De notre envoyé spécial à Charm El Cheikh Youcef Salami Le 15e Sommet du mouvement des non-alignés (MPNA) s'est terminée jeudi 16 juillet, à Charm El Cheikh, sur la mer Rouge. Il a traité d'un ensemble de questions d'ordre régional et international, dont la crise financière mondiale et ses effets sur les pays en voie de développement. Les leaders du mouvement estiment que les recommandations qu'ils ont faites, à l'issue de leur réunion au sommet, vont contribuer à l'avènement d'un système économique mondial «plus juste». Outre la crise financière, le sommet de Charm El Cheikh a abordé d'autres sujets tels que le changement climatique, le processus de paix au Proche-Orient, la sécurité alimentaire, l'énergie et les questions nucléaires. Dans son intervention devant ce sommet, le président cubain, Raul Castro, a déclaré que le MPNA était persuadé que l'ensemble des pays du globe doivent rechercher des mesures «efficaces et justifiées» pour surmonter la crise financière actuelle. Dans son discours, le chef de l'Etat cubain s'en est pris aux Etats-Unis et s'est insurgé contre l'embargo imposé à son pays par les Américains. «La crise actuelle émane des pays riches du fait de leurs déséquilibres et de la partialité du système économique international. Nous demandons la refonte du système financier international basée sur la participation réelle des nations en développement», a-t-il dit. Même propos ou presque de Hosni Moubarak, tenus à cette occasion. Le chef de l'Etat égyptien a en effet appelé à la construction d'un nouveau système politique, économique et commercial international «plus équilibré et plus équitable». Dans le même registre, le ministre biélorusse des Affaires étrangères, Sergueï Martinov, dont de large extraits de son discours prononcé à l'occasion de ce sommet ont été repris par des agences de presse et de la presse européenne, de manière générale, a appelé le mouvement à établir une «nouvelle stratégie plus pragmatique» en accord avec la situation mondiale changeante d'aujourd'hui et à concerter ses efforts pour venir à bout des crises mondiales, notamment de la crise financière. Martinov a expliqué pendant son discours prononcé au nom du président biélorusse qu'il est convaincu que les dirigeants du MPNA procèderont à partir des principes d'«impartialité», d'«objectivité» et «d'ouverture» tout en formulant une stratégie pour les années à venir. Il a noté que les trois prochaines années pourraient être «vitales» pour la détermination de la «place» et du «rôle futur» du mouvement des non-alignés dans la communauté internationale. Et d'appeler le sommet à donner une «réponse claire» sur la manière d'utiliser plus efficacement le potentiel du MPNA et de mobiliser toutes les ressources et tous les acteurs, y compris ceux qui ne font pas partie du mouvement, afin de «stabiliser la situation internationale» et dépasser la crise mondiale. Il a souligné que, bien que le monde ait changé ces dernières années, les valeurs posées par les fondateurs du MPNA sur la base du mouvement dans les années 1950 et 1960 sont toujours «d'actualité». La promotion des positions et des approches du MPNA pour trouver des solutions aux problèmes modernes, «y compris sur le continent européen» restera un élément central de la politique étrangère biélorusse et ne sera pas sujette aux changements de situation, a-t-il dit. La délégation biélorusse présente à Charm El Cheikh, a proposé d'améliorer l'efficacité du MPNA et de renforcer son rôle en optimisant sa structure et en présentant la position du mouvement aux principaux forums internationaux et a appelé le MPNA à faire plus attention aux nouveaux problèmes de relation internationale. La partie biélorusse a joué un rôle actif pour atteindre un consensus sur des dossiers très disputés. La Biélorussie a reçu le statut d'observateur en septembre 1997 et est devenue membre à part entière au 12e sommet du MNA à Durban, Afrique du Sud, en septembre 1998. C'est le seul membre européen du mouvement. Dans son discours, à l'occasion de ce 15e Sommet des non-alignés, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a estimé, pour sa part, que le constat unanime qui s'impose aujourd'hui est que la réponse à la gravité de cette crise «ne saurait se satisfaire de réformes conjoncturelles». Ce dont il est question maintenant, et cette crise l'a révélé au grand jour, ce sont des «changements substantiels» porteurs d'une «véritable» logique de développement «en phase» avec les incontournables réalités économiques, a expliqué le chef de l'Etat. Et, d'ajouter que ce dont il s'agit également, c'est «une rupture» avec les approches «partielles» et «superficielles» suivies jusque-là […] Pour le président de la République, la marginalisation qui touche nos pays et leur exclusion des sphères où sont prises les décisions qui commandent la conduite de la politique économique mondiale «ne peuvent raisonnablement continuer». Le mouvement des non-alignés reste, quoi qu'on en dise, une force de propositions. Certains de ses pays membres participent, dans le cadre du G20, à l'élaboration d'un schéma de sortie de crise. Des solutions palliatives proposées à ce jour pour juguler la crise financière en question ont cependant montré leurs limites. Ce sur quoi pays riches et pays pauvres sont d'accord, c'est que la responsabilité est collective, dans cette crise. Le Congrès américain qui a voté, non sans divergences, le plan de sortie de crise formulé par l'équipe Obama, a averti, il y a quelques jours, que ce plan risque de créer plus de problèmes qu'il n'en envisage de résoudre. Il faut dire que depuis deux ans les prévisions même les plus pessimistes sont largement dépassées par la réalité des faits et on peut imaginer en tenant compte des derniers indicateurs, qui constituent un véritable scénario de descente aux enfers, que la baisse va se poursuivre de façon exponentielle. Les solutions on les connaît, elles sont simples à développer et à mettre en place : chercher l'argent où il est, être solidaire entre riches et pauvres. Pendant ce temps, la crie s'amplifie, certains parlent de crise systémique et de fin du monde libéral. Aussi, il faut inciter les grands du monde à être plus réalistes et efficaces dans leurs actions.