Le baril de pétrole a franchi la barre des 142 dollars malgré l'annonce des Saoudiens d'augmenter leur production. Quel effet produira le Sommet de Madrid? La capitale espagnole accueillera dès demain le 19e Congrès mondial du pétrole. Il s'étalera sur cinq jours, du 29 juin au 3 juillet. 3000 délégués y prendront part. Parmi eux, une trentaine de ministres dont l'Algérie. Y sont aussi conviés les dirigeants des grandes compagnies et institutions pétrolières. Le but de cette rencontre: débattre de l'avenir du secteur pétrolier dans le monde. Les Olympiades du secteur du pétrole et du gaz, autre dénomination du Congrès, seront inaugurées dimanche pour ouvrir la voie aux travaux qui débuteront le lendemain sous le slogan «Un monde en transition: fournir l'énergie pour une croissance durable». Le Congrès mondial du pétrole a été qualifié de «Forum de rencontre et de dialogue» par Jorge Segrelles, président du comité organisateur lors d'une conférence de presse. «Actuellement, nous assistons à des changements dans le monde énergétique et les entreprises doivent faire face au défi qui consiste à garantir l'approvisionnement énergétique dans un cadre durable de plus en plus demandé par les entreprise modernes», a-t-il ajouté en substance. Une démographie en pleine expansion, la mondialisation ainsi que l'intensité énergétique ont contribué à «accroître de manière spectaculaire l'utilisation de l'énergie» ont observé les organisateurs. «La demande en pétrole et en gaz ne pourra être satisfaite que si des sources non conventionnelles sont ajoutées aux plus traditionnelles», ont estimé ces derniers. Ce Sommet, qui succède à celui de Djeddah, se tiendra sous le signe d'un marché pétrolier en pleine effervescence. Hier, les prix du baril de pétrole ont franchi, pour la première fois de leur histoire, le seuil des 142 dollars. Ils ont atteint 142,26 dollars à New York et 142,13 dollars à Londres. Parler de nouveau record historique ressemblerait à un doux euphémisme, tant l'or noir ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Les prix du pétrole ont pratiquement doublé en l'espace de douze mois! La dernière tentative qui devait servir à enrayer l'envolée des prix du pétrole s'est avérée vaine. Elle a même eu l'effet inverse de celui escompté. Le 22 juin 2008, lors du Sommet de Djeddah qui avait réuni pays consommateurs et pays producteurs, le roi Abdallah, en ouvrant les débats, avait annoncé que l'Arabie Saoudite devait augmenter sa production. «Au cours des derniers mois, nous avons augmenté notre production de 9 à 9,7 millions de barils par jour et nous sommes prêts à répondre à toute demande supplémentaire», avait déclaré le souverain wahhabite devant les représentants de 36 pays consommateurs et producteurs, 22 compagnies pétrolières et 7 organisations internationales. Son ministre du Pétrole renchérit et affirme que l'Arabie Saoudite pourrait élever à 15 millions de barils par jour sa production. Le marché est tenu en haleine. Le baril de pétrole encaisse et sort de sa légère torpeur. Il s'envole désormais vers de nouveaux sommets de manière irrésistible. Le dollar flanche à nouveau devant l'euro. Le billet vert est passé jeudi de 1,55 à plus de 1,57 dollar pour un euro. Il paie la décision de la FED, la banque centrale américaine de laisser inchangé son taux d'intérêt principal à 2%. Les spéculateurs se frottent les mains. Ils achètent massivement les matières premières vendues en dollars. Ils se protègent contre l'inflation. Autres signes qui soutiennent les prix à la hausse. Les tensions géopolitiques et les inquiétudes qui pèsent sur l'épuisement de la ressource. Jeudi, dans un entretien à la télévision France 24, le ministre algérien de l'Energie et des Mines avait déclaré que le prix du baril de l'or noir pourrait atteindre 150 à 170 dollars «durant cet été». La fin de l'année 2008 risque d'être caniculaire. La capitale espagnole n'est pas à l'abri du «syndrome de Djeddah».