De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Juste après la confirmation, samedi dernier, par l'Institut Pasteur d'Alger des 2 nouveaux cas de grippe porcine A (H1N1) à Constantine, portant ainsi le nombre de personnes affectées en Algérie à 7, c'est l'état d'alerte générale à Annaba et un climat de psychose commence à s'installer dans la ville. Il faut dire que la capitale de l'Est n'est qu'à 150 kilomètres de La Coquette et le flux de voyageurs est très important en cette période de canicule qui voit des milliers d'estivants envahir les plages. L'heure est à la prudence et chacun essaye de se protéger en évitant tout contact avec des inconnus dans les marchés, les cafés, sur la côte ou dans les lieux publics. Les services de prévention de la Direction de la santé et de la population (DSP) de la wilaya ont renforcé leur dispositif tout en sensibilisant les populations à cette pandémie qui peut se propager facilement rien que par le contact avec des personnes atteintes ou en étant dans son environnement immédiat. Selon Mme Boumaïza, chef de service de la prévention au niveau de la DSP, le dispositif mis en place au niveau du port et de l'aéroport fonctionne normalement et, jusqu'à présent, aucun cas de personnes atteintes de cette maladie n'a été suspecté ou signalé, à part celui du marin géorgien qui s'est avéré être une fausse alerte. Tout a été récemment renforcé par des équipes médicales dotées des équipements indispensables pour procéder aux contrôles des passagers ainsi que pour les transferts en cas de suspicion. Ainsi, ambulances médicalisées, masques, blouses, surblouses, lunettes, gants et autres moyens ont été mis à la disposition des personnels chargés de cette opération au niveau des frontières aériennes et maritimes. «Nos équipes sont très vigilantes, nous déclare la chef de service, dès qu'un cas suspect est repéré, il est tout de suite pris en charge, pour être transféré à l'hôpital de référence [CHU Ibn Rochd] au service infectieux du professeur Laouar, un couloir sécurisé y a été aménagé pour éviter tout contact avec les autres patients et des box d'isolement sont prêts à accueillir les cas supposés atteints du virus A (H1N1). Pour les cas non repérés, c'est-à-dire ceux en période d'incubation et donc indécelables au départ, nous comptons sur les citoyens qui doivent eux-mêmes se présenter pour éviter la propagation de cette maladie ; nous avons mené des campagnes de sensibilisation dans ce sens et nous pensons que les citoyens sont conscients du problème.» Au port de Annaba, c'est le branle-bas de combat, les équipes médicales opérationnelles, dirigées par le Dr Becheker Larbi, médecin de la santé maritime, sont sur le qui-vive, inspectent et contrôlent tous les bateaux qui arrivent. «Selon le règlement sanitaire international [RSI], la première autorité à monter à bord d'un bateau arrivé dans un port est l'autorité sanitaire, “Quarantine Officer”, nous informe le Dr Becheker. «Nos équipes montent sur les bateaux pour inspecter l'état des lieux, l'état de santé des marins et leurs conditions de vie à bord. Nous sommes équipés de thermomètres frontaux et auriculaires, de lunettes spéciales et de masques FPP2 et nous procédons à un premier contrôle de visu, tout cas suspect est immédiatement isolé, pris en charge par une ambulance sécurisée et évacué sur l'unité de référence par un couloir spécifique en respectant toutes les mesures prises par le ministère de la santé pour éviter toute contamination.» Dans le langage maritime, le pavillon jaune hissé par un navire à l'approche d'un port signifie qu'il n'y a pas de malade à bord et qu'il demande l'admission à la libre pratique, le pavillon rouge indique, lui, que le bateau transporte des produits dangereux. La «Maritime Declaration of Health (déclaration maritime de santé) remplie par le commandant de bord doit signaler les cas de maladies émergentes à portée internationale telles que le SRAS, la grippe porcine, aviaire ou la fièvre de la vallée du Rift. La liste de l'équipage, la nationalité de chaque membre, les dates et lieux d'embarcation, la liste des derniers ports ainsi que celle des passagers, des clandestins, des plantes, des animaux et des narcotiques à bord doit être communiquée. Selon une circulaire du ministère de la Santé transmise à tous les ports, aéroports et postes frontaliers, les équipes médicales de contrôle doivent être très vigilantes, particulièrement pour les pays où la transmission interhumaine du virus est avérée. Ainsi, les ressortissants de pays comme l'Argentine, l'Australie, le Canada, le Costa Rica, le Honduras, le Japon, le Mexique, le Panama, le Pérou, les Philippines et la République dominicaine seront contrôlés de près. Jusqu'à hier, 6 bateaux, en rade au port de Annaba, attendent un poste spécifique pour pouvoir y accoster ; la situation, selon le médecin maritime, est bien prise en charge et les équipes travaillent normalement. Pour les car-ferries qui entrent au port d'Annaba, un dispositif similaire est mis en place, les contrôles se font de visu -il n' y a pas encore de caméras thermiques- et toutes les mesures d'hygiène sont prises. Les cas suspects sont pris en charge comme pour les autres bateaux et la même procédure est suivie. Durant ce mois de juillet, on s'attend à un flux important de passagers, principalement des émigrés qui retournent au pays, et un dispositif spécial a été prévu pour faciliter leur arrivée, sans toutefois négliger le contrôle sanitaire. Ce sera un filtrage et un contrôle sévère de façon à repérer toute personne présentant les symptômes de la grippe porcine, qui, le cas échéant, sera prise en charge immédiatement pour être transférée d'urgence vers l'unité de référence où elle sera complètement isolée jusqu'à ce que les analyses révèlent son état de santé. De cette façon, il n'y aura pas de contamination d'autres personnes si les résultats des analyses de l'Institut Pasteur se révèlent positives. Selon nos informations, un stock important de Tamiflu est disponible au niveau de la DSP pour traiter toutes les personnes qui seraient affectées par la maladie et une autre quantité de ce médicament est entreposée au niveau de la pharmacie centrale des hôpitaux à El Bouni. Le tableau d'affichage se trouvant dans le couloir du service de santé maritime du port Annaba annonce, que, durant les mois de juillet, août et septembre, 14 car-ferries sont attendus avec 1 100 à 1 300 passagers à bord de chaque bateau. Cela sera certainement très difficile à contrôler et nécessitera un renforcement des équipes médicales.