Photo : APS De notre envoyé spécial à Charm el Cheikh Youcef Salami Dans son discours à l'occasion du 15e sommet des pays non alignés dont les travaux ont commencé hier à Charm el Cheikh, en Egypte, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, appelle à un «nouvel ordre international» qui soit au service d'un «multipartisme ouvert, transparent», s'articulant autour des principes de la Charte des Nations unies. Finalité : épargner la communauté internationale des «dérives dangereuses» dont elle a été témoin, à différentes périodes, de son histoire et pour lesquelles elle a payé et continue de payer «un fort tribut en pertes humaines et en destructions matérielles», a-t-il souligné. Le président de la République a en effet, expliqué que «seule l'action multilatérale, soutenue par une volonté politique et animée par un esprit de solidarité fondé sur un partage équitable des sacrifices et des efforts, permettront de sceller des compromis avantageux pour tous et gagner les paris cruciaux pour l'humanité, à l'instar du réchauffement climatique, du désarmement, de la non-prolifération nucléaire et de la lutte contre le fléau du terrorisme». Le chef de l'Etat poursuivra plus loin : «Je pense également au combat du mouvement des non alignés pour l'instauration d'un nouvel ordre international fondé sur le droit et la justice et qui ne peut s'accommoder du sort aussi inhumain qu'intolérable réservé au peuple palestinien.» Abdelaziz Bouteflika a salué à ce sujet le soutient «constant apporté par les non-alignés au recouvrement par le peule palestinien de ses droits nationaux inaliénables». Ce soutien, a-t-il expliqué, revêt aujourd'hui un «caractère crucial», alors que la question palestinienne traverse la période la «plus délicate» de son histoire et au moment où le monde commence à comprendre enfin qu'«il n'y aura pas de progrès» dans le processus de paix au Proche-Orient sans des «pressions fortes» et «pleinement assumées» sur Israël en vue d'amener ses dirigeants à mettre un terme définitif à sa politique d'agression, à cesser totalement sa politique de colonisation et à respecter les accords conclus pour un retour durable à la paix dans la région. «C'est, a-t-il noté, cette même quête de liberté qui fonde le refus de notre mouvement des situations de domination coloniale au d'occupation étrangère et son soutien indéfectible au droit des peuples à disposer librement de leur destin». Et d'ajouter : «L'Algérie apprécie, à sa juste valeur, la position constante des non-alignés en faveur d'un règlement juste et durable du conflit du Sahara occidental qui ouvrirait au peuple de ce territoire la voie à l'exercice du droit légitime à l'autodétermination». Le président de la République réitère la position de l'Algérie sur la question sahraouie. Fidèle à ce principe intangible, l'Algérie tient à affirmer, a-t-il mentionné, une fois de plus sa «disponibilité» à poursuivre «la pleine coopération» avec les Nations unies pour aider les deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario à aboutir à une solution «politique», «mutuellement acceptable», sur la base des résolutions du Conseil de sécurité et dans le respect du peuple du Sahara occidental à disposer librement de son destin. Et le chef de l'Etat de rappeler que l'Algérie demeure «engagée» à apporter «tout l'appui nécessaire» au secrétaire général de l'ONU et à son envoyé personnel pour qu'il s'acquittent pleinement de la mission qui leur a été confiée en vertu de la résolution 1754-2007 du Conseil de sécurité. M. Abdelaziz Bouteflika a évoqué également la réforme des Nations unies, une donnée indissociable de la démocratisation des relations internationales et à la promotion d'un système multilatéral équitable et crédible. Autre aspect important dans le discours du président de la République, la crise financière internationale. Il a souligné dans ce chapitre que le constat unanime qui s'impose aujourd'hui est que la réponse à la gravité de cette crise «ne saurait se satisfaire de réformes conjoncturelles». Ce dont il est question maintenant, et cette crise l'a révélé au grand jour, ce sont des «changements substantiels» porteurs d'une «véritable» logique de développement «en phase» avec les incontournables réalités économiques, a expliqué le chef de l'Etat, qui a ajouté que ce dont il s'agit également, c'est «une rupture» avec les approches «partielles» et «superficielles» suivies jusque-là… La marginalisation qui touche nos pays et leur exclusion des sphères où sont prises les décisions qui commandent la conduite de la politique économique mondiale ne peuvent raisonnablement continuer. Abdelaziz Bouteflika a mis également en relief, le fait que le 15e sommet des non-alignés «réaffirme» avec force les «engagements politiques» du mouvement en faveur d'une prise en charge «solidaire», «adéquate» et «concrète» des défis auxquels nous sommes individuellement ou collectivement confrontés. La réunion au sommet de Charm el Cheikh a été ouverte par un long discours aux accents critiques à l'égard des puissances occidentales, les Etats-Unis, en tête, fait par le Président cubain, Raul Castro en sa qualité de président sortant du mouvement. Le chef d'Etat cubain s'est attardé sur l'embargo