De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Les participants à la rencontre portant sur «les défis du cinéma arabe» qui s'est déroulée, hier matin, à l'hôtel Sheraton, ont tenté de mettre le doigt sur quelques-uns des innombrables problèmes qui minent le cinéma arabe et l'empêchent de sortir de l'ornière. «Puisse cette rencontre lever un peu le voile sur ces problèmes et proposer des pistes de sortie», a souhaité le ministre de la Communication, Rachid Boukerzaza, dans son allocution. En tous les cas, a-t-il ajouté, les autorités algériennes «sont déterminées à prendre toutes les mesures pour relancer le cinéma algérien et garantir la liberté de créer». Le ministre rappellera brièvement, mais sans donner de plus amples détails, qu'un vaste programme national de réhabilitation des salles de cinéma est en chantier ainsi qu'une législation, un cadre et une organisation garantissant, notamment, la liberté de création artistique. Pour Bourkezaza, il ne tiendrait donc plus qu'aux gens du cinéma de rallumer la flamme de la création et de la production artistiques. Il est utile de rappeler à ce propos que quelques mesures, très timides au demeurant, allant dans le sens de la relance du cinéma algérien, avaient déjà été prises il y a quelque temps, notamment celle portant sur la création d'un Centre national du cinéma de l'audiovisuel (CNCA) en remplacement du Centre de diffusion cinématographique et la transformation prochaine de l'Institut national des arts dramatique (INAD) en Institut supérieur des métiers des arts et du spectacle (ISAD). Modérateur de la rencontre, le critique égyptien, Rafik Sabbane, rappellera, lui, les défis auxquels l'Italie et la France ont dû faire face après 1945 : «Ces pays sortaient d'une guerre mondiale et, pourtant, ils ont su donner à leur cinéma son envol, et se libérer de l'hégémonie des productions américaines de l'époque». L'Egyptien évoquera également les cinémas brésilien, turc ou «encore, et surtout iranien, qui existe désormais malgré toute l'hostilité religieuse que l'on sait». Insistant sur le fait que le festival du cinéma arabe est interpellé pour trouver des solutions au déclin du cinéma arabe, l'auteur de Aziza, le tunisien Abdellatif Benamar, a, quant à lui, insisté sur le rôle de l'acteur qui, a-t-il dit, est primordial dans toute stratégie de relance du cinéma. Pour autant qu'elle existe, elle ne pourrait, selon lui, réussir en dehors de l'implication directe des acteurs eux-mêmes. La cinéaste égyptienne, Kaouther Heikel, a abordé la concurrence déloyale qui caractérise désormais le marché du cinéma, entre les lobbies, qui se sont formés ces dernières années, et les initiatives particulières : «Ces lobbies étouffent toutes les productions particulières», a-t-elle dénoncé en rappelant que la multitude des sociétés de production qui existaient jadis offraient une variété de production de tous les genres de cinéma. En tout état de cause, les intervenants à la rencontre d'hier n'ont évidemment pas réussi à dessiner une stratégie de sortie de crise, se contentant, encore une fois, de pointer très superficiellement quelques-uns des maux du cinéma arabe. Et beaucoup de participants n'ont pas caché leur scepticisme : «Il faut, de manière générale, que la culture s'affranchisse de la politique ; en l'occurrence, le cinéma doit faire sa révolution.»