à l'occasion de l'été 2009, les éditions Alpha ont lancé, dans le cadre de la campagne «c'est l'été, lisez !», une nouvelle collection de livres de poche intitulée Sitelle. Les deux premiers ouvrages édités dans ce cadre sont A l'ombre de tes yeux, d'Adila Katia et Comme un boomerang, de Mahmoud Aroua, à des prix situés entre 120 et 150 dinars. Sitelle est le nom d'un petit oiseau d'une espèce très rare découvert en 1815 et qui vit en Kabylie. Il n'existe nulle part ailleurs dans le monde et il n'en subsiste aujourd'hui que quelques couples. Le responsable des éditions Alpha, Lazhari Labtar, avait expliqué le choix du nom de la collection : «C'est une métaphore, car les livres de cette nouvelle collection sont comme cet oiseau, typiquement algériens, légers et voyageurs.» 10 à 50% de réduction sur tous les ouvrages Pour rappel, à l'occasion de la nouvelle saison estivale, les éditions Alpha ont lancé, pour la seconde année consécutive, une campagne promotionnelle sous le slogan «C'est l'été, lisez !» qui se poursuivra jusqu'au 21 septembre prochain. Cette promotion consiste en des réductions variant entre 10 et 50% sur tous les ouvrages édités par Alpha. Lors du lancement de cette campagne, le 21 juin dernier, Lazhari Labtar avait mis en exergue les objectifs de cette campagne en expliquant qu'«à travers cette promotion on vise trois objectifs essentiels. Premièrement, faire de l'été une saison propice à la lecture, deuxièmement, mettre le livre à la portée de tous et, troisièmement, encourager la lecture pour faire du livre un outil efficace pour l'accès à la culture». Afin d'assurer le plus grand succès à cette initiative, des dépliants sous forme d'affiches comportant les détails de ces réductions ont été distribués à près de 150 libraires au niveau national qui font partie du réseau de distribution de la maison d'édition. Lazhari Labtar avait souligné l'importance de la coordination avec les libraires car, «sans leur appui, cette campagne serait un échec». Il a tenu à expliquer que, l'année dernière, lors de la première édition, certains libraires n'ont pas joué le jeu car ils pensaient que les réductions consenties rognaient également leurs marges bénéficiaires. A ce sujet, il avait précisé que la réduction des ouvrages est entièrement prise en charge par les éditions Alpha, les libraires garderont leurs marges. A travers cette campagne, la maison d'édition algérienne tente de franchir l'obstacle des prix du livre en le rendant accessible à toutes les bourses afin d'inciter les lecteurs potentiels à découvrir des nouveaux ouvrages, de toutes catégories, qu'ils pourront feuilleter au bord de la mer «tout en bronzant intelligemment». Par ailleurs, les deux ouvrages de la collection Sitelle sont agréables à lire, faciles à transporter grâce à leur format de poche qui permet une lecture en tout endroit ; au bord de la mer, à la montagne et même dans un bus si l'on n'a pas la chance de partir en congé. A l'ombre de tes yeux dénonce le harcèlement au travail Dans le premier né de cette série, A l'ombre de tes yeux, signé Adila Katia, le lecteur est plongé au cœur de la spirale que vit l'héroïne, Besma, à cause du harcèlement moral et physique au travail qu'elle subit de la part de son supérieur. Adila Katia, collaboratrice au quotidien algérien Liberté, anime depuis 1995, une série de nouvelles qui portent sur les relations humaines. Elle a publié en 2002 son premier ouvrage intitulé Le Vieil homme et la belle. Dans ce premier titre de la collection Sitelle, elle aborde la longue descente en enfer d'un employé modèle qui sera traumatisé à jamais par les ignominies de son supérieur hiérarchique. Le roman débute par le quotidien harmonieux d'une jeune femme qui vient d'obtenir son bac, laquelle, après avoir terminé ses études, réussira à décrocher un emploi intéressant. Dans la pizzeria où elle déjeune, elle rencontre Idir avec lequel elle noue une chaste idylle. Mais ce cadre rêvé est vite brisé lorsqu'elle reçoit une promotion et qu'elle se trouve sous les ordres d'un nouveau responsable, Salim. Heureuse au début de la prise de ses nouvelles fonctions, elle va vite déchanter suite au harcèlement qu'elle subit. Le premier geste inopportun est celui de la main de Salim, qui se pose sur l'épaule de Besma, un geste qui aurait pu paraître amical s'il n'était pas accompagné d'un regard sournois. Lorsque Besma le remet à sa place, Salim, sous le couvert de son autorité, va se permettre de