Le dossier de la spéculation sur le marché pétrolier revient sur le tapis. Après avoir été longuement abordé lors du sommet tenu à Djeddah entre producteurs et consommateurs de pétrole, la question a encore alimenté hier les débats à l'occasion du congrès mondial du pétrole qui se tient à Madrid. Mais cette fois, le phénomène n'est pas mis à l'index. Contrairement à l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) qui lie l'envolée à la bulle spéculative, les présidents de plusieurs groupes pétroliers, réunis à Madrid estiment que la spéculation n'est pas la principale cause de la flambée du baril. Ils se sont ainsi alignés sur les pays consommateurs. «Je ne pense pas que nous puissions accuser les spéculateurs», a déclaré le président de l'anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, Jeroen Van der Veer. Pour ce dernier, la flambée des prix a plutôt des racines «psychologiques» liées à «des anticipations de tensions entre l'offre et la demande dans le futur». Mais «il n'y a pas actuellement de pénurie», a-t-il insisté. Pour sa part, le président du britannique British Petrolium (BP), Tony Hayward, a qualifié de «mythe» la responsabilité des spéculateurs. «L'augmentation des prix n'est pas liée à une bulle spéculative», a déclaré Tony Hayward. Le président du groupe hispano-argentin Repsol YPF, Antoni Brufau, a abondé dans leur sens, affirmant que «les marchés financiers recherchent avant tout des opportunités». Pour les présidents de ces compagnies pétrolières, toutes domiciliées, à titre indicatif, dans des pays consommateurs, l'envolée s'explique avant tout par l'essor sans précédent de la demande, notamment chez les géants émergents, la Chine et l'Inde. Les patrons de ces compagnies ont par ailleurs démenti l'idée que la hausse des prix aurait des causes géologiques liées à l'épuisement de la ressource. Ils ont toutefois reconnu la fin de l'époque du pétrole à bon prix. «La période du pétrole facile est terminé», ont-ils estimé. «Les problèmes se situent au-dessus du sol, pas en dessous», a soutenu le premier responsable de BP. «Le monde a 40 ans de réserves prouvées de pétrole, 60 de gaz naturel et 130 de charbon», a-t-il déclaré à ce sujet. De manière sommaire, face à cette situation d'envolée spectaculaire du prix du pétrole avançant vers le seuil des 145 dollars (143,67 dollars à New York et 143,91 dollars à Londres), les représentants des groupes pétroliers présents à Madrid proposent d'opter pour des investissements massifs. Il en est de même pour l'allègement de la pression fiscale sur les revenus pétroliers pour leur permettre d'engager ces dépenses. «Une fiscalité élevée signifie moins d'argent à investir dans de nouvelles productions», a déclaré dans ce contexte le patron de BP. S. I.