Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar L'esplanade de Ryad El Feth a renoué avec la fête et la liesse. Le premier concert prévu dans le cadre du Panaf 2009 et du 47e anniversaire de la fête de l'indépendance et de la jeunesse a été célébré avant-hier soir dans une ambiance extraordinaire et une atmosphère festive et chaleureuse. En effet, c'est un concert haut en couleur et animé par des artistes talentueux qui a attiré plusieurs milliers de nos concitoyens, lesquels ont savouré avec beaucoup de joie et de bonheur ce spectacle qui leur a permis, enfin, de rompre avec la monotonie et la routine quotidiennes. Après tant de langueur, de lassitude et de sécheresse culturelle, Alger retrouve sa joie de vivre et son envie de faire la fête. En tout cas, le premier concert organisé à l'esplanade de Ryad El Feth, qui vibrera aux rythmes du Panaf jusqu'à la fin de ce mois de juillet, a redessiné le sourire sur les visages des familles, des jeunes, des couples, lesquels se lançaient à chaque soir d'été, après une journée torride, en quête de quelques moments d'évasion, en vain. Gratuit mais très bien sécurisé, le concert, orchestré par la chanteuse d'expression kabyle Taous et le rappeur Dadou ainsi que la star de la chanson algérienne Mohamed Lamari et la diva du raï cheba Zehouania, a jeté comme il se doit les jalons d'une nouvelle ère. Une ère où les Algériens pourront se rassembler pour faire la fête, danser et chanter sans que l'on déplore pour autant des incidents majeurs. Plus qu'une soirée, la fièvre de ce samedi 4 juillet est un fort et émouvant symbole de ce nouvel état d'esprit insufflé par le Panaf 2009. Qu'on se le dise, l'Afrique a réconcilié l'Algérie avec elle-même. Et ce n'est guère les artistes qui ont animé cette soirée de rêve qui démentiront ce propos. Eux qui ont fait danser un public venu en nombre, l'esplanade ne désemplissait guère durant toute la nuit, n'ont cessé de rendre à ce continent généreux. La soirée débuta donc avec la ferveur de la jeune Taous, âgée d'à peine 23 ans, qui a gratifié l'assistance d'un programme puisé du répertoire des chanteurs Idir et Matoub Lounes. Le public, charmé, reprenait avec gaieté les refrains de ces célèbres chansons kabyles. Des familles s'adonnaient à ce moment-là à des mouvements de danse ravissants et des youyous entonnés de part et d'autre plongeaient la méga-scène de l'esplanade dans une hystérie collective. Le rappeur Dadou a repris plus tard le flambeau, transmis en toute beauté par la jeune Taous, pour faire vibrer la scène, en compagnie de son DJ, par des chansons sur des airs reggae, hip hop et parfois raï. Mohamed Lamari, quant à lui, est resté fidèle à sa vitalité et sa bonne humeur sur scène, en interprétant ses éternelles Djazaïria, Rana H'na et l'inoubliable Afrika, une chanson chantée en duo en début des années 70 à Alger avec la regrettée Meriem Makeba qui manque tant à ce Panaf 2009. A minuit, le public assiste avec beaucoup d'émotion à la levée du drapeau et l'hymne national fut entonné à chaudes voix dans une communion que nul ne peut décrire sans céder à ce frémissement parcourant entièrement notre corps. Des feux d'artifices se sont chargés par la suite d''illuminer le ciel algérois par des couleurs et des formes magnifiques. Magnifique fut encore la prestation de la diva Zehouania qui a réussi à mettre le feu sur scène à travers ses chansons mythiques et ses mouvements sensuels exécutés avec tant de grâce. «On t'aime ya Zehouania, on t'aime trop fort», «Vive Zehouania, vive l'Algérie», «On va danser jusqu'au bout de la nuit pour toi», scande-t-on par là et par ici tout en liant la parole au geste, le verbe au corps. Un vent de folie s'est emparé samedi soir de l'esplanade de Ryad El Feth. Un vent de bonheur a bel et bien soufflé, le temps d'une soirée inoubliable, sur tout Alger.