La première session du Conseil des ministres arabes de l'Eau, tenue hier à Alger, aura débordé de sujets inscrits à l'ordre du jour. Suffisamment de sujets abordés pour que la question des ressources en eau soit cernée dans les détails en ce qui concerne les enjeux qu'elle représente, entre attente et défis, dans la région. Le choix de l'Algérie pour domicilier cette première initiative du genre n'est sans doute pas fortuit. Bien au contraire, la bataille de l'eau livrée ces dernières années, sous escorte de projets colossaux et de technologies qui visent à doter le pays d'un maximum d'infrastructures en mesure de rendre cette denrée précieuse plus accessible au commun des Algériens, pourrait, à l'occasion, constituer une expérience à visiter par de nombreux pays à travers les chantiers achevés ou ceux en cours de l'être. Autre expérience inscrite dans le cadre de la capitalisation de potentialités hydriques dormantes et susceptibles d'être capitalisées à leur juste valeur de bénédiction pour les zones concernées, celle qui concerne l'exploitation des nappes phréatiques du Grand Sahara dans le cadre d'une initiative menée conjointement par l'Algérie, la Libye et la Tunisie. Le secrétaire général de la Ligue arabe n'a d'ailleurs pas raté l'occasion de sa participation au rendez-vous d'Alger pour saluer cette expérience en trio de pays dans le domaine de la gestion des ressources hydriques souterraines, non sans exhorter les autres pays arabes à suivre cette voie porteuse et à récupérer les sources d'eau détournées en Syrie, en Jordanie et en Palestine. Or, et dans le cas précis de ces trois pays cités par M. Amr Moussa, il n'est plus question de bataille de l'eau réduite à être menée en solo par tel ou tel pays ou en partenariat par un groupe de pays, mais plutôt une question d'entreprise gigantesque qui n'a d'autre sens et objectif que ceux de la guerre de l'eau qui se déroule aujourd'hui sur l'échiquier géostratégique international. Du coup, la mise en place d'une stratégie arabe globale pour la préservation des intérêts communs des pays arabes en matière de ressources hydriques ne saurait se mettre en branle sans qu'elle soit considérée dans une optique de guerre à faire à ceux qui font la guerre aux Arabes en utilisant, justement, l'arme de l'eau par la voie de la privation. Et qui mieux donc que la Palestine et les Palestiniens pour raconter l'histoire d'une colonisation qui a commencé par s'installer en faisant des sources d'eau une priorité. L'histoire raconte à ce sujet précis, qu'au lendemain de la déclaration Balfour du 2 novembre 1917 qui promettait aux juifs l'établissement d'un foyer national juif en Palestine, le président de l'organisation sioniste mondiale, Chaïm Weizmann, avait écrit une lettre au Premier ministre britannique dans le souci de voir la frontière nord de la Palestine englober toutes les sources d'eau, considérant alors que l'avenir économique de la Palestine dépendait.Le vœu de Weizman a été exaucé et, mieux, Israël poursuit sa politique de la guerre de l'eau en procédant depuis des décennies à des détournement qui ne touchent pas uniquement la Palestine spoliée mais aussi la Syrie, la Jordanie et le Liban. Or, à regarder le comportement de la majorité des gouvernants arabes face à la question palestinienne, attendre qu'une riposte soit unanimement orchestrée dans l'objectif de récupérer les eaux détournées par Israël, c'est faire confiance aux mirages. L. I.