plus en plus de gestes déplacés, ponctués de paroles humiliantes. Plus Besma lui tient tête, plus il se permet des remarques blessantes et va même jusqu'à lui demander de changer de coiffure, de vêtements. Sous prétexte d'une plus grande efficacité au travail, il change de bureau et s'installe dans celui, exigu, de la jeune femme. Poussée à bout, elle tente d'aller consulter une amie avocate mais elle n'aura pas le courage de franchir le pas du dépôt de plainte. Besma se résigne à vivre un quotidien douloureux marqué par les colères de Samir, parce qu'elle ne cède pas à ses avances, et des nuits marquées par les cauchemars. Les effets se font rapidement ressentir au sein de sa famille et sur sa relation amoureuse avec Idir, qui la soutient, même s'il ne connaît pas la véritable raison de son désarroi. Un jour, Besma découvre des malversions de comptes et de détournement de la part de son responsable. Elle envoie des rapports à la direction générale mais qui restent sans écho. Les choses vont de mal en pis jusqu'au jour où son responsable franchit le point de non-retour. Grâce au soutien de sa famille, Besma démissionne et retrouve rapidement un travail. Quelques mois après, elle convolera en justes noces avec Idir. Salim finira par être renvoyé de l'entreprise où il travaille. Mais cela ne fera que redoubler sa hargne envers la jeune femme, qu'il harcèle et menace de vengeance au téléphone. Au final, il portera plainte contre elle pour vol de bien public. Il réussira à la traîner en justice rien que pour empoisonner sa vie. A cause du procès, malgré la venue au monde d'un petit garçon, Besma reste angoissée. A l'idée d'être emprisonnée, elle se bourre de tranquillisants. Tel un message à toutes celles qui subissent cette situation, le roman se termine sur ces termes : «Besma n'a pas porté plainte pour harcèlement moral ni sexuel, trop soucieuse de la réaction des gens et du qu'en-dira-t-on. Elle reste traumatisée par cette période de sa vie. Même à l'ombre de ses yeux, il est là, omniprésent, tout la ramène à lui.» Nouvelles pétries de nostalgie et d'esthétisme Le deuxième titre de la collection Sitelle, intitulé Comme un boomerang, est un recueil de trois nouvelles de Mahmoud Aroua, médecin anesthésiste de formation, auteur de nombreux articles et conférences sur l'histoire de la médecine. Il a publié en 1998 un recueil de poèmes intitulé Fenêtre sur rêves. Dans ces nouvelles, Comme un boomerang, L'homme au balcon et J'avais dessiné sur le sable, il convie les lecteurs à partager le destin capricieux de ces personnages dans une écriture fluide pétris d'esthétisme. Dans la première nouvelle, il relate l'histoire d'un couple au destin inachevé qui se croise à nouveau après trente années de rupture. Le lecteur valse entre les événements du printemps 1975 où une idylle s'est tissée sur fond de passion des peintres impressionnistes, de balades en bord de mer et de chuchotements dans la bibliothèque des beaux-arts, et celui de février 2005, où le passé ressurgit à fleur de peau avec ces questionnement et ces remords d'un bonheur possible. Mais finalement, malgré les années, c'est toujours la même décision qui est prise mais avec cette fois le goût de l'amertume en moins. Dans L'homme au balcon, il est toujours question de destin, mais avec une fin tragique cette fois. Un rendez-vous avec la faucheuse que même une idylle naissante n'as pu enrayer. Dans la nouvelle J'avais dessiné sur le sable, en hommage à la chanson de Christophe, (célèbre chanteur français des années 1960-70, ndlr) l'auteur transporte le lecteur sur la plage de Sidi Fredj durant l'été 1965. Il s'agit aussi cette fois-ci des aléas de destin et d'amour d'adolescents qui marqueront au fer rouge toute une vie. Ainsi, Mahmoud Aroua nous invite à partager trois destins empreints de questionnements sur le sens du cheminement de chaque individu, comme le souligne l'héroïne de la première nouvelle : «Il faut prendre la vie comme elle passe et ne pas s'en inquiéter outre mesure. Avec ses hauts et ses bas, elle te prend à bras-le-corps, comme une vague déferlante, et t'emmène à destination. Le jour où tu commenceras à réfléchir sur la vie, où te poseras des questions, dans la solitude d'une nuit sans sommeil…ce jour là, le désespoir te prendra par la main, comme une enfant perdue, et te conduira dans un ailleurs inapaisé où les regrets et les remords, tels des boulets de forçat, retiennent tes rêves et t'empêchent de voler» S. A.