De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Un vibrant hommage à Mustapha Akkad a été rendu, hier à Oran, par plusieurs personnalités du cinéma arabe tels Mahmoud Yacine, Doureid Laham ou encore Mouna Ouacef. Lors d'une rencontre qui s'est tenue à l'hôtel Sheraton, chacune de ces personnalités a livré son témoignage sur l'immense cinéaste que Mustapha Akkad était devenu après avoir décidé, en 1954, alors âgé de 24 ans, d'émigrer aux Etats-Unis pour étudier les arts dramatiques à l'université de Californie, «une copie du Coran et 200 dollars en poche», s'est souvenu sa sœur Leïla dans son témoignage. Pour le critique égyptien, Rafik Al Sabbane, Mustapha Akkad était un réalisateur politique qui, avec ses merveilleux Rissala et Omar Mokhtar, a énormément fait pour le monde arabe. «En 1991, la première fois que je l'ai rencontré, a raconté le critique Djameleddine Hazourli, j'ai été frappé par sa modestie et son humilité. C'était pourtant un grand homme qui avait réussi à “ramener” Hollywood sur la terre arabe et on pouvait voir dans leurs yeux tout le respect que les grands Mouna Ouacef, Abdellah Gheith ou Anthony Queen et Irène Papas vouaient à cet homme.» «C'était un moudjahid de la caméra, et ses films devraient être vus et revus par tout le monde», a estimé Mohamed Bensalah, sociologue et critique, qui a appelé le monde culturel arabe à «prendre à bras-le-corps l'héritage que Mustapha Akkad a laissé pour le diffuser partout dans le monde». Bensalah rappellera que le réalisateur américain, Sam Pekinpah, avait prié Akkad de participer à la réalisation d'un film sur la révolution algérienne. Projet qui n'a malheureusement jamais vu le jour… Dans leurs interventions, parfois poignantes, Mouna Ouacef, Mahmoud Yacine et Doureid Laham ont également loué le talent du grand réalisateur que Mustapha Akkad a été, lui qui avait réalisé plusieurs œuvres, dont les épiques Rissala et Omar Mokhtar (film relatant la lutte du peuple libyen contre le colonialisme italien). Pour rappel, Rissala avait été interdit en Egypte et en Syrie bien que son réalisateur ait affirmé que le scénario avait été approuvé par un certain nombre de disciples d'El Azhar. A la fin du colloque, Mouna Ouacef et Doureid Laham ont improvisé une bouleversante mélopée à deux voix à la mémoire du fervent défenseur de la cause arabe, mort lors de l'attentat suicide qui avait ciblé un hôtel jordanien. Il était âgé de 75 ans.