Le financier américain Bernard Madoff, 71 ans, a été condamné hier à 150 ans de prison par un juge d'un tribunal de New York, la peine maximale requise pour sa gigantesque escroquerie de dizaines de milliards de dollars qui a fait d'innombrables victimes. Accusé de l'une des plus gigantesques escroqueries de tous les temps, «Bernard Madoff est condamné à 150 ans de prison. Ainsi en a décidé cette cour», a déclaré le juge Denny Chin. Bernard Madoff, «Bernie»” pour ses amis, a su créer un mélange imparable de succès, de confiance et de mystère. Ancien président du conseil d'administration du Nasdaq, la Bourse électronique, il a compris très vite ce que la révolution informatique apportait à la Bourse. Les contrats pouvaient se multiplier à l'infini à travers le monde, signés en quelques secondes. Cette intelligence s'est accompagnée de ce que beaucoup appellent sa stratégie. «Il cultivait une aura de succès et de secret autour de sa société BMIS [Bernard Madoff Investment Securities], jouait les divas, évitant les rencontres et refusant des investissements pour des motifs snobs et saugrenues», a souligné récemment le régulateur boursier américain (SEC), qui a lui-même longtemps fermé les yeux sur les agissements de M. Madoff. La fraude Madoff a consisté à fournir durant des dizaines d'années de faux comptes faisant ressortir d'importants profits à des dizaines d'investisseurs à travers le monde incluant notamment des banques, des grosses fortunes, des universités ou des organisations caritatives. Selon les enquêteurs, 13 milliards de dollars ont été remis à Madoff et les pertes se chiffreraient entre 50 et 65 milliards, correspondant aux gains qu'auraient engendré les sommes prêtées si les intérêts avaient été réels. Agé de 71 ans, l'ancienne coqueluche des milieux financiers, avait plaidé coupable le 12 mars des 11 chefs d'inculpation, dont fraude, parjure, blanchiment d'argent et vol, avant d'être emprisonné. Madoff a demandé pardon à ses victimes devant le tribunal hier, affirmant qu'il devra «vivre avec cette douleur» le reste de sa vie. R. E.