imposé par Washington à son pays le qualifiant «d'injuste». Il a par ailleurs noté que l'on doit trouver, avec les efforts de tous les pays, des «solutions durables» à la crise financière qui, selon lui, affecte «plus les pays pauvres que les pays développés». Il dira à ce propos, alors que les budgets de l'armée dans beaucoup de pays développés ne cessent d'augmenter, «mille millions de pauvres» sont enregistrés dans le monde. Raul Castro a appelé à un «nouvel ordre financier mondial». Un Conseil de sécurité et de paix pour les non-alignés Au sujet de l'évolution des pays non alignés, il a relevé que le mouvement «gagne en devenir», que la loi internationale est «un outil pour le faire avancer», recommandant que l'organisation doit être «présente dans tous les forums internationaux». Et, qu'il continue à «défendre les intérêts» de ses membres dans les instances internationales. Raul Castro a déclaré également qu'il faut préserver la paix dans le monde, que le MPNA «n'aura accompli sa mission que lorsque la Palestine, ainsi que tous les pays vivant sous occupation, auront recouvré leur souveraineté». Le président sortant du MPNA a en outre évoqué la nécessaire réforme des Nations unies. Cuba préside le mouvement des non-alignés depuis 2006, date à laquelle s'est tenue le 14e sommet de l'organisation. Depuis hier, le mouvement est sous présidence égyptienne pour trois ans. Lors de sa prise de parole, Hosni Moubarak a dressé un constat du mouvement, un tableau de la situation dans laquelle ont évolué les non-alignés sur six décades. Il a également mis en relief les défis qui attendent l'organisation. Le président égyptien a estimé que le thématique -«solidarité pour une paix et un développement international» -choisie pour ce 15e sommet «sied» au contexte d'aujourd'hui. Et, selon lui, la paix et le développement, il faut aller les chercher dans «l'union», dans la «solidarité». Hosni Moubarak a appelé à un nouvel ordre mondial, «juste et équitable». Et d'ajouter que dans notre mouvement, on veut un «développement et une meilleure vie» pour nos peuples, assurant que l'Egypte reste «fidèle à sa ligne de conduite» et qu'elle continue à «œuvrer à promouvoir» l'organisation dont elle est membre et à en «défendre les intérêts». Il a affirmé que ce 15e sommet est une belle occasion pour «redynamiser» le MPNA. Lors de son intervention devant ce sommet, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, s'exprimant en arabe dialectal, s'est élevé contre le Conseil de sécurité, contre son mode de fonctionnement. Sans ambages, le leader libyen a déclaré que le Conseil de sécurité des Nations unies, «ne nous représente pas» et qu'il est «monopolisé» par les pays qui en sont membres permanents. Pourtant, a-t-il expliqué, les non-alignés «sont majoritaires» aux Nations unies. C'est pourquoi, il formule que le mouvement des non-alignés doit se doter d'un conseil de «sécurité et de paix» chargé de résoudre les «conflits» entre pays membres du mouvement. Cette proposition soumise à l'appréciation des ministres des Affaires étrangères des Etats non alignés, en réunion préparatoire, mardi 14 juillet, n'a cependant pas été retenue. Les diplomates des non-alignés ont, toutefois, souhaité que la proposition dont il est question, soit «davantage étudiée». Le leader libyen ne semble pas avoir abandonné la partie, ayant insisté au cours de son intervention d'hier sur le fait que les pays non alignés doivent avoir leur propre conseil de sécurité. «Je souhaite que l'on parle d'une seule voix au sein de mouvement», a-t-il dit. Pour un Conseil de sécurité de l'ONU plus représentatif, plus équilibré, Mouammar El Kadhafi propose que l'Afrique et l'Amérique s'y fassent représenter par des pays à titre permanent. Il a en outre recommandé que «cessent d'exister les bases militaires qu'abritent des pays membres de l'Organisation des pays non alignés, que les anciennes puissances coloniales indemnisent les pays colonisés». Le leader libyen a appelé à un «nouvel ordre économique». Le mouvement des non alignés a été fondé en 1955 par Nasser, Tito, Soekarno et Nehru, en pleine guerre froide. Depuis, le monde s'est métamorphosé, son mode de fonctionnement, aussi bien politique qu'économique, a profondément changé. Est-ce pour autant que le mouvement doit être remis en cause ? L'essence du mouvement était que les non-alignés s'opposent aux grandes puissances. Cette équidistance vis-à-vis de Washington et Moscou, le mouvement arrive-t-il à la maintenir au fil des années ? Cependant, la réalité est que le MPNA avait, et il en a encore, des adhérents qui étaient complètement dans le giron de l'un ou l'autre bloc. Des pays membres du mouvement sont franchement alignés sur les positions prônées et voulues par les meneurs du monde. Le mouvement est devenu une organisation hétéroclite qui ne sert pas réellement les intérêts de ses membres. Et les principes et les fondements sur lesquels il a été édifié ont été piétinés par bien des membres. Aujourd'hui, l'organisation est à la recherche d'un nouveau souffle, d'une nouvelle dynamique, essayant de participer à la marche du monde. C'est un des points essentiels sur lequel ont insisté les leaders du MPNA, hier, premier jour du sommet,