des détournements ayant eu lieu entre 2002 et 2005. Au total, ce sont près d'une trentaine de personnes qui sont poursuivies dans le cadre de ce dossier. Les détournements en question dans cette affaire auraient été facilités par les responsables des succursales de la BNA à Koléa, Cherchell et Bouzaréah. Lesdits responsables de la BNA prélevaient un pourcentage sur les prêts consentis. Des hommes d'affaires ayant créé des sociétés fictives ont bénéficié d'importants prêts de l'ordre de plusieurs milliards de dinars sans fournir de garanties pour le remboursement. Les montants ainsi détournés auraient été acheminés vers plusieurs pays à l'étranger, notamment au Maroc où le principal accusé, Achour Abderrahmane, a même créé une société. Le montant des fonds retirés de ces agences atteint les 3 200 milliards de centimes, desquels un nombre important a été transféré au Maroc où il a acheté une briqueterie et une imprimerie moderne. Le verdict prononcé est allé dans le sens souhaité par les réquisitions, qui étaient de 18 à 20 ans de prison ferme.