«C'est un problème d'offre et de demande, ce n'est pas la spéculation», a déclaré le président de British Petroleum. Tony Hayward, le patron de la compagnie pétrolière britannique BP, n'y a pas été avec le dos de la cuillère concernant l'envolée des prix de l'or noir. Lors de son intervention au premier jour des travaux du 19e Congrès mondial du pétrole qui se tient depuis le 29 juin à Madrid en Espagne, il a tout simplement qualifié de «mythe» les accusations portées contre les spéculateurs. Il les met ainsi hors de cause dans les hausses successives et historiques du prix du baril de pétrole. Il se met ainsi au diapason des pays consommateurs et surtout des Etats-Unis d'Amérique qui ne cessent de crier à qui veut les entendre que l'envolée spectaculaire des prix du pétrole est une question d'offre et de demande. Les marchés pétroliers ne seraient pas assez approvisionnés, selon eux. Le baril de pétrole qui lui est allergique à ce type de déclaration, n'a pas tardé à réagir. Il avait sans aucun doute une sensible oreille branchée sur les échos savamment distillés qui parvenaient de la capitale espagnole. Le baril de pétrole avance triomphalement vers la barre des 145 dollars. Selon les premières réactions, cela s'expliquerait par l'écroulement persistant du dollar. Le billet vert est retombé hier à plus de 1,58 dollar pour un euro. Ce qui rend le marché pétrolier très attractif pour les spéculateurs. Ils investissent dans les matières premières vendues en devise américaine afin de se prémunir contre l'inflation. Cette thèse, sans doute la plus plausible, soutenue par d'éminents analystes et qu'a fait sienne le ministre algérien de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, n'est pas du goût du président du groupe anglo-néerlandais, Royal Dutch Shell. «Je ne pense pas que nous puissions accuser les spéculateurs», a estimé Jeroen Van Der Veer appuyant ainsi «la thèse» défendue par le président de BP. Pendant ce temps-là, les cours du prix du pétrole continuaient de caracoler vers le seuil historique des 145 dollars. Encore un. A New York, le baril de «Light Sweet Crude» s'échangeait pour la première fois de son histoire contre 143,67 dollars. Tandis que le baril de Brent de la mer du Nord cotait 143,91 dollars à Londres. En toute apparence, les prévisions du président en exercice de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sont en train de se réaliser. Chakib Khelil a prévu un baril entre 150 et 170 dollars d'ici la fin de l'année en cours. Les vieux démons ont, selon toute vraisemblance ressurgi et «éclaboussé» le 19e Congrès mondial du pétrole. Le «syndrome de Djeddah» a frappé: la spéculation qui n'était pas au menu des travaux du Sommet madrilène du pétrole s'est malgré tout invitée. Un thème qui a failli envenimer la rencontre de Djeddah qui s'est tenue le 22 juin. Les producteurs et les consommateurs s'étaient séparés sans prendre de décision spectaculaire. Les prix du baril de l'or noir avaient repris leur marche en avant. La rencontre de Madrid n'a vraisemblablement servi que de répétition à celle de Djeddah.