De notre envoyé spécial à Charm El Cheikh Youcef Salami Le 15ème sommet du Mouvement des pays non alignés, MPNA, s'ouvrira aujourd'hui à Charm El Cheikh, sur la mer Rouge, en Egypte. Environ soixante chefs d'Etat et de gouvernement, dont le président de la République, M. Bouteflika, y assisteront. Charm El Cheikh sera ainsi la capitale des non-alignés, l'espace de deux jours de travaux en plénière, de débat général sur un ensemble de questions d'ordre régional et international. La station balnéaire, prise d'assaut, traditionnellement en cette période estivale, par des touristes venus, en majorité, d'Europe, «s'est faite belle», pour accueillir les leaders des non-alignés : gazons réajustés à la tondeuse, trottoirs passés au pinceau, drapeaux flottant somptueusement au-dessus du palais des Congrès où se tiendra le sommet en question. La ville est par ailleurs quadrillée par un impressionnant dispositif sécuritaire. La réunion au sommet de Charm El Cheikh a, en fait, commencé hier par les travaux de la réunion préparatoire à laquelle ont pris part les ministres des Affaires étrangères des pays des non alignés. Le ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a fait une longue intervention au cours de cette réunion, exprimant le point de vue de l'Algérie concernant un certain nombre de questions telles que le financement du terrorisme. Son homologue cubain a également pris la parole à cette occasion. C'est Cuba qui préside actuellement le mouvement des non-alignés. Raul Castro s'est rendu en Algérie, dimanche dernier, en visite officielle. Le ministre cubain des Affaires étrangères, Eduardo Barilla, a réaffirmé lors de cette réunion l'importance d'accorder aux pays membres du Mouvement des non-alignés le «droit d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques». Il a aussi appelé à «l'élimination des armes de destruction massive, à l'amélioration de la situation sanitaire dans le monde, à la préservation de la diversité culturelle et à la consolidation des droits de l'Homme». Un projet de déclaration relatif à la levée du blocus imposé à Cuba figure parmi les points inscrits à l'ordre du jour de ce 15ème sommet. Les Etats membres du Mouvement des pays non alignés devraient appeler le gouvernement américain à «mettre un terme à son embargo sur Cuba qui cause des préjudices économiques au peuple cubain», lit-on dans un communiqué publié le lundi 13 juillet par le secrétariat du sommet du MPNA. La déclaration a indiqué que l'embargo économique, commercial et financier sur Cuba, qui va à l'encontre de la Charte onusienne et du droit international, cause de «lourdes souffrances humaines, des pertes matérielles et des dommages économiques ayant un impact négatif sur le bien-être de la population cubaine». Le MPNA, y est-il ajouté, exhorte le gouvernement américain à se conformer rapidement à «toutes les résolutions des Nations unies sur la levée de l'embargo économique, commercial et financier imposé sur Cuba». Cette île des Caraïbes subit profondément les effets des politiques et actions américaines, du fait qu'elle est sous le coup d'un embargo économique, commercial et financier imposé par les Etats-Unis au cours des cinq dernières décennies. Au menu également, l'élaboration du projet de déclaration de Charm El Cheikh se rapportant à la proclamation du 18 juillet, Journée mondiale Nelson Mandela, en hommage à l'ex-président de l'Afrique du Sud, ainsi qu'au dossier palestinien. Sur ce dernier point, un document officiel a été soumis hier à l'appréciation des ministres des Affaires étrangères des pays non alignés. Il s'agit en fait d'un projet de déclaration détaillé, élaboré en des termes clairs sur la Palestine. Il est attendu qu'il soit adopté par le sommet de Charm El Cheikh. Les ministres des Affaires étrangères, membres de la commission ministérielle du Mouvement des non-alignés, se sont réunis hier pour en discuter. La rencontre a regroupé également des membres de la commission de la Palestine et des Etats non alignés, membres du Conseil de sécurité de l'ONU. Abdelkader Messahel devait intervenir hier sur cette question. Il est souligné dans ce document que des efforts étaient requis d'urgence pour faire avancer le processus de paix fondé sur les résolutions «242, 338, 425, 1515 et 1580 du Conseil de sécurité, sur le mandat de Madrid et sur le principe “terre contre paix”, en vue de parvenir à un règlement pacifique global, juste et durable et de permettre au peuple palestinien d'exerce son doit inaliénable à l'autodétermination au sein d'un Etat de Palestine indépendant et souverain ayant Jérusalem-Est comme capitale». Il y est mentionné que les chefs d'Etat et de gouvernement ont «réaffirmé leur adhésion aux positions de principe adoptées dans ce sens, y compris les déclarations sur la Palestine approuvées par le comité sur la Palestine en septembre 2006 à la quatorzième conférence au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement tenue à La Havane…». Il est par ailleurs noté dans ce document que les chefs d'Etat et de gouvernement ont exprimé la «nécessité de soutenir la justice et le droit international et ont appelé la communauté internationale, dont le Conseil de sécurité, à faire en sorte que des enquêtes approfondies soient menées au sujet de l'ensemble des crimes et violations commis par Israël, la puissance occupante dans la bande de Ghaza et que de sérieuses actions de suivi soient entreprises pour rendre l'auteur responsable de ses crimes, pour faire cesser l'impunité dont il jouit et son mépris du droit». De même qu'ils ont réitéré leur «ferme condamnation de la poursuite israélienne de la campagne illégale de colonisation dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et l'escalade de violence et de terreur contre la population civile palestinienne». Les chefs d'Etat et de gouvernements ont, à cet égard, exprimé leur «vive préoccupation en raison de la multiplication des activités illégales de colonisation qui comprennent la confiscation de vastes étendues de terre, la construction et l'expansion de colonies de peuplement, des établissements en avant-poste et des infrastructures, le transfert de plus de colons israéliens, la construction du mur, les démolition des logements, les excavations et les restrictions arbitraires et racistes à la résidence et au droit de déplacement de la population civile palestinienne par un régime civil…». Ce 15ème sommet, sur le thème «solidarité internationale pour la paix et le développement», adoptera deux principaux documents : le document final, qui exprimera la position commune du Mouvement des non-alignés sur certaines questions internationales ou régionales comme celles liées au Proche-Orient ou à la crise financière internationale, et la déclaration de Charm El Cheikh, qui se concentrera, elle, sur le développement du mouvement. Le 15e Sommet des non-alignés est présenté comme un événement majeur. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, y sera présent. Le Mouvement des non-alignés a été fondé en 1955. Il compte 118 Etats membres, représentant 56% de la population mondiale. La première conférence réunissant des Etats issus de la décololisation s'était déroulée à Bandung, sur l'île de Java, le 24 avril 1955. De cette conférence naîtra concrètement le Mouvement du non-alignement qui assure l'autonomie et la neutralité des pays du tiers-monde vis-à-vis de l'ex-URSS et des Etats-Unis. Le mouvement a été officiellement créé en septembre 1961. Il représente environ deux tiers des membres des Nations unies, particulièrement les pays en développement. A l'occasion du sommet de Charm El Cheikh, l'Egypte prendra la présidence du mouvement, succédant ainsi à Cuba.