Il y avait de la magie dans l'air ce soir-là à l'esplanade de Riadh El Feth. Une magie panafricaine a illuminé le sanctuaire du Martyr, hissé vers le ciel pour défier les anges de trouver un aussi beau bonheur que celui que le public algérois est en train de vivre depuis les premiers concerts de ce splendide Panaf 2009. Et pour convaincre les plus sceptiques, Youssou N'Dour s'est illustré mardi soir par une prestation sublime. Un concert à vous couper le souffle. Un spectacle époustouflant où la plus importante voix de la musique africaine a encensé la beauté de l'Afrique, sa sensualité, ses valeurs originelles et sa générosité naturelle. Tout un patrimoine musical qui a fait le tour du monde et qui s'invite à Alger pour la métamorphoser en une majestueuse cité africaine. Tout a donc commencé à 22 h 30. Youssou N'Dour, apparaît sur la scène de l'esplanade comme une étoile filante qui éclaire le ciel sombre, tout de blanc vêtu, tel un ange descendant du ciel pour illuminer les hommes, et commence à entonner ses premières paroles. «Bonsoir Alger…», il n'en fallait pas plus pour enflammer un public impatient et bouillonnant. En dépit des deux heures et demie d'attente durant lesquelles des techniciens s'affairaient à régler les derniers ajustements, le public n'a pas hésité à ovationner chaudement l'artiste sénégalais qui s'est donné corps et âme à ses fans venus nombreux écouter ses mythiques chansons. Des rimes qui ont fait vibrer les cœurs de ces Algériens curieux de découvrir cet autre visage de l'Afrique. De cette Afrique joyeuse qui danse et chante, ils sauront que Youssou N'Dour en est le symbole le plus flamboyant. Pour le prouver, le «Rossignol de Dakar» a magistralement roucoulé en dégainant avec des caresses vocales ses paroles suaves en wolof. Des paroles qui emplissent l'imaginaire du public de ces arômes épicés si légendaires dans les quartiers populaires de Dakar. Se déhanchant sur les rythmes du mbalax, musique percussive qui mélange instruments et rythmes traditionnels à la musique occidentale, les jeunes, venus nombreux au concert, subissent avec bonheur le sortilège musical du sorcier N'Dour. Un sorcier du langage et de la music qui signera une émouvante dédicace au regretté Michael Jackson. Ndiaga Ndiaye, Mouride, Bitim Rew, Set, 7 Seconds enflammeront par la suite une esplanade complètement acquise à Youssou N'Dour étincelant. Alliant la chair au verbe, le visage de Youssou N'Dour traduit à chaque couplet, à chaque refrain, les émotions et les sensations profondes que véhiculent ses paroles étrennées sous les percussions fantasmagoriques du Djembé. Guitare et batterie se joindront à cette chorale musicale qui épatera tout Alger. Dans danseurs chorégraphes attiseront davantage ce «foyer d'ambiance» avec leurs mouvements acrobatiques et leur gymnastique artistique qui éblouissent le regard et étourdissent l'esprit. Alternant voix douce, musique déchaînée et rythme effréné, à l'image de cette Afrique tendre et torride à la fois, Youssou N'Dour réussira à faire chavirer un public pris au dépourvu par une avalanche d'émotions remplies d'émerveillement. «On parle toujours de l'Afrique des maladies, des guerres, et jamais de l'Afrique de la solidarité. C'est pour cela que je vous demande de chanter avec moi You Africa. Vive l'Algérie, vive l'Afrique», s'écrie le prophète de l'espoir qui a tant milité pour l'unité africaine. Le public, quant à lui, répliquera par des «Viva Africa» pleins d'espoir et d'amour pour ce continent si méconnu en Algérie. Et soudain, l'acteur hollywoodien, Danny Glover, compagnon de Mel Gibson dans l'Arme fatale, ami intime de Youssou N'Dour, surprendra tout le monde par son apparition sur scène. «Youss N'Dour, Yous N'Dour, Allez, tout le monde, Youss N'Dour…», scande-t-il sous l'admiration des Algérois. «Hey les Algériens, laissez de côté tous vos soucis pendant ce festival car vous avez tout ce qu'il y a de meilleur dans la culture africaine qui se produira ici. Alors oubliez le passé et faites la fête», lance Youssou N'Dour, après un spécial 7 seconds dédiée à toute la jeunesse algérienne, à la fin de ce concert inoubliable. «Magnifique, magistral, extraordinaire», les épithètes de la langue revenaient sur toutes les langues des amoureux de la musique made in Africa à la fin de la soirée. Décidément, N'Dour a su reconquérir la belle Alger après près de 24 ans d'absence. Des retrouvailles célébrées comme des noces d'un mariage d'amour... A. S. Bio express Plus importante voix de la musique africaine, le Sénégalais Youssou N'Dour appartient au collège restreint des musiciens de son continent à avoir touché les publics les plus divers, et ce, sans renier ses racines, ni quitter son Dakar natal. Auteur-compositeur, chanteur et instrumentiste, il a enregistré en 1994, et en duo avec Neneh Cherry, le tube mondial 7 Seconds, et en 1998 l'hymne de la Coupe du monde de football, aux côtés d'Axelle Red. Yousssou N'Dour –surnommé le «Rossignol de Dakar»-a collaboré avec des vedettes internationales, tels l'Anglais Peter Gabriel, le saxophoniste camerounais Manu Dibango, ou l'Américain Paul Simon.